Nous étions tôt le matin en ce septième jour. Á la fin de la journée, notre groupe allait cesser d’exister, car l’examen allait se tenir le lendemain matin. Il est vrai que notre cher Hashimoto avait sauvé notre groupe du désastre, mais tout ce que nous avions bâti jusque-là malgré tout, allait partir en fumée avec cet examen. Il devait y avoir une grosse partie des élèves, tristes à l’idée que cette aventure prenne fin. Chez nous, malgré la haine envers Kôenji, il y avait plutôt une bonne entente. Ishizaki par exemple devait me détester plus que Kôenji, mais il faisait de son mieux pour ne pas le montrer. J’imagine même que ça le démangeait de m’agresser physiquement, mais il savait qu’il ne pouvait rien faire.
Ce comportement bourrin rappelait Sudou à la différence où Ishizaki avait beaucoup plus de jugeote pour cerner les situations. J’avais l’impression qu’il respectait ceux qui étaient plus forts que lui et c’est probablement pour ça que Ryuuen en avait fait un de ses hommes de main. Mais cela ne voulait pas dire que Sudou lui était inférieur. En effet, ce dernier était meilleur que lui que ce soit physiquement ou académiquement parlant. Vu que Horikita l’aidait, Il allait probablement continuer à s’améliorer en cours. Ainsi, ils avaient beau être du même milieu, ils avaient chacun une arme très différente.
Yukimura — J’aimerais m’exprimer sur le relais. Je vous prie de m’écouter.
Alors que chacun était sur son lit, on se mit tous à le regarder.
Yukimura — Nous ne sommes que dix ce qui est assez pesant pour chacun d’entre nous, mais ça peut être un avantage.
Ishizaki — Comment ça ? C’est mieux d’avoir le plus de gens possible non ?
Comme ça on aura moins à courir !
Yukimura — C’est sûr qu’avec 15 personnes, le fardeau serait partagé de manière équilibrée, mais il ne faut pas oublier que la plupart des élèves ne sont pas des rapides. Les plus forts se comptent sur les doigts de la main.
Ishizaki — …Vu comme ça…
Yukimura — Autrement dit c’est notre chance pour combler notre retard.
Ishizaki — Sauf qu’il faut partir du principe que tout le monde est bon en course chez nous.
Ishizaki regarda autour de lui. Il me regarda probablement en me considérant parmi les plus athlétiques, mais sans compter Kôenji, il ne restait que Hashimoto de fiable dans ce domaine. Ce n’était donc pas un groupe très doué.
Yukimura — Je dis ça, mais bon, je sais que je ne serais d’aucune utilité.
Keisei se connaissait bien. Il était en effet celui qui avait le moins d’endurance. Mais il prit son rôle de leader au sérieux et nous délivra sa stratégie.
Yukimura — Ce relais longue distance s’étale sur 18 kilomètres. Cela signifie que chacun doit courir au minimum 1,2 km dans un groupe de 15. Mais avec un groupe de dix personnes, la distance s’en retrouve radicalement changée.
Ishizaki — Mais on peut pas déclarer forfait ou avoir quelqu’un qui peut courir à notre place ?
Yukimura — Toute blessure ou maladie ce jour-là sera pénalisée. En plus de nous rentre moins nombreux, cela nous coûterait aussi du temps. Ce n’est vraiment pas l’idéal. Et il faut bien préciser que courir 1,2 km chacun est le minimum requis pour obtenir les points.
L’établissement mettait tout en œuvre pour que l’on ne puisse pas jouer avec les règles. Chaque élève ne pouvait échapper à son devoir. Keisei et Yahiko, les deux faiblards en course devaient courir au minimum 1,2 km et pour être pessimiste, on pouvait compter dans ce lot les trois autres élèves de la classe B. Albert était assez rapide, mais il avait des problèmes d’endurance. Si nous devions courir que le minimum, cela signifiait que les quatre élèves restants devaient courir 2,7 kilomètres ou plus, distance totalement réalisable pour quelqu’un de bon en course à pied. Je fis part de tout cela au groupe.
Ishizaki — Alors, je vais courir 3 km…non, 3,6km !
Il ne faisait aucun doute qu’il était l’un de ceux qui dans notre groupe en était capable. Une autre personne leva la main et suivit le mouvement.
Hashimoto — Alors, je suppose que je n’ai pas le choix. Pour courir de longues distances, vous pouvez compter sur moi.
Les deux représentants de notre groupe avaient juré ainsi de porter ce lourd fardeau avec impatience. Cela signifie que nous avions parcouru 7,2 kilomètres jusqu’à présent avec 6 personnes remplissant le quota de kilomètres.
Yukimura — Merci
Keisei baissa la tête en signe de gratitude et les remercia avec sincérité. Je supposais aussi que je me devais d’aider un peu.
Moi — Alors… je ferai ce que je peux. Mais je ne te promets rien de grandiose.
Yukimura — Est-ce que ça te va, Kiyotaka ?
Moi — N’attends pas trop non plus de moi.
Ce qui était vraiment important était ce qui allait venir après. C’était ce haut potentiel que nous avions parmi nous, cette existence qui répondait au nom de Kôenji et qui n’avait aucun égal, pas même Sudou. Plus Kôenji pourra couvrir de kilomètres, plus ce sera facile pour nous, mais vu le personnage, il devrait se contenter du minimum. Le problème est que nous dépendions grandement de lui-même si nous faisions tous de notre mieux tous les neuf pour courir.
Yukimura — Kôenji. J’aimerais que tu coures aussi.
C’est précisément parce qu’il est conscient du maillon faible de la chaîne que Keisei était allé le voir tout en baissant la tête, intimidé. Kôenji était occupé à admirer ses ongles tout en souriant sur le dessus de son lit.
Yukimura — Kôenji
Keisei appela calmement son nom une deuxième fois.
Kôenji — Bien sûr que je vais courir aussi. Mais contrairement à eux, je n’ai que faire de courir pour le bien commun.
Ça avait le mérite d’être clair au moins. Ishizaki lança un regard furieux à Kôenji, mais en resta là. Après avoir passé quelques jours avec lui, il avait commencé à comprendre que la plupart de ses actions n’avaient pas de sens, stricto sensu.
Yukimura — J’aimerais que notre groupe ne soit pas le dernier tu vois.
Kôenji — Je vois très bien ce que tu veux dire le quatre yeux.
En quittant ses ongles des yeux, Kôenji regarda Keisei.
Yukimura — J’espère que tu pourras au moins faire les 1,2 km requis.
Tout le monde dans notre groupe regarda Kôenji.
Kôenji — Je ne peux pas faire de promesses. Même si notre groupe est le dernier au classement général, ce n’est pas comme si je craignais une expulsion. Seul toi, le leader en subirait les conséquences. Et je sais que tu ne ferais sûrement pas quelque chose d’inhumain comme traîner avec toi un camarade de classe comme moi, n’est-ce pas ?
Si le chef n’avait pas été Keisei, mais plutôt quelqu’un comme Ishizaki ou Yahiko, alors peut-être que Kôenji se serait enfui. Mais puisqu’il s’agissait de Keisei, un camarade de classe, il pensait qu’il ne serait pas traîné vers le bas. Peut-être que si nous le menacions dès maintenant, nous pourrions faire courir Kôenji, mais en échange, nous ne pourrions plus jamais obtenir sa coopération.
Yukimura —…alors dis-moi…Que devons-nous faire pour que tu coopères ? Si Je dois te donner des points privés pour ça alors je le ferais.
C’est précisément parce que Keisei sait qu’il va être un handicap qu’il a l’intention de l’indemniser à ses propres frais.
Hashimoto — Ne porte pas ce fardeau seul, Yukimura. Ce n’est pas énorme, mais j’ai aussi des points à donner.
Ishizaki — Je vais payer aussi.
Ishizaki et Hashimoto après lui, puis Yahiko et les autres le soutinrent également. Si nous mettions en commun nos points privés, nous nous retrouvions avec une somme relativement importante. En réponse à la pression de la demande collective du groupe, Kôenji s’exprima.
Kôenji — Malheureusement, je n’ai pas de soucis d’argent. De plus, même sans points, je peux m’épanouir sur ce campus.
Même les sentiments d’un groupe uni n’avaient pas réussi à l’atteindre. Comme je le craignais, une somme dérisoire ne suffisait pas à le bouger. Mais lui dire de le faire pour le bien de la classe était encore moins efficace.
Ces derniers jours, nous nous étions trituré le cerveau pour essayer de trouver un moyen de l’impliquer plus dans la vie de groupe, mais cela se solda par un échec.
Yukimura — Alors, tu nous dis que ce sera sans toi ?
Kôenji — C’est exactement ça.
Comme s’il y avait réfléchi, Kôenji avait répondu ça.
Kôenji — Ne me voyez donc pas comme un atout.
Kôenji nous confirma ainsi son refus de plus belle. Ne pouvant plus le supporter, Ishizaki essaya de se lever, mais Keisei l’en empêcha.
Kôenji — Cependant, vous pouvez vous détendre. Je n’ai pas l’intention de faire plus que ce qui est exigé de moi, mais je ferai bien le strict minimum c’est une certitude. J’ai moi aussi ma propre façon de faire les choses. Yukimura — Du coup on n’a pas à s’inquiéter si j’ai bien compris ?
Kôenji — En effet. Vu qu’on parle de moi, même si je ne fournis que le strict minimum, j’obtiendrais quand même d’excellents résultats. C’est donc une bonne nouvelle pour vous n’est-ce pas ?
Nous avions tous les neuf visiblement compris les paroles de Kôenji. Même si ce n’était que superficiel, nous avions pris conscience du fait que nous étions un groupe et avions commencé à prendre soin les uns des autres. Mais Kôenji n’agissait tout de même que pour son propre bien. Dans tous les examens qui avaient eu lieu jusqu’à présent, il avait agi à plusieurs reprises de manière déplacée. Cependant, aucune de ses actions ne pouvait être utilisée contre lui, car il faisait en sorte de ne pas dépasser les limites.
Kôenji était sûr à 99% que Keisei ne l’entraînerait pas avec lui dans sa chute même si le risque zéro n’existait pas. Il n’était aussi pas dans son intérêt d’avoir de mauvais résultats au risque que l’établissement ne le remarque. Il n’allait donc rien faire qui puisse lui causer une expulsion.
Yukimura — Quelqu’un comme toi qui a du mal avec la posture en Zazen de base peut-il produire d’excellents résultats ?
Kôenji — Fu. Fu. Fu. C’est parce que je maîtrisais déjà le simple Zazen quand j’étais enfant. Je pouvais donc passer au stade supérieur sans perdre de temps.
Yukimura — Quelle sorte d’enfance as-tu vécu au juste ?
Même après avoir fait remarquer cela, Kôenji continua à rire de bon cœur, mais cela devait être suffisant pour Keisei. Kôenji n’avait pas l’intention de coopérer, mais il avait promis de faire le strict minimum ce qui était important en soi. C’est précisément parce que nous étions camarades de classe que j’étais conscient de l’importance du potentiel de Kôenji. Il y avait encore quelques facteurs inconnus qui subsistaient avec lui notamment avec sa posture Zazen et le fameux examen écrit qui allait bientôt faire son apparition, mais je n’avais pas à m’inquiéter pour lui concernant le domaine de l’endurance et de la forme physique.
1
Un problème fut résolu et il était maintenant temps de faire un peu de ménage le matin. Lorsque Keisei essaya de commencer à nettoyer comme à son habitude, Ishizaki prit un chiffon à poussière.
Ishizaki — Repose-toi. T’en auras bien besoin pour la course de relais longue distance.
Yukimura — Mais…
Ishizaki — Repos. En échange, fais de ton mieux pour l’examen écrit. Obtiens au moins 120 %, ok ?
Yukimura — 120%, c’est impossible, mais je vais essayer de viser un bon 100% !
Pour Ishizaki c’était donnant-donnant. Après l’avoir remercié, Keisei s’assit.
Kôenji — C’est une bonne attitude, racaille en herbe.
Ishizaki — Ferme-la, Kôenji. Tu n’as rien fait depuis le tout premier jour ! Kôenji — Je vois, HAHAHAHAHAHA !
Kôenji ne prit ni un chiffon à poussière ni un balai, mais alla plutôt se promener dans la nature. Même quand il attirait l’attention des première et terminale, il agissait vraiment avec audace.
Ishizaki — C’est une maladie. C’est vraiment possible d’être promu en classe supérieure avec un gars pareil ?
Même la classe D finissait par s’inquiéter pour nous.
Yukimura — Je me pose aussi la question.
Keisei a toujours eu à cœur de viser les classes supérieures, mais Kôenji était audelà de la norme et la manière dont il allait se comporter demain était un mystère. Certes, il avait promis de faire le minimum, mais nous n’avions aucune garantie. Il pourrait se la couler douce derrière notre dos. La moindre activité telle que le nettoyage, s’il refusait de l’effectuer pouvait nous positionner à la dernière place et les élèves de terminale pourraient s’enflammer s’ils étaient au courant. Bien que Kôenji soit calculateur je préfère me méfier de lui, car Kôenji et bon sens ne faisait pas bon ménage. Peut-être avait-il remarqué l’anxiété de Keisei, Ishizaki se rapprocha de lui.
Ishizaki — T’inquiètes pas pour ça, on compensera.
Hashimoto — C’est vraiment pas ton genre de dire ça. Il t’a fallu un seul jour pour maturer autant ?
Ishizaki — Ferme-la, Hashimoto. Tu as un problème avec ça ?!
Hashimoto — Aucun. La position du groupe aura aussi un impact sur mes calculs donc j’aimerais que nous nous classions à la meilleure position possible. N’est-ce pas, Yahiko ?
Yahiko — Je suppose que oui. Puisque nous sommes dans ce groupe difficile, il n’y a pas d’autre choix. Si nos performances sont mauvaises, Katsuragi-san sera déçu de nous.
Hashimoto se moqua allègrement de Yahiko dont l’attention se porta uniquement sur Katsuragi, et le frappa à l’épaule une fois. Yahiko aussi, sait qu’il était un handicap quand il s’agissait de l’aspect physique des choses. Malgré tout, il se faisait petit depuis le tout début.
Hashimoto — J’ai agi contre Katsuragi plusieurs fois sur ordre de Sakayanagi et je pense que tu me méprises pour ça, mais nous sommes vraiment alliés en réalité. Oublie les tensions entre nous, je te prie.
Yahiko — Hmm, mouais…
Yahiko n’éleva pas la voix, mais il ne semblait pas faire autant confiance à Hashimoto. Il ne pouvait probablement pas lui pardonner les coups bas qu’avait reçus Katsuragi par ses propres camarades.
Yahiko — N’est-ce pas toi qui as fait de Katsuragi-san le leader ?
Hashimoto — Je n’ai rien à voir avec ça. C’était le plan de Matoba.
Yahiko ne sembla pas convaincu, même si Hashimoto nia ces affirmations. Malgré cela, il se retint pour ne pas nuire à l’ambiance du groupe. Son comportement était digne d’éloges.
2
C’était notre dernier dîner avant l’examen de demain. Je vis Ichinose marcher en portant un plateau et l’appelai. Ce n’est pas comme si c’était une tentative de lui soutirer des informations, mais il y avait quelque chose qui clochait chez elle.
Moi — Tu as des ennuis ?
Ichinose — Ehh ? Ayanokôji-kun. Non, pas vraiment. C’est juste que j’avais la tête ailleurs.
Moi — Il y a quelque chose qui te tracasse, ça se voit.
Ichinose était sur le point de partir, mais ça l’a arrêtée.
Ichinose — L’examen aura lieu demain. Qu’en penses-tu ?
Moi — C’est une question assez vague.
Ichinose — Je veux que tu me donnes ton impression sincère.
Moi — Les enjeux sont plus corsés que les examens précédents vu que le risque d’expulsion est réel cette fois.
Ichinose — Je suppose que c’est vrai… mais nous sommes déjà au troisième trimestre alors c’est normal que le niveau augmente non ?
Moi — Peut-être.
Ichinose — En parlant de risques, il y a ce système de leader.
Moi — Ouais.
Ichinose — Devenir un leader est une chose très risquée à faire, mais le faire pour gagner c’est important non ?
Je ne niai pas cela et prêtai l’oreille à ce qu’Ichinose a à dire.
Ichinose — En soi même s’il y a un risque d’expulsion, ça reste encore peu concret à cause de toutes ces inconnues, mais c’est ce qui fait peur justement. Perdre des points de classe ou des points privés ne me fait rien à côté.
Moi — Tu parles de perdre un camarade ?
Ichinose — Oui. Qu’est-ce qu’il se passerait si j’en perdais un ? L’idée de perdre un ami m’effraie au plus haut point.
Moi — Si, par hasard, un de tes camarades de classe est sur le point d’être expulsé, que comptes-tu faire ?
Ichinose — Ce que je ferai, hein ?
Ichinose releva lentement la tête et se mit à rire.
Moi — Tu es vraiment quelqu’un de brillant.
Ichinose — Pourquoi dis-tu cela ?
Moi — Je veux dire, il n’y a rien que tu puisses faire si une expulsion se produit. Mais tu te te projettes déjà dans un après, comme si tu cherchais un moyen de retourner la situation.
Ichinose — Ce n’était qu’une simple réflexion de ma part.
Moi — Si c’était une simple réflexion, tu n’aurais pas dit « qu’est-ce qu’il se passerait ». Tu penses au devenir de ta classe.
Ichinose — Désolée mais tu me surestimes beaucoup. C’est juste que j’arrive à trouver les mots justes.
Moi — C’est tout de même une sacrée compétence.
Elle se préparait à partir comme pour dire qu’elle en avait trop dit. Au moment où j’allais la saluer, des élèves l’avaient appelée. Être aussi populaire devait être difficile, car on était rarement laissé seul. Or Ichinose avait besoin de réfléchir dans son coin. Elle qui d’habitude avait toujours le sourire semblait inquiète aujourd’hui.
Ichinose — Oui… désolée, pas aujourd’hui.
Ichinose, qui avait l’air bousculée ignora pratiquement ses deux amies proches et traça sa route.
Ichinose — J’ai des petits trucs à faire et j’ai besoin d’être seul aujourd’hui.
Il est également clair qu’elle ne se contentait pas de jouer la comédie. On pouvait presque dire qu’entre la Ichinose d’avant ce camp et celle de maintenant, c’était le jour et la nuit. Je compris ainsi que Sakayanagi avait commencé à agir pour la dérouter à ce point. La tempête qui devait s’abattre sur cet examen spécial ne se limiterait ainsi non pas seulement aux garçons.
3
Comme c’était veille d’examen, la situation avait également beaucoup changé. L’ambiance de la cafétéria était toujours la même, mais il y avait maintenant une nette différence entre les groupes qui avaient marché et ceux dont ce n’était pas le cas. Lorsque je sortis dans le couloir, Kei était là, appuyée contre le mur de la cafétéria. Comme si nous ne faisions que nous croiser, elle me remit un morceau de papier. Elle entra immédiatement ensuite dans la cafétéria pour y trouver probablement ses amis pour manger. Après notre séparation, je regardai le morceau de papier avant de le déchiqueter en plusieurs petits morceaux pour les jeter dans les nombreuses poubelles installées dans toute l’école. Elle avait plutôt bien tenu le coup tout au long de cette semaine, mais elle devait avoir atteint ses limites. Je quittai la cafétéria et me dirigeais vers un certain coin du bâtiment scolaire parce que la personne que je fis surveiller par Kei se promenait maintenant dans l’espoir de passer un peu de temps seule.
Être dans son coin était difficile, car si on voulait sortir la nuit par exemple, les colocataires le remarqueraient. La seule option était de s’éclipser quand tout le monde était dans la cafétéria. Je continuai de suivre cette personne et la vis accroupie comme si elle se cachait. Elle ne m’avait pas remarqué tandis qu’elle continuait à pleurer à chaudes larmes. J’hésitai à intervenir, car même si elle était bien cachée, on ne savait pas quand un élève pouvait passer par là. Je devais régler ça rapidement.
Moi — Si tu as un souci, tu devrais consulter Horikita, l’ancien président du Conseil, non ?
— !?
La fille qui releva son visage était Tachibana Akane de la terminale A. Paniquée à l’idée de m’avoir montrée une facette d’elle pathétique, elle sécha ses larmes.
Tachibana — Que me veux-tu ?
Moi — Ce n’est pas ce que je veux qui importe, mais la question qui t’est adressée.
Tachibana — Je n’ai pas de problèmes.
Moi — Pleurer sans raison est un problème en soi.
Tachibana — Je ne pleure pas.
Après ce que je venais de dire, Tachibana m’évita du regard et ne bougea pas de sa place. Elle était en effet dans une zone d’ombre alors si elle sortait, on aurait pu voir ses yeux rouges et les traces de ses larmes sur le visage.
Tachibana — Il y a des moments où l’on a juste envie d’être seul.
Tachibana — Nous n’avons pas vraiment beaucoup d’intimité dans ce camp.
Une pause toilette était à peu près le seul moment pour ça, mais même dans ce cas, il était anormal de rester trop longtemps. De plus, il y avait toujours des élèves pour remarquer nos allées et venues.
Moi — Pour information, je suis aussi du côté du président Horikita.
C’était un mensonge, mais en disant cela, Tachibana me ferait probablement plus confiance.
Tachibana — Quand bien même tu serais du côté du président Horikita, tu ne serais d’aucune aide.
Je n’avais pas vraiment de quoi lui rétorquer.
Moi — Alors estime-toi heureuse que nous ne sommes pas devenus ennemis.
Tachibana — Aie un peu plus de respect pour tes ainés, je te prie quand tu t’exprimes. Jusqu’à présent je n’ai rien dit, car Horikita-kun était là, mais…
J’étais curieux de savoir comment elle en était venue à l’appeler Horikita-kun et pourquoi elle le considérait toujours comme président alors qu’il n’était plus en poste.
Tachibana — Ça doit être bien d’être en seconde. On est si énergique.
Moi — L’examen de demain te tracasse à ce point pour être aussi désabusée ?
Tachibana — Pas vraiment. Je sais qu’il y a tout ce système de leader et d’expulsion, mais notre groupe s’en sort à merveille de ce côté.
Moi — Alors pourquoi tu pleurais ?
Tachibana — Je t’ai dit que ce n’était pas le cas.
Quand je montrai les yeux de Tachibana, elle paniqua et utilisa sa main pour vérifier si ses yeux étaient encore humides ou non. Après avoir réalisé qu’ils étaient secs, elle se tourna vers moi en me regardant avec une expression légèrement colérique.
Tachibana — C’est pour Horikita-kun que je m’inquiète…
C’est un mensonge sans en être un. Je n’allais pas creuser de ce côté-là maintenant.
Moi — Inquiète ? Peut-on vraiment être inquiet pour lui ?
Tachibana — Horikita-kun… Horikita-kun s’est toujours battu seul. Jusqu’à maintenant, il s’est battu contre première et les terminale alors tu ne peux pas comprendre ce que ça fait de lutter contre tant de personnes alors qu’on est livré à soi-même.
Même si j’essayais de comprendre, cela n’aboutirait à rien.
Moi — Je sais que Nagumo et les première qui sont à sa botte sont ses ennemis, mais je ne savais pas qu’il en avait aussi en terminale. Je n’imaginais pas autant de personnes voulant se rebeller contre une personne aussi intimidante et inflexible que lui.
Tachibana — Ne vois-tu pas Horikita-kun comme une sorte de dictateur ? Quand bien même il fut président, il n’a jamais commis d’abus de pouvoir contrairement à Nagumo-kun. Il n’y a pas de place pour le laxisme dans un examen.
Je n’avais jamais eu l’occasion de me familiariser avec les affaires internes des terminale et encore moins d’avoir une idée du passé de l’ancien Horikita. Mais dire qu’il n’y a pas de place pour le laxisme dans un examen signifiait que…
Moi — Le conflit de classes en terminale est toujours d’actualité ?
Tachibana — Si Horikita-kun tombe, alors la classe A aussi.
Moi — Heh…
C’est ce que Nagumo avait dit. Que l’écart entre la classe A et la classe B en terminale n’était que de 312. Renverser la situation était tout à fait possible si Horikita était la seule force de classe A et que la classe B avait des élèves talentueux.
Moi — Au final, c’est un élève ordinaire, huh…
Tachibana — Horikita-kun est… …… ce n’est rien.
Elle s’arrêta comme si elle essayait de se retenir d’élever la voix, mais parce qu’elle voulait vider sa frustration, elle continua à s’exprimer lentement.
Tachibana — Parce que les autres élèves de la classe A ont toujours été un handicap… nous avons perdu beaucoup de points de classe que nous n’aurions pas dû perdre et même des points privés. Horikita-kun s’est toujours sacrifié pour protéger ses camarades.
Si ce que disait Tachibana était vrai, alors cela signifiait que Horikita était du même genre que Hirata, mais je ne pensais pas que ce soit le cas. Bien entendu, elle était mieux placée que moi pour parler de lui alors il y avait un fond de vérité, mais cela devait être nuancé. Il y avait probablement eu de nombreux cas où il traita de problèmes en coulisses sans révéler son ingéniosité. Celle qui l’avait vu sous son vrai jour n’était autre que la personne en face de moi.
Moi — En d’autres termes, tu es déprimée à cause de la situation actuelle ?
Tachibana — Je sais que Nagumo-kun a défié Horikita-kun et qu’il est incapable de faire un geste à cause de cela. Et aussi, que nous sommes incapables de faire quoi que ce soit pour l’aider.
Moi — Que vous l’aidiez ou non dépend aussi de votre détermination.
Tachibana — Je le sais bien.
Des larmes jaillissaient encore dans ses yeux et elle les essuya de plus belle avec son bras. Elle devait penser à Horikita, mais à d’autres choses aussi.
Moi — Tu as des ennuis, n’est-ce pas ?
Tachibana — Non. Pas vraiment.
Moi — C’est vraiment vrai ?
Tachibana — Tu ne lâches pas le morceau toi. Non je n’en ai pas.
Moi — Alors j’ai dû mal comprendre la situation.
Tachibana — Oui. S’il te plaît, ne dis rien de bizarre à Horikita-kun.
Moi — Entendu.
Après m’avoir averti, Tachibana partit vers la cafétéria. Elle faisait erreur. Ce n’était pas un problème qu’elle pouvait résoudre en se sacrifiant.
Moi — Ce sera donc échec et mat si je ne fais rien…
C’était ma conclusion après avoir observé le frêle dos de Tachibana s’éloigner de plus en plus.
4
Minuit. Je me réveillai en entendant un léger grincement venant du lit. Un élève se déplaça dans l’obscurité et même si la visibilité était absolument nulle, j’avais deviné qui c’était. Hashimoto, censé dormir profondément au-dessus de moi, descendit sans bruit en utilisant l’échelle du lit superposé sans même prendre avec lui une lampe de poche. Il quitta la chambre. Après cela, je me levai lentement.
Cela pouvait être une pause toilette, mais il y avait aussi d’autres possibilités. Je remarquai que pendant toute la semaine, il n’y avait pas eu un seul moment où Hashimoto alla aux toilettes au milieu de la nuit. Je le laissai prendre de l’avance et me mis à le suivre. S’il se trouvait juste devant la porte au moment où je sortais et qu’il remarquait ma présence, je comptais lui dire que j’allais aux toilettes. C’était précisément parce que nous partagions le même lit que Hashimoto pouvait penser qu’il m’avait réveillé. Je sortis dans le couloir furtivement.
Il n’y avait que la lumière de secours et le clair de lune qui arrivaient de l’extérieur, mais il était possible de marcher sans lampe de poche. J’ai vu Hashimoto se diriger vers les toilettes. Je le suivis toujours. Hashimoto tourna à gauche au lieu de continuer dans le couloir menant au petit coin. Hashimoto descendit au premier étage et sortit avec ses chaussures d’intérieur. En m’approchant, je me cachais en me posant contre un mur. Il n’y avait personne d’autre que lui làbas. Était-il venu prendre l’air avant l’examen ? Ou peut-être attendait-il quelqu’un ? J’eus tout de suite la réponse à ma question.
Sentant qu’il allait se tourner vers moi, je changeai de côté, car une ombre arriva depuis le chemin que nous avions emprunté. Il n’y avait pas un bruit d’insecte aux alentours. On pouvait ainsi entendre clairement la conversation.
Hashimoto — Yo, Ryuuen.
Ryuuen — Qu’est-ce que tu me veux ?
Hashimoto — Je veux juste discuter avec toi. Tu te démarques beaucoup trop à la cafétéria. Le seul moment où on peut se voir, c’est au milieu de la nuit.
Ryuuen — Et pourquoi tu as attendu le tout dernier jour ?
Hashimoto — Précisément parce que c’est le tout dernier jour. Tous les autres doivent dormir à poings fermés en ce moment.
Ryuuen —…je vois. Je suppose.
Il n’y avait en effet peu d’élèves qui resteraient debout si tard dans la nuit la veille d’examen. C’est pourquoi Hashimoto avait choisi un moment comme celui-ci pour avoir sa réunion secrète avec Ryuuen. Mais c’était un rendez-vous plutôt inatendu…ou pas. Lors de l’épisode de l’île déserte, Ryuuen entretenait déjà une relation avec la classe A. Ce ne serait pas étrange de les voir ensemble si Hashimoto avait joué le rôle de médiateur à l’époque.
Hashimoto — Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot alors sois franc avec moi. Tu n’es vraiment plus le chef de ta classe ?
Ryuuen — Kuku. Tu n’as pas l’air d’y croire ?
Hashimoto — Disons que ça me parait impensable que tu te sois fait battre par Ishizaki.
Cela semblait en effet assez ridicule.
Ryuuen — Ishizaki mis à part, Albert est redoutable. Tu rigoles pas trop quand tu te trouves en face de lui.
Hashimoto — Je vois. Albert est certainement une menace, je suppose. Mais le Ryuuen Kakeru que je connais ne se cacherait jamais devant un tel ennemi. Au contraire, il était du genre à avoir un coup d’avance.
Plutôt que d’apaiser ses doutes, cela ne fit que le rendre encore plus méfiant.
Ryuuen — J’en avais juste assez de diriger un groupe de personnes qui se rebellait continuellement. Je me suis fait une raison, plus envie de mener ma classe en A. Avec ce que vous me versez comme points chaque mois, je suis en sécurité de toute manière.
Hashimoto — Je vois. Alors tu t’es vraiment retiré du jeu.
Ryuuen — Convaincu ?
Hashimoto — Je me le demande. Pour être honnête, c’est toujours 50-50. J’aimerais plutôt que tu sortes les crocs tu vois.
Ryuuen — Pour gagner plus d’argent de poche ?
Hashimoto — Exactement. Tout comme toi, je veux la promesse d’être en classe A. Économiser jusqu’à 20 millions de points et avoir l’esprit tranquille, une situation que tout le monde envierait.
Mais c’était difficile d’en faire une réalité. Apparemment, Hashimoto visait aussi ces 20 millions de points.
Ryuuen — Je suppose que si tu es prêt à trahir Sakayanagi, on te garantit cette place en classe A.
Hashimoto — Si c’est nécessaire, oui.
Hashimoto répondit sans hésitation et ajouta autre chose ensuite.
Hashimoto — Trahir Sakayanagi ce n’est pas donné tu sais Ryuuen. Actuellement c’est elle la meilleure de notre classe et je suis toujours du côté du gagnant tu vois ?
Ryuuen — Curieux de voir combien de temps ton petit jeu va fonctionner.
Hashimoto — Je sais que je n’en ai pas l’air, mais je suis plus capable que tu ne le penses de me faire une place. Je suis content d’avoir parlé avec toi, au moins je sais que ton regard n’est pas mort.
Après avoir bâillé, Hashimoto s’exprima de plus belle.
Hashimoto — Quand la classe de Hirata a dépassé la tienne, je me demandais ce qu’il t’était arrivé, mais tu n’as pas l’air d’être devenu si faible que ça au final.
Ryuuen — Hein ?
Hashimoto — J’ai analysé chacun de tes adversaires et tout est clair maintenant. Ça donne une motivation pour écraser l’ennemi.
Ryuuen — De là à penser que tu ferais une analyse aussi profonde. Il y a quelqu’un qui a piqué ton intérêt ?
Hashimoto — Je sais que Kôenji est une menace. S’il décide d’agir pour sa classe alors même la classe A pourrait être dans le pétrin. Et puis il y a des élèves qui excellent sur le plan académique comme Hirata et Yakimura. Sudou est aussi un des meilleurs sportifs de seconde.
Ryuuen — Je ne sais pas pour les autres, mais Sudou n’agira pas.
Hashimoto rit puis montra qu’il était d’accord avec lui.
Hashimoto — Quoi qu’il en soit, on ne sait pas de quoi est fait à l’avenir. Mais je vais garder cela à l’esprit, au cas où. Même si Hirata et sa classe parviennent à se faire promouvoir en classe A, il n’y a pas de problèmes tant que je peux me mettre à l’abri.
Ryuuen — Je doute que tu aies autant de pouvoir pour commencer, mais fais de ton mieux pour ne pas te brûler, ok ?
Ryuuen se moqua de Hashimoto et essaya d’écourter la conversation.
Hashimoto — Même si c’est merdique, faire traîner ça est juste gênant.
Ryuuen — Ouais.
Je savais qu’ils allaient couper court à leur conversation alors j’essayai d’aller ailleurs. Hashimoto allait probablement retourner dans sa chambre tout de suite et s’il ne me voyait pas dormir, cela deviendrait suspect. C’est alors que je sentis quelqu’un d’autre approcher ce qui freina mon envie de rentrer. Cette personne remarqua Ryuuen et Hashimoto et les appela.
— Hey les seconde, c’est quoi cette réunion secrète ?
Ryuuen — Hein ?
Ceux qui se tinrent devant Ryuuen et Hashimoto furent Nagumo Miyabi et Horikita Manabu. Ryuuen s’arrêta de marcher pendant un instant, mais perdit immédiatement tout intérêt à la situation et se remit à marcher. Nagumo l’empêcha de passer.
Ryuuen — Hors de mon chemin.
En réponse à l’irritation de Ryuuen, Nagumo rit comme si cela le fascinait.
Hashimoto aussi, après être retourné dans le couloir pour voir ce qui se passait, croisa Nagumo du regard.
Nagumo — J’ai entendu dire que tu étais un gros fauteur de troubles. Tu es ce fameux Ryuuen n’est-ce pas ? Je vais avoir une petite discussion avec Horikita-senpai maintenant, mais tu devrais te joindre à nous.
Hashimoto sembla aussi invité.
Ryuuen — Pas intéressé.
L’épaule de Ryuuen tapa celle de Nagumo.
Nagumo — Tu as de l’audace. Tu n’as pas peur de moi, Ryuuen ?
Ryuuen — Président du Conseil des élèves ou pas, j’écraserai tous ceux qui se mettront en travers de mon chemin.
Nagumo — Heh.
Nagumo sembla maintenant porter un certain intérêt à Ryuuen, qui ne bougea pas d’un pouce.
Nagumo — Je ne déteste pas vraiment les gens dans ton genre, mais tu n’as pas l’étoffe pour faire partie de mon Conseil.
Quand Ryuuen essaya de passer, Nagumo l’appela de nouveau.
Nagumo — Pourquoi ne pas faire un pari ? Dans l’examen spécial de tout à l’heure, entre mon groupe et le groupe de Horikita-senpai, lequel aura le meilleur classement ? Si tu gagnes, je te donne 10 000 points, mais si tu perds, tu payeras cette somme.
Ryuuen — Très peu pour moi les jeux d’argent, surtout pour ça.
Nagumo — 10 000 points c’est tout ce que ça représente pour toi ? T’es en classe D non alors niveau thune ça ne doit pas être fou. C’est l’occasion pour toi de gagner un peu.
Ryuuen — Alors propose 1 million. Je mords si tu es prêt à parier autant.
En disant cela, Ryuuen s’était retourné.
Nagumo — Hahaha. T’as de l’humour Ryuuen. Vas-y, tu peux partir.
Il pensait que la proposition de Ryuuen était une blague.
Ryuuen — Si tu n’as pas les couilles de payer au moins ça, alors ne me demande pas de parier.
Nagumo — Hey toi, l’autre seconde. Tu crois que Ryuuen peut payer ?
Nagumo s’adressa à Hashimoto. Ce dernier était au courant de l’arrangement secret qu’il avait passé avec la classe A, et devait savoir qu’il était tout à fait capable de le faire, mais…
Hashimoto — Je ne suis pas sûr… nous sommes dans des classes différentes donc je ne peux rien dire.
Nagumo — Si on avait nos portables et qu’on pouvait vérifier nos comptes, ça ne m’aurait pas dérangé de jouer le jeu. Dommage.
A la fin, le pari fut annulé. Hashimoto essaya de profiter du moment pour partir. Peut-être parce qu’ils étaient déjà hors de sa vue, Nagumo se détourna d’eux et jeté un coup d’œil à Horikita l’ainé.
— Horikita-senpai, renonce à l’examen de demain.
Il dit cela à la surprise générale. Ryuuen continua son chemin, mais Hashimoto s’arrêta net.
Horikita-senpai — Pardon ?
Nagumo — Tu as bien entendu ?
Horikita-senpai — C’est encore plus absurde que la blague de Ryuuen.
Nagumo — En fait, je suis très sérieux. Je dis ça pour ton bien, senpai.
Horikita-senpai — Sois clair. Je sais que tu as une fâcheuse tendance d’écrire des scénarios tout seul dans ta tête, mais je pensais que tu avais un peu corrigé ce point.
Nagumo — Je suis désolé, je suis très lucide sur l’avenir et il faut considérer cela. Si tu ne renonces pas, tu le regretteras. J’aurais pu ne pas te prévenir, mais je ne suis pas aussi cruel. Je fais montre de toute la sympathie que j’ai pour toi senpai.
Horikita-senpai — Qu’est-ce que tu prévois au juste ? En fonction de ce que c’est, j’accepterai ou non.
Nagumo — Je comprends qu’il faille un duel équitable sans impliquer des personnes extérieures, mais vu le déroulement de l’exam et comment le duel risque d’être serré, il fallait bien tenter quelque chose en coulisses pour gagner.
Horikita-senpai — Est-ce que cela a quelque chose à voir avec le fait que je doive me retirer ?
— En renonçant, tu minimises les dégâts que tu subiras. Tu ne sais pas ce que j’ai préparé, car personne dans cet établissement ne peut lire en moi. Même ton petit protégé… C’était quoi son nom déjà ?
Nagumo regarda autour de lui et fixa délibérément Hashimoto. Ce dernier ne comprenait pas.
Nagumo — Oui, c’est vrai. Si je me souviens bien, il était dans le même groupe que ce seconde là. Ayanokôji Kiyotaka, c’est ça ?
Comme pour que Hashimoto le sache, Nagumo souligna clairement mon nom.
Nagumo — Que penses-tu de Ayanokôji ?
Hashimoto — Heu…C’est un élève normal…
Hashimoto fut déconcerté après avoir entendu mon nom de façon inattendue.
Nagumo — N’est-ce pas ? Mais Horikita-senpai ici semble classer Ayanokôji au-dessus de tous les autres seconde.
Hashimoto — Peut-être pour sa prestation lors du relais ?
Nagumo — Normalement, oui. Mais il semble que ce ne soit pas tout. Horikita-senpai place Ayanokôji au-dessus même de Sakayanagi, de Ryuuen ou d’Ichinose. Puisque vous êtes dans le même groupe, j’ai pensé que tu aurais été capable de sentir quelque chose.
Hashimoto — Non, rien……
Nagumo — Peux-tu nous expliquer senpai ?
Horikita-senpai — Tu vas trop loin, Nagumo. Quand ai-je déjà exprimé mon opinion sur Ayanokôji ? Arrête de déformer la réalité et de taquiner les seconde.
— Désolé, senpai. Je suppose que tu as raison. Désolé, Hashimoto. C’était une blague à l’instant.
Hashimoto — Je vois…
Le sujet de leur discussion était un peu épineux, mais je décidai d’en rester là. Comme ils bloquèrent tous les trois l’accès au couloir, j’empruntai l’escalier à l’autre bout pour retourner dans ma chambre. C’était un détour, mais si je n’étais pas là au moment où Hashimoto revenait, cela aurait pu éveiller des soupçons. Quelques minutes après mon retour, Hashimoto retourna tranquillement dans la chambre. Dans le noir, je sentis un regard se diriger vers moi, mais c’était tout.
Ensuite, Hashimoto s’endormit en silence.