Classroom of the Elite Chapitre 15

Vérité et mensonges

Le jour où tout serait décidé était ici… Je voulais confirmer que Sakura venait au lycée et quand j’entrai dans la classe, je vis la même chose que d’habitude. Sakura s’était assise en silence toute seule, de manière à ne pas se faire entraîner dans les conversations des autres élèves. Son expression sembla encore plus triste que d’habitude. Malgré tout, elle était venue en cours.

Ayanokôji — Ça va ?

Sakura — Ah, oui. Je vais bien.

Je me demandais si elle était nerveuse. Elle semblait détendue.

Sakura — J’ai pensé que les choses seraient plus dures si j’étais absente aujourd’hui, donc…

Elle avait compris que la classe entière serait pénalisée si elle avait été absente, elle avait donc pris la douloureuse décision de venir en cours. Je pensais qu’il serait impossible de lui dire de ne pas penser à Sudou et les autres.

Ayanokôji — N’oublie pas ce que j’ai dit hier. Témoigne pour toi !

Sakura — Oui. Ça ira.

Ike et Yamauchi regardaient en direction de Sakura avec une grande curiosité. C’était parce qu’ils connaissaient maintenant son identité. Elle sembla l’avoir deviné, car elle était assez sensible pour ressentir ce genre de choses. Mais contre toute attente, elle fit un petit sourire et prononça doucement les mots suivants:

Sakura — Tout va bien.

Elle savait que nous connaissions sa double vie. Peut-être que travailler comme mannequin l’avait rendue sensible aux subtils changements d’atmosphère dans une salle.

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Alors que la sonnerie annonçant la fin des cours retentit, Horikita et moi nous levâmes.

Horikita — T’es-tu préparé, Sudou-kun ?

Sudou — Ouais… Ça va. Je suis prêt.

Comme s’il se préparait mentalement pour ce qui allait arriver, Sudou ferma ses yeux et croisa ses bras. Puis les rouvrit lentement.

Sudou — Tu peux dire que je suis un idiot complet et te moquer de moi,  mais je suis moi-même. SI tu veux dire un truc, dis-le maintenant.

Horikita — Ne fais rien d’égoïste. Écoute seulement, compris ?

Sudou — Ugh, tu agis toujours aussi hautaine. Ok, madame !

Quand on les voit comme cela, on pourrait croire qu’ils s’entendent comme chien et chat. Mais, au final, Sudou ne déteste pas Horikita. S’il la détestait, il aurait refusé son aide, peu importe à quel point son offre était avantageuse.

Ayanokôji — Faites de votre mieux, Horikita-san, Sudou-kun.

Horikita ne répondit pas du tout, mais Sudou serra le poing pour montrer sa résolution. Je me tournai ensuite pour voir comment allait Sakura, qui était toujours assise, le corps crispé. Elle se leva, ses lèvres tremblaient légèrement.

Sakura — Oui… je vais bien. Merci…

Sakura était bien plus tendue que je ne l’aurais imaginé. Si elle était dans cet état psychologique avant même que la réunion n’ait commencé, elle risquait de ne pas être capable de parler correctement.

Ayanokôji — Allons-y. Nous allons faire mauvaise impression si nous arrivons en retard.

La réunion était prévue à 16h00. Il était déjà 15h50. Nous ne pouvions pas nous permettre de ralentir. Quand nous sommes tous les quatre arrivés devant la salle des professeurs, l’un d’entre eux nous fit signe de venir à l’intérieur.

— Yahoo! Bienvenue à vous, élèves de la classe D !

La prof principale de la classe B, Hoshinomiya, nous fit cette joyeuse salutation.

Mlle. Hoshinomiya — Quelque chose de plutôt incroyable est arrivé, hmm ?

Ses yeux brillaient comme si elle prenait plaisir à mettre son nez dans les affaires des autres (ce qu’elle faisait).

Mlle. Chabashira — Que fais-tu ,cette fois ?

Mlle. Hoshinomiya — Oh non. J’ai déjà été grillée, huh ?

Chabashira-sensei lui jeta un regard noir, tandis qu’elle essayait de s’incruster.

Mlle. Chabashira — À chaque fois que tu fouines, je commence à devenir suspicieuse.

Hoshinomiya fit un petit clin d’oeil, comme si elle disait « Téehé tu m’as eu ! »

Mlle. Hoshinomiya — J’imagine que je ne peux pas me joindre à vous ?

Mlle. Chabashira — Bien sûr que tu ne peux pas. Tu sais bien que les personnes non concernées ne sont pas autorisées à participer.

Mlle. Hoshinomiya— Aw, c’est trop dommage. Tant pis, ce n’est pas grave, le résultat devrait être rendu d’ici une heure, j’imagine.

Chabashira-sensei la poussa avec force dans la salle des professeurs.

Mlle. Chabashira — Bien, on y va ?

Moi — La réunion ne se trouve pas ici ?

Mlle. Chabashira — Bien sûr que non. Ce lycée a des règles strictes et, dans les cas comme celui-là, un accord est conclu entre le professeur de la classe en question, les parties concernées et le Conseil des élèves.

Horikita s’immobilisa à l’instant ou elle entendit les mots « Conseil des élèves ». Chabashira-sensei se tourna et lança un regard sévère en direction d’Horikita.

Mlle. Chabashira — Si tu veux t’arrêter là, c’est maintenant, Horikita.

Sudou, qui n’avait pas compris pourquoi Horikita réagissait de cette façon, semblait confus. C’était presque comme si un gigantesque point d’interrogation flottait au-dessus de sa tête. Notre professeur, comme d’habitude, avait révélé un important détail à la dernière minute.

Horikita — Je vais y aller. Je vais bien.

Horikita me lança un regard rapide, probablement pour me dire que je ne devais pas m’inquiéter. Nous quittâmes le premier étage et montâmes jusqu’au quatrième. Une pancarte où était écrit “Bureau du Conseil des élèves” était fixée au mur, près de la porte. Chabashira-sensei toqua et nous entrâmes. Même si Horikita fit la grimace, elle nous suit immédiatement. À l’intérieur, de longues tables avaient été arrangées en formation rectangulaire. Les trois élèves de la classe C étaient déjà arrivés et assis. À côté d’eux, un professeur à lunettes d’une trentaine d’années se trouvait là.

Mlle. Chabashira — Désolée pour le retard.

  1. Sakagami — Il n’est pas encore l’heure, pas besoin de s’excuser. Nous sommes nous déjà rencontré ?

Sudou, Horikita, et moi ne connaissions pas le professeur.

Mlle. Chabashira — Voici Sakagami-sensei, le professeur principal de la classe C.

Après les présentations, un élève, assis seul au fond de la pièce, avait attiré l’attention de tous.

Mlle. Chabashira — Et voici le président du Conseil.

Le grand frère de Horikita, sans même jeter un regard à sa sœur, examina les documents sur son bureau. Elle dirigea son regard vers son frère durant un court instant, mais quand elle réalisa qu’elle n’était pas son centre d’attention, elle baissa les yeux et s’assit en face des élèves de la classe C.

Horikita-senpai — Bien, maintenant, nous allons évoquer le violent incident qui a eu lieu mardi dernier, ici même, avec les membres du Conseil, les parties concernées ainsi que leurs professeurs principaux. Vous pouvez commencer la procédure d’ouverture, chère secrétaire Tachibana.

La secrétaire Tachibana, une femme avec des cheveux courts, s’inclina légèrement.

Tachibana —  En fonction de l’ampleur des contestations, le président du Conseil est apte à administrer des dossiers lui-même directement. Il y a plusieurs choses inhabituelles de reportées à propos de l’incident, d’où sa présence ici, mais sachez que je serai votre interlocutrice privilégiée.

Horikita-senpai — Étant donné que je suis assez occupé, je délègue souvent. Mais j’assisterai à ce dossier dans la mesure du possible.

Mlle. Chabashira — Si tu es là aujourd’hui, c’est donc par hasard. Je vois.

Chabashira-sensei sourit mais le grand frère de Horikita ne vacilla pas le moins du monde. À contrario, Horikita ne pouvait pas cacher ses tremblements. Même s’ils étaient du même sang, les choses n’étaient pas en notre faveur. En fait, notre situation était même très désavantageuse, puisque Horikita était intimidée. Si le président du Conseil décidait d’agir contre nous, nous étions finis. Dès son entrée en seconde, il fut en classe A et eut le poste de secrétaire du Conseil des élèves. En décembre de sa première année, il était devenu le président, après avoir reçu une quantité colossale de soutien durant l’élection. Même si des élèves plus âgés avaient naturellement fait entendre leurs mécontentements, sa présence ici montrait ses incroyables capacités.

La secrétaire Tachibana résuma en tout cas la situation de manière limpide.

Tachibana — Sur la base des faits susmentionnés, nous aimerions entendre vos versions.

Après avoir terminé ses explications et expliqué la procédure, la secrétaire Tachibana regarda dans notre direction.

Tachibana — Komiya-kun et deux autres membres du club de basket sont allés dans le bâtiment spécial, suite à un appel de Sudou-kun. Ils ont ensuite essuyé un passage à tabac. Est-ce vrai ?

Sudou — Ces types mentent ! C’est eux qui m’ont appelé. Ce jour-là, après l’entraînement, Komiya et Kondou m’ont demandé de venir et sérieux, c’était relou de venir, mais j’savais qu’ils ne me piffaient pas. Alors, je suis venu les voir pour savoir ce qu’ils voulaient.

Sudou n’était pas du genre à mâcher ses mots. Normalement, Horikita aurait été dégoûtée de sa manière de parler, mais à en juger par ses tremblements, elle l’avait ignoré. Sakagami-sensei, le professeur principal de la classe C, regardait la situation avec amusement, les yeux écarquillés.

Komiya — C’est faux ! Sudou-kun nous a demandé de venir !

Sudou — Te fous pas de moi, Komiya ! T’es celui qui m’a dit de venir, enfoiré.

Komiya — T’as pas l’air de comprendre dans quelle situation tu te trouves !

Sudou, irrité, frappa son bureau, un silence immédiat s’en suivit.

Tachibana — S’il te plaît, du calme, Sudou-kun. Actuellement, nous écoutons simplement ce que chaque parti a à dire. Komiya-kun, nous demandons à ce que tu montres également un peu de retenue, et que tu n’interviennes pas.

Komiya — Puh, d’accord…

Tachibana — Il y a donc ici un litige dès le début de l’histoire. Néanmoins, les versions des faits partagent des points communs. Il y a eu une dispute entre Sudou-kun, Komiya-kun, et Kondô-kun, c’est bien ça ?

Komiya — Je n’appellerais pas ça une dispute, mais une bagarre.

Tachibana — Détaille un peu plus.

Komiya — Sudou-kun est meilleur au basket que nous et s’en vante en permanence. On donne le meilleur de nous-même, alors on ne peut pas dire que ça nous fait plaisir quand il se moque de nous, mais c’est souvent source d’altercations entre nous.

Je ne connaissais pas vraiment le détail des activités du club de Sudou, mais quand j’ai vu les veines apparaître sur son front, il semblait plutôt évident qu’ils étaient en train de mentir. Ensuite, la secrétaire Tachibana parla à Sudou.

Sudou — Pas un mot de ce qu’a dit Komiya est vrai. Ces types sont juste jaloux de mon talent. Quand je m’entraîne, ils se mettent constamment sur mon chemin. C’est la vérité.

Naturellement, chaque parti dénonçait l’autre comme étant fautif.

Tachibana — Chaque parti a fait part de ses réclamations. Maintenant, nous devons rendre un verdict avec les informations à notre disposition.

Komiya — Sudou-kun nous a agressés sans raison, c’était à sens unique.

La classe C semblait vouloir concentrer la discussion sur leurs blessures. Les trois élèves semblaient en effet couverts de bleus et avaient le visage tuméfié.

Sudou — C’est faux. Ils m’ont attaqué en premier. C’était de la légitime défense.

Moi — Hey, Horikita.

J’essayai de l’appeler en chuchotant, mais elle resta muette et garda la tête baissée. La situation était clairement très mauvaise.

Si nous voulions nous assurer que Sudou ne s’emporte pas davantage, nous devions agir le plus vite possible, mais elle ne montrait aucune réaction comme si son esprit n’était plus là. Est-ce que la simple présence de son frère avait vraiment eu un tel impact sur elle ? Cela me rappelle la discussion qu’ils avaient eu tous les deux, derrière le dortoir. Je n’ai pas encore compris la complexité de la situation, mais je suspecte que Horikita ait suivi son si talentueux frère dans ce lycée afin de lui faire reconnaître sa valeur. Or, en dépit de ses espoirs et de ses talents, la petite sœur était encore très loin de son grand frère, l’élève de classe A et président du conseil. Elle devait s’élever au même niveau que lui.

Tachibana — Si la classe D n’a rien à ajouter, devons-nous continuer ?

SI le Conseil et les professeurs continuaient de rester assis en silence, leur verdict serait sans doute sans pitié. Pour empêcher cela, nous avions besoin que Horikita entre en action. Cependant, le membre le plus crucial de notre équipe s’était effondré face à son grand frère.

Horikita-senpai — Il semblerait qu’il n’y ait aucune objection, compte tenu des arguments entendus jusqu’à présent.

Le président du conseil prit enfin la parole. Il semblerait que le grand frère de Horikita voulait mettre un terme à cette affaire au plus vite.

Horikita-senpai — Peu importe qui a fait venir qui, les faits montrent que ce fut une altercation à sens unique entre Sudou et les autres. Nous pouvons clairement le voir au vu des blessures qu’ils ont subi. Nous n’avons d’autres choix que de rendre un verdict en nous basant sur cela.

Sudou — A-Attendez ! Je ne peux pas accepter ça ! Juste parce que ces types se sont battus comme des mauviettes.

Au moment où Sudou prononça ces mots, je vis Sakagami-sensei sourire.

  1. Sakagami — Alors, cela peut-il réellement être considéré comme de la légitime défense de se battre contre des adversaires d’un niveau si inégal ?

Sudou — M,-mais, hey. Ils étaient trois, je vous signale !

  1. Sakagami — Mais, seuls les élèves de la classe C ont été blessés, non ?

La situation empirait. Je m’étais résigné au fait que j’allais probablement me faire tuer pour ça plus tard, je me levai lentement de ma chaise pliante et me plaçai debout derrière Horikita. Je tendis les bras et attrapai ses côtes aussi fort que je le pouvais.

Horikita — HYAH ?!

Elle cria avec une voix anormalement féminine. Mais, ce n’était ni le lieu ni le moment de s’en préoccuper. Étant donné qu’elle n’avait pas encore recouvré tous ses esprits, je l’attrapais encore plus vigoureusement tout en la chatouillant.

Horikita — A-Attend. A-Arrête, stop!

Peu importe à quel point une personne pouvait être contrariée ou gênée, si vous stimuliez assez son corps, elle recouvrerait ses esprits, même si c’était désagréable. Les professeurs semblèrent quelque peu surpris par mes actions, mais actuellement, je m’en fichais. Quand je pensais l’avoir suffisamment stimulée, je relâchai ma prise. Horikita, qui semblait au bord des larmes, me lança un regard d’assassin. J’avais eu besoin d’utiliser la force, mais je savais qu’il était essentiel de faire revenir Horikita dans son état normal.

Moi — Reprends-toi, Horikita. À ce rythme, on va perdre. Tu dois te battre.

Horikita — Tch…

Horikita regarda la classe C, puis le professeur, et finalement son frère, comme si elle comprenait enfin notre situation. Elle semblait se rendre compte à quel point notre situation était désespérée.

Horikita — Excusez-moi, puis-je poser une question ?

Tachibana — Cela vous convient-il, président ?

Horikita-senpai — Je vais l’autoriser. Néanmoins, il faudra réagir plus rapidement, la prochaine fois.

Horikita se leva lentement de sa chaise.

Horikita — Plus tôt, vous avez dit que Sudou-kun est celui qui vous a fait venir. Mais, qui Sudou a-t-il appelé exactement, et pourquoi ?

Komiya et les autres élèves de la classe C échangèrent des regards, comme s’ils se disaient « pourquoi pose-t-elle cette question maintenant ? »

Horikita — S’il vous plaît, répondez.

Horikita ajouta ces deux mots afin de renforcer le style agressif de son interrogatoire. La secrétaire Tachibana ne réagit pas, ce qui voulait dire qu’elle autorisait Horikita à le faire.

Komiya — Kondô et moi ne savons pas pourquoi il nous a appelés. Quand nous venions juste de finir la journée et commencions à nous changer, il nous a dit qu’il voulait nous parler juste une minute. La raison n’était-elle pas simplement qu’il ne nous aimait pas ?

Horikita — Alors, dans ce cas, pourquoi vous trouviez vous dans ce bâtiment avec Ishizaki-kun, exactement ? Il ne fait pas partie de l’équipe de basket, à ce que je sache. Sa présence là-bas est plutôt étrange.

Ishizaki — Je suis venu au cas où, car il y avait des rumeurs comme quoi Sudou était violent. Il est également plus physique que nous.

Horikita — Donc, en d’autres termes, vous aviez senti que la situation pouvait tourner à l’affrontement.

— Oui !

Ils répondirent à l’unisson, comme s’ils s’attendaient à cette question. Il sembla que les élèves de la classe C avaient rigoureusement répété pour cette audition.

Horikita — Je vois. Donc vous avez amené Ishizaki-kun, connu pour être bon en combat, comme garde du corps, au cas où il y aurait une urgence.

Komiya — C’était juste pour se protéger. De plus, nous ne savions pas qu’Ishizaki-kun savait se battre. C’est juste un bon ami.

Horikita écoutait calmement leurs réponses, comme si elle établissait de multiples simulations dans sa tête. Puis, elle enchaîna tout de suite sur son prochain coup.

Horikita — J’ai quelques connaissances en matière d’arts martiaux jusque dans une certaine mesure. Je comprends que combattre contre de multiples ennemis est difficile, mais je ne comprends pas comment vous avez pu être défaits si facilement. Comment le combat a-t-il pu être aussi déséquilibré alors que vous aviez un martialiste expérimenté à vos côtés ?

Komiya — Car nous n’avions pas l’intention de nous battre.

Horikita — Le premier facteur pour commencer un conflit est une collision d’énergie entre les opposants. Si jamais vous n’aviez aucune intention de vous battre ou que vous étiez non-violent, la probabilité d’être blessé aurait dû être basse, surtout quand vous êtes trois fois plus nombreux.

L’opinion d’Horikita était très objective et reposait sur des évidences, des règles de bon sens. De l’autre côté, Komiya utilisa lui aussi son arme, les faits.

Komiya — Cette manière de penser ne s’applique pas à Sudou-kun. Il est exceptionnellement violent. Même si nous étions pacifiques, il nous a frappés sans pitié. C’est ce qui s’est passé, vous le voyez bien.

Il retira le pansement de sa joue, montrant les éraflures en dessous. Peu importait les arguments de Horikita, ses blessures lui donnaient une preuve très concrète.

Horikita-senpai — La classe D a-t-elle terminé son plaidoyer ?

Après être resté silencieux pendant que Horikita donnait ses arguments, ses mots furent brefs et glacials. Il semblait vouloir dire que si c’était tout ce que nous avions à dire, nous aurions mieux fait de ne rien dire.

Horikita — C’est vrai que Sudou a blessé les autres élèves. Néanmoins, la classe C a commencé la bagarre. Il y a une élève qui était présente lors de l’incident et qui peut témoigner.

Horikita-senpai — Eh bien, faites entrer le témoin en question.

Sakura, fatiguée et inquiète, rentra dans la salle du conseil. Elle regardait le sol comme si elle était apeurée d’un danger.

Horikita — Voici Sakura Airi-san, de la 1-D.

  1. Sakagami — Alors le témoin est de votre classe ?

Le professeur principal de la classe C ricana, tout en essuyant ses lunettes.

Mlle. Chabashira — Y a-t-il un problème, Sakagami-sensei ? M. Sakagami — Non, non, s’il vous plaît, continuez.

Sakagami-sensei et Chabashira-sensei échangèrent un regard.

Tachibana — Tu peux commencer ton témoignage, Sakura-san.

Sakura — O-oui, eh bien… Je…

Un moment de silence s’ensuivit. Dix secondes. Vingt secondes. Sakura baissait progressivement son regard et devenait de plus en plus pâle.

Horikita — Sakura-san…

Horikita, incapable d’attendre plus longtemps, s’adressa à Sakura. Mais contrairement à avant, les mots ne semblaient pas l’atteindre.

  1. Sakagami — Apparemment, elle compte rester muette. Attendre plus longtemps ne serait qu’une perte de temps.

Mlle. Chabashira — Pourquoi êtes-vous si pressé, Sakagami-sensei ?

  1. Sakagami — Je voudrais accélérer tout ceci. Si nous perdons du temps, mes élèves en souffriront, hors, ils jouent un rôle important pour la bonne humeur de la classe et il ne fait aucun doute que leurs nombreux amis se font du souci pour eux. De plus, ils s’efforcent d’améliorer leurs niveaux en basket et nous sommes en train de leur priver d’un précieux temps. En tant que professeur, je ne peux pas tolérer cela.

Mlle. Chabashira — Je vois. Vous avez probablement raison sur ce point.

On aurait pu penser que Chabashira-sensei se serait allié avec la classe D. Or, cela ne semblait pas être le cas. Au lieu de ça, elle hocha la tête pour signifier son accord avec Sakagami-sensei.

Mlle. Chabashira — C’est en effet une perte de temps, j’imagine que nous n’avons pas le choix. Tu peux repartir, Sakura.

Chabashira-sensei ordonna à Sakura de partir, presque comme si elle avait perdu tout intérêt. Le Conseil des élèves ne demanda aucun délai quant à cette décision. La décision semblait écrite et elle sonnait la défaite de la classe D. Sakura ferma fort ses yeux, comme si elle ne pouvait en supporter plus, comme si elle regrettait sa propre faiblesse. Même Soudou, Horikita, et moi sentîmes que cela était impossible pour Sakura, et qu’elle s’était déjà résignée mentalement. Puis une voix inattendue résonna dans la salle.

Sakura — J’ai vraiment vu ce qu’il s’est passé.

C’était bien la voix de Sakura, mais cela me prit plusieurs secondes pour en être sûr. Ce qui me surprit le plus fut le volume de sa voix.

Sakura — Ce sont les élèves de la Classe C qui ont donné le premier coup. Il n’y a aucun doute possible là-dessus.

Les mots de Sakura vinrent avec une force qui faisait contraste avec son attitude précédente. Elle parlait si désespérément que l’on voulait la croire. Néanmoins, comme un sortilège, l’effet ne dura que quelques minutes. Si l’audience restait calme, le charme de la situation s’estomperait et l’illusion ne prendrait plus effet.

 

 

  1. Sakagami — Excusez-moi, mais puis-je intervenir.

Il leva la main.

  1. Sakagami — Je sais que les professeurs doivent parler le moins possible, mais cette situation est juste grotesque. Puis-je m’exprimer ?

Horikita-senpai —  Vous avez la parole.

Sakagami -sensei — Au vu de ce que tu viens de dire, Sakura-kun, je voudrais bien te croire. Cependant, j’aurais une chose à te demander. Pourquoi t’être présentée comme témoin aussi tardivement ?

Sakagami-sensei attaqua sur le même point que Chabashira-sensei

Sakura — C’est que…, eh bien… Je… Je ne voulais pas être impliquée. M. Sakagami — Et pourquoi ne voulais-tu pas être impliquée ?

Sakura — Car je ne suis pas très douée pour parler avec les gens.

  1. Sakagami — Je vois. Je comprends cela. Mais j’aimerais te demander autre chose. Tu n’es pas douée pour parler avec les autres, et pourtant, alors que presque une semaine est passée, tu te présentes comme témoin. Est-ce que ça ne semble pas un peu étrange ? Pour moi, il me paraît plus vraisemblable que la classe D a orchestré un faux témoignage.

Après s’être consultés ensemble, les élèves de la classe C répondirent qu’ils pensaient la même chose.

Sakura — C’est… j’ai juste… dis la vérité…

  1. Sakagami — Peu importe à quel point tes compétences en communication peuvent être faibles, je peux voir que tu n’as pas témoigné avec beau-coup d’assurance. Est-ce parce que tu es tourmentée par la culpabilité, car tu sais que ce que tu dis est un mensonge ?

Sakura — N-non, ce n’est pas ça…

  1. Sakagami — Je ne te jette pas la pierre. Tu as probablement été forcée à mentir pour le besoin de ta classe, pour sauver Sudou-kun, n’est-ce pas ? Si tu t’avances et que tu nous dis la vérité, tu ne seras pas punie.

Les attaques psychologiques du professeur ne s’arrêtaient pas, ce qui fit intervenir Horikita.

Horikita — Ce n’est pas le cas. C’est vrai que Sakura n’est pas douée pour communiquer avec les autres. Néanmoins, c’est précisément parce qu’elle a été témoin de l’accident qu’elle se tient debout devant nous. Sinon, elle ne serait sûrement pas venue, même si je lui avais demandé. Ne pensezvous pas que si nous avions eu besoin de forger un témoignage, nous aurions choisi quelqu’un de plus à l’aise à l’oral ?

  1. Sakagami — Je ne pense pas. Il y a d’excellents élèves dans la classe D, des élèves comme toi, Horikita-san. En utilisant une personne comme Sakura-san en témoin, cela donne une crédibilité supplémentaire que tu n’aurais pas eue.

Sakagami-sensei ne croyait probablement pas à cela. Mais, peu importe la réponse que nous aurions pu exprimer, j’étais convaincu qu’il ferait tout pour nous bloquer. Comme je le sentais depuis le départ, un témoin de la classe D n’avait pas assez de poids. Peu importe à quel point nous disions la vérité, ils nous réfuteraient. Étions-nous arrivés à court d’options ? Sakagami-sensei fit un sourire hostile alors qu’il s’asseyait.

Sakura — Si vous voulez une preuve… Je vais vous la donner !

Sakagami-sensei s’arrêta net en entendant les mots de Sakura.

  1. Sakagami — S’il te plaît, ne faisons pas durer inutilement ce débat. Si tu as des preuves, tu aurais dû les montrer plus tôt.

Sakura tapa fort contre le bureau avec sa main et lâcha des bouts de papier. M. Sakagami — Quelles sont ces choses ?

Puisqu’elle avait utilisé autre chose que des mots, l’expression de Sakagamisensei se raidit pour la première fois.

Sakura — C’est la preuve que j’étais dans le bâtiment spécial, ce jour-là !

La secrétaire Tachibana se dirigea vers Sakura. Elle observa les papiers de Sakura et resta perplexe. Ce n’était pas des papiers, mais des photos.

Tachibana — Président.

Après avoir regardé les photographies, la secrétaire Tachibana les donna au président du Conseil des élèves. Le grand frère d’Horikita, après avoir passé un certain temps à les regarder, les posa sur son bureau de manière à ce que l’on puisse les voir. Nous vîmes Sakura sur ces photos. Mais cette Sakura abordait une expression adorable qui semblait à la fois proche et différente de la Sakura qui était avec nous. C’était le mannequin, Shizuku.

Sakura — Je… Je cherchais des endroits où il n’y avait personne afin de pouvoir prendre des photos de moi. Les photos montrent la date et l’heure, ce qui prouve que j’étais bien présente.

L’heure et la date des photos montraient bien qu’elles avaient été prises dans la soirée, une semaine plus tôt, ce qui correspondait à l’heure vers laquelle Sudou et les autres devaient avoir fini leurs activités pour la journée. Horikita et moi expirâmes involontairement devant cette nouvelle preuve. Nous commençâmes à voir des changements dans l’attitude des élèves de la classe C, qui jusqu’à présent jouaient les victimes. Ils semblèrent agités.

  1. Sakagami — Qu’avez-vous utilisé pour prendre ces photos ?

Sakura — Un appareil photo numérique.

  1. Sakagami — On peut facilement altérer la date sur un ordinateur. Cette preuve est invalide.

Horikita-senpai — Sakagami-sensei, ne pensez-vous pas que cette photographie est différente ?

Le grand frère d’Horikita sortit une photo que nous n’avions pas encore vue, et la donna au professeur.

  1. Sakagami — Mais c’est…

La photo montrait la bagarre en elle-même ; Il n’y avait clairement pas besoin d’heure ou de date. Le soleil couchant éclairait faiblement le couloir. La photo semblait montrer ce qu’il s’était passé juste après que Sudou ait frappé Ishizaki.

Sakura — Je pense qu’après avoir vu ceci… vous allez pouvoir me croire.

Horikita — Merci, Sakura-san

Cette photo avait également sauvé Horikita. Elle avait permis de nous sauver de cette situation extrêmement désavantageuse.

  1. Sakagami — Je vois, bien, vous semblez dire la vérité sur le fait d’avoir été témoin de cet incident. Néanmoins, nous ne pouvons pas savoir comment la situation a démarré à partir de cette photo. Elle ne prouve pas que vous ayez vu l’entièreté de l’incident.

Horikita-senpai — Il est vrai que cette photo donne l’impression que l’altercation était déjà finie. Nous ne pouvons la qualifier de preuve décisive.

  1. Sakagami — Alors, qu’en pensez-vous, Chabashira-sensei ? Pourquoi ne pas chercher un compromis ici ?

Mlle. Chabashira — Un compromis ?

  1. Sakagami — Je suis convaincu que Sudou-kun a menti dans son témoignage.

Sudou — Espèce de …

Sudou se leva et sembla prêt à bondir de sa chaise, mais finalement, il garda le contrôle de ses bras et se rassit.

  1. Sakagami — Nous ne trouverons jamais d’accord à ce train-là. Nous ne changerons pas notre témoignage et vous n’admettrez pas que vous avez monté ce faux témoignage. Ce sera un cercle sans fin ou chaque camp accusera l’autre de mentir. De plus, la photographie est trop imprécise pour pouvoir être considérée comme une preuve décisive. C’est pourquoi je propose que nous trouvions un arrangement. Je pense que les élèves de la classe C ont une part de responsabilité ici. Il y avait trois élèves contre Sudou, et l’un d’entre eux a déjà eu des altercations dans le passé, ce qui est problématique. Pourquoi pas deux semaines de suspension pour Sudou-kun et une semaine de suspension pour mes élèves ?? Il y a une différence dans les sanctions, mais c’est pour compenser les blessures.

Le grand frère d’Horikita resta silencieux et écouta attentivement Sakagamisensei. Le témoignage de Sakura nous a permis d’aboutir à ce compromis. Sinon, Sudou aurait été suspendu plus d’un mois. Ne recevoir que la moitié de la peine était une petite victoire, en soi.

Sudou — C’est quoi cette blague ? C’est n’importe quoi ! M. Sakagami — Chabashira-sensei, qu’en pensez-vous ?

Sakagami-sensei ignora complètement Sudou.

Mlle. Chabashira — C’est une décision rationnelle. Je ne la contesterai pas.

C’était en effet une proposition raisonnable. Horikita leva les yeux au plafond et réfléchissait visiblement à ce qu’il s’était passé jusque là. Quoi que nous fassions, si nous voulions éviter l’exclusion de Sudou, il nous fallait quelque chose de plus convaincant et Horikita le savait depuis le début. C’était déjà bien d’arriver à ce compromis. Mais si elle avait l’ambition de monter en classe A, elle ne pouvait pas en rester là. Je ne comptais pas parler avant la toute fin mais je décidai de venir donner un coup de pouce, peut-être par respect pour le courage de Sakura.

Moi — Horikita, sommes-nous vraiment à court d’options ?

Horikita — …………

Horikita ne répondit pas et je pense qu’elle n’avait plus rien à dire.

Moi — Je ne suis pas très brillant alors je n’ai aucune solution en tête, mais je pense que nous devrions accepter votre compromis, Sakagami-sensei.  M. Sakagami — En effet.

Sakagami-sensei eut le sourire aux lèvres et remit ses lunettes en place.

Moi — Nous n’avons pas de preuves concrètes de l’innocence de Sudou, car cet incident s’est déroulé dans un endroit peu fréquenté, contrairement à une supérette ou une salle de classe où il y aurait pu avoir plein de témoins. On peut déjà s’estimer heureux d’avoir eu Sakura comme témoin dans ce bâtiment spécial qui n’est pas sous surveillance.

Je fis un profond soupir et me secouai la tête. Je regardai Horikita dans les yeux tandis que je continuai mon discours défaitiste.

Moi — Les élèves de la classe C n’admettront jamais qu’ils mentent et il en est de même pour Sudou. On ne fait que tourner en rond. Pour dire sincèrement les choses, j’en suis arrivé à un point où tout cela me fatigue.

Horikita baissa les yeux. Je me demandai à quoi elle pouvait penser, mais si elle n’avait pas su lire entre les lignes de mon discours, alors tout s’arrêterait là.

  1. Sakagami — Je suis bien d’accord. Il ne manque plus que la réponse de ta chère camarade pour conclure l’audience.

Sakagami-sensei n’a saisi que ce que j’ai dit en surface et n’a vu que ma résignation. Pour la C, voir Sudou se faire exclure semblait être une victoire et au vu de l’expression de délectation de leur prof, cela confirmait mes dires.

Horikita — Je comprends.

Horikita fit une réponse brève et regarda doucement en arrière.

Sudou — HORIKITAAA !

C’était le cri d’un homme qui ne voulait point admettre sa défaite plus que quiconque. Cependant, Horikita ne s’arrêta pas là.

Horikita — Je pense clairement que Sudou a des problèmes. Il ne se remet jamais en question, a un passé peu glorieux et n’hésite pas à hausser le ton et à lever son poing quand quelque chose ne lui plaît pas. Il est évident que quelqu’un sans sang froid comme lui ait pu frapper le premier.

Sudou — H-hey !

Horikita — Sudou, tu dois comprendre que ton attitude est la cause de tout. Horikita le regarda avec une grande intensité comme pour neutraliser Sudou.

Horikita — Cela explique pourquoi je ne voulais pas l’aider, au début, je me doutais qu’il allait refaire les mêmes erreurs.

  1. Sakagami — En voilà une réponse sincère. On en termine là ?

Tachibana — Merci beaucoup, Horikita. Tu peux te rasseoir.

Une période de silence s’ensuivit et l’on pouvait voir à quel point Sudou était irrité. Cependant, cinq puis dix secondes après, Horikita resta toujours debout. Tachibana — J’ai dit que tu pouvais te rasseoir.

Tachibana répéta la chose pensant que Horikita ne l’avait pas entendue. Mais cette dernière resta toujours debout et fixa les professeurs.

Horikita — Il doit clairement se remettre en question pour ses actions passées et pour son comportement, mais pas pour cet incident. En effet, il n’est pas fautif dans cette histoire. Je suis convaincue que la classe C a tout manigancé pour le faire expulser et je n’ai pas l’intention de renoncer !

Horikita rompit le long silence avec un puissant discours.

Horikita-senpai — Pourrais-tu développer ?

Son grand frère la regarda pour la première fois depuis le début de l’audience et Horikita ne faiblit pas, car elle a dû comprendre que ce n’était plus le moment de faillir et qu’elle devait être courageuse comme Sakura. Ou peut-être avait-elle entrevu une issue inespérée ?

Horikita — Je vais me répéter. Sudou-kun est innocent et nous ne pouvons accepter quelconque suspension, même d’un jour !

  1. Sakagami — Ha ha… Ce serait de la manigance de notre part ? Apparemment, la jeune sœur du président a perdu la tête.

Horikita — Sudou-kun est la victime ici et nous avons eu un témoin.

Les élèves de la classe C commencèrent à hausser le ton !

Sudou — Arrêtez votre complot, c’est moi la victime ici !

Sudou haussa lui aussi le ton et l’audience se transforma en arène. Tout le monde savait qu’aucune solution n’aboutirait.

Horikita-senpai — Assez ! Débattre plus longtemps est une perte de temps. Horikita Manabu nous regarda comme si nous étions des êtres pathétiques.

Horikita-senpai — Tout ce que je retiens ici est que l’un des deux camps ment expressément.

Pour lui, qui de nous mentait ? En tout cas, les conséquences seraient encore pires qu’une exclusion temporaire pour les menteurs.

Horikita-senpai —  Je vous le demande ,classe C, avez-vous menti ?

Ishizaki — B-Bien sûr que non !

Horikita-senpai — Et vous, classe D ?

Horikita — Je jure de n’avoir dit que la vérité et rien que la vérité.

Horikita-senpai — Alors, la délibération se fera demain à 16h00. Si rien n’a été fait entre temps, nous prendrons une décision basée sur les faits présentés jusque là. Bien entendu, un renvoi définitif est possible.

C’est ainsi que Horikita Manabu mit fin à l’audience. Entre aujourd’hui et demain, il n’y avait que peu de temps pour trouver d’autres preuves en notre faveur.

Horikita — Est-il possible d’avoir plus de temps avant la délibération ?

Horikita avait levé la main et avait demandé si un délai plus long était possible.

Mlle. Chabashira — Si cette affaire nécessitait un délai supplémentaire, alors le président l’aurait octroyé en conséquence. En d’autres termes, ce laps de temps est plus que suffisant. Les prolongations ne sont proposées que dans des circonstances qui l’exigent.

Chabashira-sensei croisa les bras et se rangea du côté de la décision du bureau du Conseil. Tout le monde partit mécontent. Sakagami-sensei s’approcha de Sakura qui était sur le point de pleurer et lui parla froidement.

  1. Sakagami — Prend conscience qu’à cause de toi, beaucoup d’élèves vont être impliqués dans tes mensonges. Tu devrais avoir honte de toi, si tu crois que tu vas nous amadouer avec tes larmes.

Sakagami-sensei et ses élèves quittèrent la salle et crièrent au loin que c’était une menteuse afin que Sakura l’entende. Un grand silence s’ensuivit dans le bureau et Sakura tomba en larme, malgré sa retenue.

Sakura — J’ai fait tout ce que j’ai pu pour bien parler, mais avons-nous encore une chance, Horikita ?

Horikita — Je n’abandonnerai pas et soutiendrai ton témoignage jusqu’au bout.

Moi — Tu te rends bien compte que ce n’est pas en étant têtue que tu vas résoudre quoi que ce soit ? On risque de blesser plein de personnes dans le lot.

Horikita — Je n’ai en aucun cas l’intention de perdre. Bon, j’y vais.

Horikita se retourna et quitta le bureau. Je quittai la pièce avec Sakura ensuite.

Sakura — Désolée, Ayanokôji-kun, si j’avais eu le courage de venir plus tôt…

Moi — Cela n’aurait rien changé. Tu es une élève de la D, après tout.

Sakura — Mais !

En la suspectant de mensonge, son désir de sauver Sudou d’elle-même fut réduit à néant, ce qui expliquait ces larmes qui n’arrêtaient pas de couler. Si Hirata était là, il lui aurait probablement tendu gentiment un mouchoir. J’avais une sensation de déjà vu, avec le moment où Horikita avait failli s’effondrer devant son frère. Pourquoi ce monde était divisé en gagnants et perdants ? J’ai été témoin de multiples victoires et défaites et ai vu à quel point la joie et le désespoir étaient liés à ces issues. Je ne pouvais abandonner Sakura et décidai de l’attendre.

Horikita-senpai — Tu es encore là ?

Le grand frère de Horikita ainsi que Tachibana sortirent du bureau. Cette dernière le ferma à clé.

Horikita-senpai — Qu’est-ce que tu comptes faire ?

Moi — Comment ça ?

Horikita-senpai — Je pensais te voir arriver avec un plan quand je t’ai vu te présenter ici avec Suzune.

Moi — Je ne suis pas un stratège comme Zhuge Liang ou Kuroda Kanbei.

Horikita-senpai — Alors Suzune ne se base sur rien et s’est emportée ?

Moi — Non, elle n’a rien surjoué du tout et a pensé ce qu’elle dit.

Horikita-senpai — Je vois.

Bien que nos échanges furent courts jusqu’à maintenant, notre conversation continua curieusement. La première fois que je l’avais vu, il m’avait laissé une mauvaise impression, mais je le trouve maintenant plus accessible. Peut-être que c’était le pouvoir d’une personne qui a su arriver au top. Il avait forcément une compréhension de l’être humain qui dépassait la moyenne.

Horikita-senpai — Et puis, il y a ton témoignage et tes photos, Sakura.

Il s’adressa à Sakura qui essaya de sécher ses larmes.

Horikita-senpai — Ce sont des éléments de poids, mais garde en mémoire que la valeur d’une preuve se détermine par notre confiance en sa crédibilité. Peu importe ce que tu aurais pu apporter, le fait que tu sois une élève de la classe D fait que l’on peut toujours nourrir des soupçons.

En gros, il disait qu’il n’avait pas confiance en elle.

Sakura — J-J’ai dit la vérité.

Horikita-senpai — Si tu ne peux le prouver, alors c’est inutile.

Sakura se tint la tête encore une fois, et pleura de plus belle.

Moi — Je crois en son témoignage.

Horikita-senpai — Tu soutiens ta classe, c’est normal.

Moi — Je n’ai pas dit que je voulais y croire, mais que je croyais en elle.

Horikita-senpai — Peux-tu alors prouver qu’elle ne ment pas ?

Moi — Ce n’est pas à moi de le faire, mais à ta sœur. Si Sakura ne ment pas, alors elle trouvera forcément un moyen de convaincre tout le monde.

Le grand frère de Horikita eut un petit rire comme pour signifier qu’elle n’y arrivera pas.  Après qu’ils soient partis, j’approchai Sakura qui resta immobile.

Moi — Allez, du nerf Sakura, continuer de pleurer ne sert à rien.

Sakura — Mais… tout est de ma faute !… sniff

Moi — Tu n’as rien fait de mal. Tu n’as fait que dire la vérité !

Sakura — Mais…je…

Moi — Je te le redis encore, tu n’as rien fait de mal.

Je m’accroupis légèrement pour regarder Sakura dans les yeux. Elle baissa encore la tête pour ne pas que je la vois pleurer.

Moi — Je crois en toi et je te remercie d’avoir eu le courage d’être venue ! Grâce à toi, nous avons encore une lueur d’espoir.

Sakura — Mais… j’ai… été inutile, non ?

Elle se sous-estimait vraiment beaucoup trop.

Moi — Je crois en toi, car nous sommes amis.

Je mis ma main sur son épaule et essaya de la relever afin que l’on puisse se voir dans les yeux. C’est ainsi que je lui répondis avec conviction.

Moi — N’oublie pas, fais les choses pour toi et non pour les autres !

2

Sakura — Je t’ai offert un spectacle embarrassant.

Sakura marchait à côté de moi et avait arrêté de pleurer. Elle souriait, maintenant.

Sakura — Bien que ça fait longtemps que je n’ai pas pleuré devant quelqu’un, je suis quand même soulagée.

Moi — Quand j’étais gosse, je pleurais tout le temps devant tout le monde.

Sakura — Je ne t’imaginais pas comme ça du tout. On ne dirait pas.

Moi — Et pourtant, j’ai dû pleurer une quinzaine de fois en public.

Malgré ma frustration et mon embarras, je ne pouvais arrêter de pleurer, mais je sais que cela pouvait nous permettre d’aller de l’avant. Sakura était le genre à tout garder pour elle et cet incident fut une belle étape pour elle.

Sakura — J’ai été comblée quand tu as dit que tu croyais en moi.

Moi — Et il y a aussi Horikita, Kushida et Sudou ! Tous tes camarades !

Sakura — Certes, mais toi, tu me l’as dit directement, Ayanokôji-kun.

Sakura sécha ses larmes encore une fois, sans doute car cela lui obstruait la vue.

Sakura — Tu m’as vraiment donné du courage, ça m’a rendu heureuse.

Elle eut un petit sourire et l’entendre dire me réconforta un peu. En effet, même si c’était pour sauver Sudou, nous l’avions mise dans une position très inconfortable. Le silence revint tout à coup, car aucun de nous deux n’était bon pour avoir un sujet de conversation, mais bizarrement, ce ne fut pas déplaisant.

Sakura— U-um, je ne sais pas si je devrais dire ça maintenant, mais…

Alors que nous approchions de l’entrée, Sakura ouvrit la bouche.

Sakura — En fait… je…

Ichinose — Yahoo ! Vous êtes en retard, huh !

Ichinose et Kanzaki nous attendaient près de l’entrée. J’imagine qu’ils avaient hâte d’en savoir plus.

Moi — Vous nous attendiez ?

Ichinose — On se demandait comment ça s’était passé.

Je m’arrêtai et me tournai vers Sakura.

Moi — Désolé Sakura, mais on pourra parler plus tard, si tu veux bien ?

Elle ouvrit son casier à chaussures et regarda dedans. Puis se tourna vers moi.

Sakura — Oh, c’est rien. Je voulais juste te dire que je ferai de mon mieux !

Après cette réponse brève, elle baissa la tête et commença à partir.

Moi — Sakura ?

J’essayai de la stopper, mais elle se rua vers la sortie.

Ichinose — Désolée, je suis venue au mauvais moment ?

Moi — Non, t’en fais pas !

Je commençai à lui raconter ce qu’il s’était passé lors de l’audience.

Ichinose — Je vois. Alors vous avez rejeté le compromis. Votre classe va insister sur l’innocence de Sudou jusqu’au bout.

Moi — Même un jour de suspension serait synonyme de victoire pour la C.

Le compromis était un piège tentant qui nous aurait fait admettre nos torts. Or, Ichinose, et surtout Kanzaki, auraient opté pour le compromis.

Kanzaki — Le fait est que Sudou les a frappés et grâce au témoignage, vous avez eu une remise de peine. Vous auriez dû accepter.

Ichinose — Mais comme Ayanokôji-kun l’a dit, accepter était synonyme de défaite. Qui plus est, ses chances d’être titulaire se seraient envolées et il aurait dû refaire ses preuves depuis le début.

Kanzaki — Certes, mais il risque une expulsion définitive, maintenant. ` Le compromis aurait permis de partager les responsabilités.

Son point de vue se tenait aussi. Il n’y avait pas de meilleure réponse.

Moi — Je vois, tu n’as pas tort.

Kanzaki — Donc tu aurais dû accepter.

Ichinose — En effet, blanchir complètement Sudou est impossible alors c’était la solution la plus optimale.

Il était vrai que, peu importe notre détermination et notre témoignage, nous étions dans une impasse.

Ichinose — Vous comptez toujours essayer de l’innocenter ?

Moi — Notre leader a pris cette décision. On se battra jusqu’à la fin.

Horikita n’était pas stupide et savait que c’était risqué de faire reporter l’audience. Or, elle avait quand même décidé de tenter le coup. Au moins, c’était la preuve que notre classe se tenait prête pour les éventuelles difficultés futures.

Ichinose — Hmm. Je ne pense pas qu’on obtiendra plus de pistes, mais je vais voir quelles infos je peux rassembler sur le net.

Bien qu’elle aurait pu nous abandonner, elle continua la coopération.

Kanzaki — Idem, je ferai tout mon possible pour vous aider.

Kanzaki aussi fut déterminé alors qu’il avait la position du compromis.

Moi — Vraiment ?

Ichinose — Nous sommes arrivés trop loin pour reculer et nous ne pouvons laisser le faux l’emporter.

Kanzaki hocha la tête. C’était vraiment de bonnes personnes.

Horikita — J’apprécie votre aide, mais ce ne sera pas nécessaire.

Horikita, que je pensais être au dortoir, nous surprit. Nous attendait-elle ?

Ichinose — Comment ça, Horikita-san ?

Horikita — Nous ne pouvons acquitter Sudou, peu importe le témoin. En revanche, il reste une seule solution possible. Il faudra que vous prépariez quelque chose.

Ichinose — Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, au juste ?

Horikita — Eh bien…

Horikita nous expliqua ce qu’elle voulait et Ichinose qui fut calme devint raide.

Ichinose — Oh… ça ne va pas être évident.

Si Ichinose était aussi hésitante, alors ce n’était pas raisonnable. Kanzaki, quant à lui, fut plongé dans ses pensées.

Horikita — Je sais que je ne suis pas en position de vous demander ça, car c’est une grosse responsabilité que je vous fais porter.

Ichinose — Tant que c’est dans nos cordes, tout va bien, mais j’avoue que j’aurais aimé avoir plus de détails. Or, j’imagine que tu préfères rester évasive.

Horikita — En effet, mais si j’arrive à vous convaincre, vous coopéreriez ?

Horikita continua d’expliquer son plan. Mais Kanzaki et Ichinose se muèrent dans le silence, essayant de comprendre le pourquoi du comment.

Horkita — Vous devriez comprendre que le risque en vaut la peine.

Ichinose — Tu as eu cette idée quand ?

Horikita — Juste avant la fin de la délibération. Une inspiration, sans doute.

Ichinose — C’est vraiment un joli coup. Même moi, qui étais pourtant à l’endroit où l’incident s’était déroulé, n’avais pas pensé à ça.

Ichinose avait l’air de comprendre, mais elle resta toujours distante et réfléchie.

Ichinose — C’est vraiment une idée originale, mais est-ce possible ?

Elle demanda cela à Kanzaki, qui avait l’air choqué.

Kanzaki — Disons que c’est contraire à ton éthique, Ichinose.

Ichinose — Haha, peut-être, mais c’est une belle mise en scène.

Kanzaki — C’est clair et net, il fallait y penser, à ce coup de maître.

Allaient-ils nous aider, puisqu’Ichinose n’aimait pas mentir ? En effet, cette stratégie se basait clairement sur le mensonge afin d’y faire éclore la vérité.

Horikita — Tout ça a débuté avec un mensonge, alors bouclons la boucle.

Ichinose — Mmmh œil pour œil, dent pour dent. Mais ça ne va pas être évident d’en obtenir.

Horikita — Ne t’en fais pas pour ça, j’ai eu confirmation.

Avait-elle rapidement quitté le bureau pour aller vérifier ça ?

Moi — Je vais au parler à Doc ! C’est lui le spécialiste, après tout.

Horikita acquiesça et ne fit aucune objection.

Horikita — Hey, Kanzaki-kun. Tu nous aides pour que l’on puisse évincer la classe C ?

Kanzaki — C’est bien le cas.

Horikita — Je me disais juste que ce que l’on faisait maintenant pouvait se retourner contre toi dans le futur.

Kanzaki — C’est en effet possible.

Ichinose — Si seulement on avait su avant qu’il y avait une fille aussi fortiche que toi, en classe D.

Après avoir complimenté Horikita, elle sortit son téléphone sur un ton amusé.

Ichinose — Voilà, je vous ai fait un transfert ! Ça s’appelle reviens !

Elle confirma ainsi sa volonté de nous aider.

Horiki — Bien entendu.

Horikita, reconnaissante, accepta sans aucune hésitation.

Horikita — Bon, Ayanokôji-kun. Il faut que tu m’aides pour quelque chose.

Moi — Si ce n’est pas chiant, alors pourquoi pas.

Horikita — Aider les autres est toujours chronophage et « chiant ».

En gros, il fallait que je me tienne prêt. Mais comme je ne voyais pas comment me tirer de son emprise, je décidai d’accepter.

Moi — Okay, all—-

Je reçus un violent coup dans la côte. La douleur était si intense et soudaine que je titubai dans le coin.

Horikita — Je vais te pardonner cette fois de m’avoir touchée, mais la prochaine fois ce sera deux fois pire !

Moi — Wha— Ah, ah !

La douleur était si forte que je n’arrivais pas à parler pour contre argumenter. La prochaine fois, elle me donnerait un coup deux fois plus fort que ça ? Je n’arrivais pas à l’imaginer.

Abasourdie, Ichinose assista au spectacle et regarda à quel point Horikita était terrifiante. Il fallait qu’Ichinose sache que Horikita n’avait pas de pitié.

Moi — Brrr !

Horikita me donnait la chair de poule.

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