Classroom of the elite Chapitre 75

Brebis égarée

Les vacances passaient. La fin du mois de Mars arrivait inévitablement.

 

Je n’avais rien fait de particulier au cours de ces derniers jours. J’avais juste passé mon temps dans ma chambre, à profiter des vacances. Je voulais accueillir la nouvelle année scolaire en toute insouciance, sans me pendre la tête…

Je me réveillai juste avant 8 heures et je remarquai que j’avais reçu un sms. C’était de la part de Ichinose Honami, en classe B. Elle voulait qu’on se voit. Il y allait donc y avoir un peu d’animation pendant cette fin de vacances ! Nous n’avions pas convenu de jour mais il semblait qu’elle tenait à ce que Horikita soit de la partie ; je pouvais donc en déduire que c’était elle qui était la raison principale de notre rendez-vous, moi en second.

 

Je pouvais même prévoir approximativement le contenu de la conversation. Elle allait sûrement parler de notre examen de fin d’année, de comment on avait choisi nos événements… Bien qu’Ichinose ait déjà recueilli quelques informations à ce sujet, elle voulait certainement connaître les détails de nos 3 victoires et 4 défaites contre la classe A. Enfin, elle allait probablement évoquer notre passage en deuxième année et la façon dont on allait l’aborder, tout en faisant le point sur les relations entre nos classes : est-ce qu’on les poursuit ou non ? Bref, sûrement un mélange de tous ces sujets. Surtout la question de la coopération de nos classes était prioritaire.

 

Moi — Est-ce que Ichinose s’est déjà remise de ce qui s’est passé ?

 

On ne s’était pas vu des vacances. Les résultats devaient encore lui rester en travers de la gorge : bien qu’ils aient obtenu 2 victoires, ils avaient également subi 5 défaites. C’était donc globalement un échec. Malgré notre retour en classe D, les différences de notes se réduisaient. Un bouleversement dans le classement, dû à un nouvel examen spécial, était désormais très probable. La classe B et les classes inférieures étaient maintenant pratiquement à égalité.

 

 

Voici pourquoi il était vraiment essentiel d’évoquer nos relations. Si la coopération établie en 2nde avait été profitable pour nous deux, l’idée qu’elle pouvait possiblement se retourner contre nous pour l’année qui suit nous avait traversé l’esprit à nous comme à elle. Et, si vraiment ce scénario catastrophe se produisait, cela allait nous contraindre à mettre fin à nos relations de manière violente et par la force, ce qui serait tout de même dommage.

 

Les classes, supérieures comme inférieures, se devaient donc de penser à leur avenir. Si Horikita était au courant de l’invitation d’Ichinose, alors il n’y allait probablement y avoir aucune surprise pour elle : elle savait qu’elle n’allait pas être conviée pour boire un café glacé et profiter du beau temps, mais pour discuter de notre ligne stratégique qui pouvait bouleverser les relations entre nos deux classes. Et supposons qu’Ichinose n’ose pas vraiment aborder le sujet,

Horikita, elle, n’allait sûrement pas hésiter à le faire.

 

De toute façon, cette conversation allait avoir lieu, quoi qu’il arrive. La question était quand. J’étais disponible toute la journée aujourd’hui, mais qu’en était-il de Horikita ? Son frère disait qu’il allait quitter les lieux à la fin du mois. Horikita devait ainsi encore avoir envie de profiter un peu de lui avant qu’il parte. Ça aurait été logique qu’elle ait un truc du genre « famillefamille » de prévu. Quant à savoir si son frère était prêt à le faire et si Horikita avait eu le courage d’aller le contacter, ça c’était une autre paire de manches.

 

Je décidai donc d’abord d’envoyer un message à Horikita. Je décidai également d’ajouter une autre ligne.

 

Moi : Es-tu prête à parler à ton frère ?

 

Du reste, je lui avais juste écrit ce qu’Ichinose voulait faire et lui avais envoyé.  Et elle ne tarda pas à répondre.

 

Horikita : Je suis disponible quand vous voulez !

 

C’était sa réponse. Non, ce n’était pas « quand on veut » que je voulais entendre. Sans surprise elle avait passé sous silence ce qui concernait son frère. Néanmoins je ne voulais pas faire le gars trop intrusif. Ainsi je proposai une date, l’air de rien.

 

Moi : Le 2 avril du coup, ça te dit ?

 

C’était ma façon de lui dire « aller, profite, c’est ces jours-ci ou jamais ».

 

Horikita : Je suis libre aujourd’hui.

 

Ainsi répondit-elle, ce qui signifiait qu’elle ne voulait pas que je mêle trop de ça Même si admettre qu’elle voulait passer du temps avec son frère était difficile pour elle, il lui suffisait de dire qu’elle était occupée. M’enfin, elle était tellement du genre butée que même si je prétextais avoir moi-même des choses à faire, elle n’allait pas me croire.

 

Moi : D’accord, c’est comme tu le sens. Moi aussi ça m’arrange de me débarrasser de ce genre de trucs d’abord 🙂

 

Autant la suivre, je préférai aller dans son sens. Puis, une fois la réunion terminée, elle aurait encore assez de temps pour rencontrer son frère.

 

Moi — Ça promet…

 

Il semblait donc qu’ils n’allaient pas se rencontrer avant son départ. Je répondis à Horikita, acceptant de rencontrer Ichinose aujourd’hui. Après l’avoir confirmé auprès d’Ichinose, il fut décidé que notre rencontre aurait lieu à 10 heures du matin, au café du 2ème étage du centre commercial de Keyaki.

 

 

 

1

 

À l’approche du mois d’avril, la température avait progressivement augmenté.

 

C’était juste après 9h30 du matin. Bien que le temps était ensoleillé aujourd’hui, les prévisions météorologiques annonçaient qu’il allait pleuvoir à midi. Nous avions décidé de nous retrouver plus tôt afin d’éviter la pluie.

 

Il restait encore beaucoup de temps avant la réunion, alors je décidai d’abord d’aller me promener dans le centre commercial. J’appuyai sur le bouton de l’ascenseur. Comme c’était les vacances, je risquai de croiser beaucoup d’élèves de l’école en allant au centre commercial, des camarades comme des ainés. Même si je ne connaissais pas beaucoup de monde, si je me promenais un peu, je rencontrais des visages familiers. Puis il fallait noter que le nombre de terminale diminuait de jour en jour, si bien que je n’en croisais pratiquement plus. Dire qu’une fois le 1er avril venu, il n’allait rester que nous et les actuels 1ère. Les terminale allaient laisser un vide.

 

En y réfléchissant, je tombai sur une fille de la même année que moi dans l’ascenseur.

 

Ibuki — Encore toi…

 

L’étudiante de première année qui gardait ses distances et me parlait sur un ton mécontent n’était autre qu’Ibuki de la classe D. Je me disais que la façon dont elle passait ses vacances était assez semblable à la mienne. Elle pensait probablement la même chose. C’était un ascenseur, donc nous étions ensemble dans un espace clos.

 

Moi — Je ne trouve pas ça particulièrement étonnant de te rencontrer ici, surtout pendant les vacances.

 

Ibuki — Tu dis ça… mais je ne veux plus rien avoir à faire avec toi.

 

Moi — Je sais.

 

Elle semblait détester être venue dans ma chambre la dernière fois. Si Ishizaki ne l’avait pas forcée à venir, elle ne l’aurait sûrement pas fait. Même si elle me détestait, Ibuki était venue avec Ishizaki pour le bien de Ryuuen. Cela montrait qu’elle pensait que Ryuuen faisait partie intégrante de sa classe.

 

J’entrai alors dans l’ascenseur dans lequel Ibuki était déjà, car il n’y avait pas beaucoup de choix.

 

Ibuki — Il ne va pas tomber en panne à nouveau… ?

 

Moi — Maintenant que tu le dis, j’avais presque oublié.

 

Cela me rappela les vacances d’été, pendant lesquelles Ibuki et moi nous nous étions retrouvés coincés dans un ascenseur ensemble. Bien que nous étions tous les deux vigilants au cas où quelque chose de semblable se produirait, de tels accidents improbables ne se produisent pas deux fois.

 

Après être arrivé dans le hall du premier étage, Ibuki sortit immédiatement de l’ascenseur. Il semble qu’Ibuki se dirigeait également vers le centre commercial Keyaki.

 

Moi — Est-ce que ça te va ? Tu marches au même rythme que moi.

 

Elle aurait pu marcher plus vite ou courir pour quitter rapidement ma présence.

 

Ibuki — Pourquoi est-ce que ça doit être moi ? Pourquoi tu ne marches pas plus vite alors ?

 

Même si elle ne me supportait pas, il semblait qu’elle ne voulait pas être celle qui prendrait l’initiative de partir. C’était exactement le genre d’Ibuki, ne pouvant accepter la défaite.

Cela dit, il me semblait bizarre de marcher plus vite juste pour m’éloigner d’elle, d’autant que personnellement ça ne me posait aucun problème d’être en sa compagnie. Au contraire, me dépêcher aurait représenté une grosse perte d’énergie.

 

Par conséquent, aucun de nous n’accéléra, et nous marchâmes côte à côte. De toute façon, nous l’allions pas en avoir pour très longtemps, mon lieu de rendez-vous étant très proche.

 

Moi — C’est super que Ryuuen ait pu revenir.

 

Ibuki — T’es agaçant. Tais-toi. Ne me parle pas.

 

J’en avais à peine placé une. Je faisais donc mieux de me taire. De toute façon je n’étais pas de ces gens qui avaient peur du silence, alors je ne dis rien. Et nous avons donc marché ensemble dans cette atmosphère de feu et de tension.

 

Ishizaki — Yo, Ibuki, attends-moi !

 

Après avoir marché dans cette atmosphère tendue pendant un bon moment, une voix forte vint de derrière nous. La voix était celle d’Ishizaki, de sa classe.  En tant que proche collaborateur de Ryuuen, il traînait pas mal avec Ibuki. C’était peut-être grâce au fait que nous étions entrés accidentellement en contact à plusieurs reprises que nous avions pu nous parler normalement ces derniers temps. Ibuki ne prit même pas la peine de regarder derrière elle et continua sa route, et elle avait bien entendu !

 

Ishizaki — Hé, attends ! Hé, attends !

 

Ibuki — Ferme là, tu es bruyant.

 

Ishizaki — Mais c’est parce que t’as pas répondu… Oh ? Ayanokôji est avec toi, hein ? Qu’est-ce que vous faites tous les deux ? Est-ce que ça pourrait être… un rendez-vous ?

 

Ishizaki courut vers nous pour nous dire ça, alors Ibuki lui donna un coup de pied au genou immédiatement après sa remarque.

 

Ishizaki — Ow ! C’est quoi ton problème ?

 

Ibuki — Celle-là tu l’as pas volée ! Allez, dégage !

 

Ishizaki — De toute façon on se voit après, hein

 

Il semblait qu’Ibuki devait rencontrer Ishizaki au centre commercial Keyaki.

 

Moi — Est-ce que Ryuuen vient ?

 

Ishizaki — Oui-Non…umm…

 

Je posai la question à Ishizaki, qui me répondit sans réfléchir.

 

Ibuki — Débile.

 

On dirait que deux-là allaient se retrouver au centre commercial Keyaki pour une raison particulière. D’après la réaction d’Ishizaki, il n’était pas difficile de deviner pourquoi. En tout cas, cette rencontre était censée être discrète.

 

Ishizaki — Rho, aller. À quoi bon lui cacher de toute façon ?

 

Bien qu’Ishizaki se soit vite remis de son erreur, Ibuki était toujours sérieuse.

 

Ibuki — Cela n’a plus d’importance maintenant, mais sache qu’un moment ou un autre nous devrons nous débarrasser de cet enfoiré pour monter !

 

Ishizaki — Pas faux.

 

Pourquoi en parlaient-ils alors que j’étais juste à côté d’eux ? Même si je me doutais du retour de Ryuuen, après avoir vu ça, c’était confirmé désormais.

 

C’était une réunion secrète car Ryuuen n’avait pas encore officialisé son retour dans la course. Et ça se comprenait : pour Ryuuen, qui avait déjà démissionné une fois de son poste de chef, ses camarades de classe ne pouvaient pas l’accepter comme ça. D’autant qu’Ishizaki était également confronté à un dilemme, car c’était lui qui s’était attribué le mérite d’avoir fait tomber Ryuuen.

 

Ishizaki — Hé, Ayanokôji.

 

Moi — Hmm ?

 

Alors que je triais ces informations dans ma tête, Ishizaki me parla.

 

Ishizaki — Pour monter en classe A, j’ai la stratégie ultime. Tu veux m’aider ?

 

Je ne savais pas quoi répondre, car je m’attendais à tout sauf à ça.

 

Moi — Écoutons d’abord ta « stratégie ultime ».

 

Ishizaki — Ouais !

 

Ishizaki se tapota la poitrine et dit cela fièrement.

 

Ishizaki — Viens dans notre classe. Comme ça, on pourra à coup sûr atteindre la classe A.

 

Moi — Pardon ?

 

Ishizaki — Si Ryuuen et toi vous bossez ensemble, vous serez invincibles. Même Sakayanagi et Ichinose n’auront aucune chance.

 

C’était donc la stratégie ultime d’Ishizaki. Ibuki rejeta l’idée que cette stratégie puisse fonctionner.

 

Ibuki — Impossible, impossible, absolument impossible.

 

S’associer à Ryuuen….

 

Moi — Dans l’absolu ce n’est pas bête.

 

Ibuki — T’es…sérieux ?

 

Ibuki jeta un regard dégoûté sur nous deux.

 

Ishizaki — Si t’es prêt à t’associer à nous, on t’accueillera à bras ouverts. Je pense que votre duo est puissant et imprévisible. En plus Albert a l’air de bien t’aimer parce que chaque fois que tu arrives dans une conversation, il s’excite un peu.

C’était la première fois que j’entendais dire que Yamada Albert m’aimait bien. Était-il toutefois vraiment approprié d’utiliser le mot “aimer” pour décrire ses sentiments à mon égard… Je n’avais pas beaucoup interagi avec lui. En fait, la seule fois où je lui avais vraiment parlé, c’était sur le toit. Est-ce qu’il en était venu à m’aimer après notre bagarre ? J’avais pensé au contraire que cela aurait créé du ressentiment envers moi.

Ibuki — Il ne l’a pas dit cash, hein ?

Ibuki semblait aussi avoir des questions à ce sujet, et elle les posa à Ishizaki.

Ishizaki — Les hommes peuvent ressentir ce genre de choses. C’est l’intuition, je te le dis, l’intuition.

Une intuition vraiment peu fiable. Il semblait aussi que si je rejoignais vraiment la classe de Ryuuen, Albert pourrait essayer de me combattre. Plus Ishizaki y pensait, plus il était excité. Toutefois je voulais rester cordial, étant flatté de faire l’objet d’une pareille proposition, alors je répondis sérieusement.

Moi — C’est impossible à réaliser. Comment vas-tu obtenir 20 millions de points pour le transfert ?

Bien qu’ils aient battu la classe B à l’examen de fin d’année, ils n’avaient pas pu accumuler autant d’argent.

Ishizaki — Ça, eh bien, Ryuuen va certainement faire quelque chose à ce sujet.

Moi — Il ne fera pas un effort pour faire quelque chose comme ça.

Ishizaki — Tu es sûr ? Je pense que si tu es prêt à te joindre à nous, Ryuuen coopérera.

Ibuki — Il ne nous aidera certainement pas.

 

À cet égard, j’étais d’accord avec Ibuki. Cette personne n’était pas quelqu’un qui se donnait du mal pour satisfaire les demandes des autres afin de les rendre heureux. Il allait encore moins se reposer sur moi uniquement pour atteindre la classe A. Sa fierté d’homme n’allait pas le permettre. Non, je ne voulais pas non plus qu’il soit quelqu’un qui ait recours à quelque chose comme ça.

 

Moi — Je suis heureux que tu m’aies fait une pareille offre, mais je vais devoir refuser. De toute façon, c’est plus amusant d’être des adversaires que des alliés, pas vrai ?

 

Ceci en mettant même de côté la question des points privés.

 

Ishizaki — Vraiment ? Merde, j’ai trouvé que c’était une idée géniale.

 

Ibuki — Tu es bizarre. Pourquoi t’as l’air quand même heureux de t’opposer à lui à nouveau ?

 

Ibuki eut un rire bien sinistre et ne daigna pas me regarder.

 

Moi — Et bien, j’ai hâte de voir comment il va contre-attaquer !

 

Je répondis honnêtement, Ibuki sembla presque me regarder avec dégoût. Ce n’était pas trop mon genre, mais si l’adversaire était Ryuuen, je n’étais pas contre une revanche !  Mais pour qu’il puisse m’égaler, il devait se développer encore plus. Il devait me montrer qu’il pouvait gagner contre Horikita, Ichinose et Sakayanagi.

 

Peu de temps après, nous arrivions enfin au centre commercial de Keyaki.

 

Ishizaki — Désolé Ayanokôji, on va en rester là. Ce serait un problème si quelqu’un nous voyait ensemble…

 

Bien que je ne savais pas où ils allaient se retrouver plus tard, échanger des idées comme ça n’était pas mal. J’ai apprécié qu’Ishizaki m’accorde tant d’attention, ce qu’il ne faisait pas d’habitude. Ainsi donc nous nous séparions, et je me dirigeai vers l’entrée du centre commercial.

 

En rencontrant Ishizaki pour la première fois, je n’avais jamais pensé être capable d’avoir ce genre de conversation avec lui. Bien que ma relation avec Ibuki avait légèrement régressé, c’était au moins un changement.

 

Moi — Ça fait déjà un an…

 

Les choses autour de moi avaient tellement changé au cours de l’année. Je pouvais même avoir des conversations avec Ryuuen et Sakayanagi. Sans parler des nombreux autres élèves. Ce n’était peut-être qu’une année, mais c’était une année bien remplie. C’était la preuve que le temps passait vraiment. Je n’avais pas vraiment compris avant, mais j’avais l’impression d’avoir acquis une compréhension du concept de temps qui passe.

 

En en parlant, cela me rappelait ce qui s’était passé l’année dernière. La période qui avait précédé mon entrée dans ce lycée. Cette période où j’avais joué double jeu et caché mes véritables intentions, car je voulais reprendre ma vie en main. Et au final ça en valait le coup. Cette année, j’avais pu ressentir des choses, des émotions, dont jamais je n’avais pu voir la couleur auparavant.

 

J’avais surtout essayé de le cacher à cet homme. De ne pas le provoquer… Car si cet homme l’avait découvert, il ne m’aurait sûrement pas laissé m’en aller comme ça. J’avais eu de la chance qu’on ne soit pas si proches, qu’il était si occupé qu’il rentrait rarement à la maison. Je devais avoir quelqu’un qui s’occupait de moi, un gardien, mais ce dernier avait passé la majeure partie de son temps à profiter à l’hôtel. Je n’éprouvais rien pour cet endroit que j’appelais « chez moi », même si j’y vivais.

 

Après tout, la white room était l’endroit où je passais la plupart de mon temps. Pour moi, cette maison n’était qu’une résidence temporaire dans laquelle je ne restais pas plus d’un an. Cela ne me semblait pas différent d’un hôtel.

 

Moi — La white room, hein.

 

Cet homme n’avait pas encore abandonné. J’avais déjà pu ressentir son désir intense de me faire sortir d’ici. Je ne savais pas grand-chose de ce qui s’était passé au cours de cette année, mais j’étais certain que cette « salle blanche » avait repris ses activités.

 

Et tant que la white room avait besoin de moi, j’allais être rappelé. Au plus tard dans 2 ans. Donc… j’avais encore deux ans pour profiter de cette vie scolaire.

 

Cela n’avait pas de sens de penser à cela maintenant. Et pourtant, ma situation actuelle était incomparable avec celle d’il y a un an. Car cette fois j’avais des souvenirs plein la tête définitivement gravés dans mon cœur, que rien ni personne ne pouvait m’enlever.

 

J’arrivai à l’entrée nord du centre commercial de Keyaki, où nous allions nous rencontrer. Normalement, les magasins ouvraient à dix heures tous les matins en semaine, mais certains magasins ouvraient à neuf heures pendant les vacances. Le café du deuxième étage où nous allions nous retrouver, par exemple.

 

Moi — C’est la vie.

 

Faire ce qui me plaisait, vivre librement ma vie de lycéen. Je parlais avec mes camarades de classe avec mon téléphone et je traînais parfois avec eux. Si on m’avait dit plusieurs années avant que je vivrais cette vie si banale, je n’y aurais jamais cru. Mais dire que cette vie était insatisfaisante serait un mensonge. Bien sûr, le lycée comprenait sa part de soucis. Mais beaucoup de choses avaient changé depuis ces derniers mois. Je me sentais plus à l’aise en compagnie des nombreuses filles dont je me rapprochais. Oui… Il semblait que je sois devenu une vraie personne en surface.

 

Bon… Je devais cesser de penser à tout ça et me concentrer sur le moment présent. Notamment sur la conversation qui allait avoir lieu.

 

Horikita — Tu es tellement en avance. Il reste environ 20 minutes avant l’heure. Tu n’as rien d’autre à faire ?

 

Horikita, qui portait des vêtements décontractés, dit cela en regardant son téléphone.

 

Moi —Tu dis ça, mais tu n’es pas aussi en avance que moi ?

 

C’était comme si nous confirmions qu’aucun de nous n’avait rien à faire pendant les vacances de printemps. Nous n’avons pas de suite commencé à aborder le rendez-vous, le temps de monter au premier étage.

 

Horikita — Tu dois sûrement savoir de quoi elle va nous parler.

 

Elle semblait croire que c’était le cas. Peut-être parce qu’elle pensait que puisque je ne l’avais pas interrogée à ce sujet, je devais le savoir. Elle avait raison, mais je voulais essayer de la taquiner un peu.

 

Moi —De quoi tu parles ?

 

Horikita — Tu sais clairement de quoi je parle, alors arrête.

 

Moi — Non, je ne sais pas. De quoi Ichinose va-t-elle nous parler ?

 

Je voulais insister sur le sujet, et embrouiller Horikita, mais…

 

Horikita — Tu ne sais vraiment pas ? S’il s’avère que tu le sais, alors je ne te laisserai pas t’en tirer si facilement.

 

Moi —…Eh bien, tu devrais d’abord te calmer un peu.

 

Je regardai Horikita et décidai d’arrêter de l’embêter, car elle avait l’air d’être sur le point de me mordre.

 

Moi — Je peux deviner de quoi il s’agit. Ce n’est pas difficile.

 

Horikita — Réponse bateau, arrête un peu de te payer ma tête.

 

Elle me répondit brutalement. Il semblait qu’utiliser ce genre de méthode pour essayer de jauger ce que savait Horikita était inutile.

 

Horikita — Essayais-tu de voir ce que je savais ?

 

Moi —Tu réfléchis trop.

 

Horikita — Vraiment ?

 

Plutôt que de dire directement ce qu’elle avait en tête, elle semblait s’être habituée à ma façon de faire. Ainsi je n’allais plus rien tirer d’elle avec des phrases ambigües comme je le faisais avant. Je décidai alors de changer de sujet, ne voulant pas me faire agresser à nouveau.

 

Moi — De toute façon… allons-y.

 

J’aperçu Ichinose attendre à l’entrée du café, alors j’en profitai.  Il restait encore 10 minutes avant l’heure prévue, mais Ichinose semblait être déjà arrivée.

 

Moi — Ichinose semble aussi « occupée » que nous on dirait.

 

Je ne pensais pas qu’elle venait d’arriver. Depuis combien de temps attendaitelle au juste ?

 

Horikita — Elle ne peut pas avoir autant de temps libre que nous. À en juger par cette situation, je pense qu’elle voulait simplement arriver à l’heure. Elle déteste probablement faire attendre les gens.

 

Peut-être était-ce comme le disait Horikita.

 

Moi — C’est donc ce que tu penses d’Ichinose.

 

Horikita — Au début, je pensais que c’était une hypocrite qui se comportait comme une bonne personne.

 

Elle avait peut-être un peu trop réfléchi encore, tout en jugeant paradoxalement un peu trop sur sa première impression.

 

Horikita — Mais au bout d’un an, mes pensées à son égard ont complètement changé. C’est vraiment une bonne personne.

 

Beaucoup de gens donnaient l’air d’être de bonnes personnes, et il était difficile d’en trouver une qui avait réellement un bon cœur car beaucoup ont des arrière-pensées. Mais elle était l’une des rares à avoir un cœur sincère et personne n’aurait pu qualifier Ichinose d’hypocrite.

 

Moi — Quel genre de vie menait-elle avant pour devenir aussi bienveillante ?

 

C’est la seule chose que je ne comprenais pas encore.

 

Horikita — Être gentille est une arme qu’elle possède, mais en même temps, c’est aussi sa faiblesse.

 

 

En se dirigeant vers elle, Horikita loua Ichinose et soupira, comme si elle s’inquiétait pour elle. Plus une personne est gentille, plus il est facile pour les plus méchants d’entre nous de l’utiliser en effet.

 

Moi — Penses-tu qu’il est préférable de ne pas être aussi gentil ?

 

Horikita — Être bienveillant serait bien pour quelqu’un qui vit dans les montagnes, entouré par la nature. Mais pour survivre dans cette société compétitive, être bienveillant est un handicap.

 

Moi — Je vois.

 

Horikita — Mais d’après sa personnalité, elle ne cessera jamais d’être une personne gentille et bonne.

 

Horikita disait qu’Ichinose continuerait d’être une personne bienveillante, même si cela allait lui être défavorable.

 

Moi — Même ainsi, Ichinose sait faire la différence entre le bien et le mal. Si quelque chose devait arriver qui mettrait en danger ses camarades de classe, elle serait prête à faire n’importe quoi. Elle ne perd jamais le nord.

 

Horikita — Si c’est le cas, alors c’est bon, bien sûr. Bon, lançons-nous !

 

Pour se préparer à la conversation qui allait avoir lieu, l’expression de Horikita devint sérieuse. J’arrêtai aussi de parler et j’interpelai Ichinose.

 

Moi — Ichinose, tu es vraiment en avance. Depuis combien de temps tu attends ?

 

Ichinose — Bonjour Horikita-san, Ayanokôji-kun. Je viens d’arriver.

 

Cette phrase était très clichée. Bien qu’elle ait dit cela, quand était-elle vraiment arrivée ? Ichinose, qui portait des vêtements décontractés, nous accueillit avec son sourire habituel.

 

Ichinose — C’est beaucoup plus facile d’obtenir des places tôt le matin !

 

Les élèves déjà présents dans le café étaient répartis, donnant l’impression qu’il y avait des places disponibles partout.

 

Ichinose — Commandez ce que vous voulez, c’est moi qui régale !

 

Elle tapa légèrement sur sa poitrine avec un poing serré en disant cela.

 

Horikita — Ce n’est pas pour avoir un avantage sur nous pendant la conversation, n’est-ce pas ?

 

Parce qu’elle avait fait l’expérience d’utiliser sa propre cuisine pour se mettre en position de force pendant des négociations, Horikita éveilla immédiatement des soupçons.

 

Moi — Elle n’est pas toi, elle ne fera pas ça.

 

Horikita — Je n’aime pas ce que tu as dit mais… tu as raison.

 

Comme Horikita l’avait noté juste avant, l’autre personne ici n’était autre qu’Ichinose. Elle n’allait pas utiliser une telle méthode pour obtenir un avantage dans une conversation comme celle-ci. Et même si elle en avait vraiment tiré un avantage dans la conversation, Horikita aurait sûrement pu gérer ça.

 

Horikita — Si c’est comme ça, alors merci beaucoup.

Ichinose — Bien sûr. Allez Horikita-san, tu peux commander en premier !

 

Poussée par Ichinose, Horikita débuta sa commande. J’étais inquiet pour Ichinose, alors je m’approchai d’elle pour lui parler. Même si c’était subtil, je pouvais sentir le parfum d’agrumes sur elle aujourd’hui encore.

 

Moi — Ichinose, tu n’auras aucun souci avec tes points personnels ?

 

Bien que je lui sois reconnaissant de nous avoir invités, ses points privés devaient être assez bas car elle les avait tous utilisés pour éviter qu’un de ses camarades de classe ne soit renvoyé. Bien qu’en tant qu’organisateur il n’était pas anormal d’inviter les autres, j’étais quand même un peu inquiet de sa situation financière.

 

Ichinose — Ah, euh, après avoir payé ici, je devrais encore avoir environ 3000 points. Il n’y a pas de problème.

 

Le mois d’avril approchait. Avec ce solde, elle devait avoir assez d’argent pour surmonter cette crise. Mais ses points privés auraient dû être réduits à 0 depuis un certain temps. Après avoir remarqué mon doute, peut-être, Ichinose ajouta.

 

Ichinose — J’ai eu cet argent après avoir vendu mon sèche-cheveux à Nishikawa-san, une fille de classe A. Je devais le faire pour pouvoir survivre en mars. Les autres aussi ont dû faire ce genre de choses.

 

Même si l’école avait un système dans lequel on pouvait survivre sans argent, il fallait quand même parfois avoir des fonds en main. Et la revente de particulier à particulier était plutôt courante, surtout si ça permettait d’obtenir un article moins cher qu’en magasin.

 

Ichinose — Alors Ayanokôji-kun, pas besoin d’hésiter. Allez, va commander aussi !

 

Ichinose, qui était maintenant derrière moi, me poussa doucement le dos en disant cela. En effet, si j’hésitais trop, elle n’allait pas être très satisfaite.

Après que Horikita ait commandé, j’allais donc moi-même prendre un café. Ensuite, nous avons tous les trois pris notre nourriture dans la zone prévue pour la récupération, et avions quitté le comptoir pour nous asseoir sur les sièges dans le coin du café.

 

Profitant du fait qu’il n’y avait pas encore beaucoup de monde ici, Horikita ouvrit immédiatement les hostilités.

 

Horikita — Allons-nous parler de l’examen de fin d’année ? Ou de l’accord entre nos classes pour avril ?

 

Sans m’en parler à l’avance, Horikita avait donc pu prévoir le sujet de la conversation avec Ichinose.

 

Ichinose — Ahaha, bien vu.

 

Ichinose, qui souriait en disant cela, avait aussi un regard sérieux. C’était la preuve qu’elles étaient toutes les deux conscientes de l’importance de cette entrevue.

 

Ichinose — Est-ce que ça vous dérange ?

 

Horikita — Non, j’avais aussi l’impression qu’il fallait qu’on parle, alors ça m’a beaucoup aidé que ce soit ton initiative. Après tout, tu es une personne populaire, c’est difficile pour nous de t’avoir pour nous tous seuls comme ça.

 

Ichinose — Ce n’est pas trop vrai ces derniers temps, pendant ces vacances de printemps vous pouvez quasiment me parler à tout moment.

 

En réponse, Ichinose eut un léger sourire. D’après l’expression de son visage, il semblait qu’elle essayait de cacher une sorte d’amertume. C’était probablement parce que quelqu’un avait essayé de lui proposer un rendezvous et qu’elle avait refusé. Quant à la raison de ce refus, Horikita avait dû le remarquer.

 

Moi — L’examen de fin d’année semblait te peser.

Même si ce n’était pas une façon très appropriée d’entamer la conversation, je dis ça à Ichinose. C’était parce que même si nous tournions délibérément autour du pot pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, nous allions finir par y venir de toute façon. Alors autant l’évoquer au plus tôt car Ichinose allait probablement de toute manière s’en remettre assez vite.

 

Comme elle ne voulait pas commencer par ce sujet, Horikita eut une expression raide pendant un instant. Malgré cela, elle réalisa ce que je faisais et s’adapta.

 

Ichinose — Ahhhhh, umm, j’ai perdu. Nous avons été complètement vaincus par la stratégie de Ryuuen-san.

 

Elle semblait se souvenir de quelque chose, soupirant profondément et secouant la tête. Puis elle dit cela avec certitude. Dérivant avec frénésie, Ichinose semblait soupirer constamment à propos de son échec.

 

Horikita — Nous ne savons toujours rien. Quelle était la raison de cette défaite ?

 

Ichinose — La raison de notre échec est évidente. C’est parce que je n’ai pas été à la hauteur.

 

Ichinose ne blâmait ni son adversaire ni ses camarades de classe. Elle répondit sans hésitation que la raison de l’échec était, bien sûr, elle-même en tant que chef.

 

Horikita — Bien que nous n’ayons pas vu l’examen se dérouler, il est difficile de t’imaginer faire de grosses erreurs.

 

Ichinose — Tu me flattes. Mais, tu sais, je pense que je n’ai peut-être pas su gérer mon stress…

 

Ichinose rejeta humblement les louanges d’Horikita. Non, elle disait probablement la vérité aussi. Elle avait été troublée par l’apparition surprise de Ryuuen, ce qui affecta le résultat.

 

Ichinose — Au début, nous pensions que le chef était Kaneda, et quand il s’est avéré qu’il ne l’était pas, cela a perturbé notre rythme.

 

 

Horikita — C’est compréhensible. Ryuuen s’était retiré de son poste de leader de classe, et il n’avait pas de points de protection donc il ne pouvait pas être le chef. C’est ce que nous pensions tous, mais cela faisait partie du plan de Ryuuen.

 

C’était exact. Même Sakayanagi et moi ne nous attendions pas à ce que Ryuuen réapparaisse. Pour Ichinose, qui devait être son adversaire, il était impossible qu’elle ne soit pas ébranlée. S’il perdait, il risquait l’expulsion : personne, à part Ryuuen, n’était prêt à exécuter un plan aussi risqué.

 

Ichinose — Je n’ai pas été capable de reprendre mes émotions, donc je suis responsable de notre perte. Ce fait ne changera pas.

 

Alors qu’elle réfléchissait à la façon dont elle allait lutter contre Kaneda, Ryuuen était soudainement apparu. Même si ce n’était pas mon problème, je ressentis tout de même un peu de peine pour Ichinose. Le chef avait certes un rôle assez limité mais, en même temps, son pouvoir de liberté de pensée et d’expression avaient été totalement annihilés par Ryuuen.

 

Ichinose — J’ai entendu dire que votre classe avait obtenu d’excellents résultats dans votre combat contre la classe A.

 

Ichinose nous félicita, en réponse.

 

Mais j’y repensais. Avant l’examen, j’avais demandé à Ichinose de nous laisser combattre la classe A. Horikita ne le savait pas, car elle m’avait demandé de viser la classe D. Officiellement, cela ne s’était pas passé comme prévu lors du tirage au sort, alors nous avions tiré au sort la classe A. Selon le sens de la conversation, les choses pouvaient devenir un peu délicates si quelque chose contredit ce que Horikita pensait être vrai. Il était peut-être préférable d’en discuter d’abord avec Ichinose, mais le problème était que j’avais dit à Ichinose que c’était Horikita qui voulait cibler la classe A.

 

 

Pour résumer, Ichinose pensait que c’était Horikita qui avait demandé à combattre la classe A, et Horikita pensait que j’avais perdu le tirage au sort, ce qui nous a obligés à combattre la classe A. Les deux camps étaient dans une position où ils ne connaissaient pas la vérité. Il était impossible d’éviter le sujet si la conversation se poursuivait. Si j’étais le moi habituel, j’aurais fait des préparatifs à l’avance. Ou bien j’aurais pris des mesures temporaires pour faire face à ces situations d’urgence sans que personne ne s’en aperçoive. Après avoir réfléchi un moment, je décidai de me lancer et d’y aller franco. Quant à la raison pour laquelle je n’avais pas agi jusqu’à présent, c’était pour voir dans quelle mesure Horikita avait mûri.

 

Moi — Une défaite est une défaite. Je me souviens que je t’ai demandé de me donner le droit de combattre la classe A. Si la classe B avait affronté la classe A, les résultats auraient pu être différents.

 

Après avoir entendu cela, le regard d’Horikita se tourna immédiatement vers moi. Elle était très claire. « Que veux-tu dire par lui demander de combattre la classe A ? », c’est ce que son regard voulait dire. Mais comme j’avais lancé la chose de façon très naturelle, Horikita laissa passer.  Son regard fut posé et bref, ainsi Ichinose ne remarqua pas l’étonnement de cette dernière qui avait compris que ce n’était pas le moment d’en parler.

Si elle était la Horikita d’avant, elle m’aurait immédiatement interrogé sur place, ce qui aurait aussi fait douter Ichinose. Même sans ça, cette dernière semblait déjà commencer à soupçonner un léger couac. La capacité de compréhension et de jugement de Horikita s’étaient considérablement améliorés. Non, je dois dire qu’elle était devenue plus maline.  Grâce à la patience d’Horikita, Ichinose avait donc conclu que c’était bien Horikita qui avait choisi de cibler la classe A. Ce faisant, mon rôle officiel était réduit du point de vue des autres classes.

 

Horikita — À cause de ma demande, tu as dû mener une dure bataille…

 

Pour soutenir ce que je faisais, Horikita s’excusa auprès d’Ichinose.

 

Ichinose — C’est ma responsabilité, donc il n’y a aucune raison que tu t’excuses.

Le match entre la classe B et la classe D avait été un mauvais match, la classe B n’ayant gagné que 2 fois et perdu 5 fois. La classe B avait donc perdu beaucoup de points d’un seul coup.

 

Ichinose — C’était un tirage au sort. Le gagnant était Kaneda, qui avait aussi choisi la classe B, donc ça n’avait pas d’importance de toute façon.

 

Bien sûr, c’était effectivement le cas après avoir examiné les résultats maintenant. La bataille entre la classe B et la classe D était inévitable, même s’ils s’étaient préparés à l’avance pour que cela ne se produise pas.

 

Ichinose — Ce n’est pas une chose à laquelle tu devrais réfléchir, Horikita-san. Je… Je dois trouver une stratégie plus stable qui puisse nous mener à la victoire. Je suis celle qui doit réfléchir en profondeur.

 

Bien qu’elle ait été enthousiaste en disant cela, la question de savoir si sa mentalité s’était adaptée était une autre question.

 

Horikita — Si c’est possible, peux-tu nous expliquer quelle était la stratégie que tu as utilisée ? Bien sûr, en échange, je t’expliquerai aussi en détail notre combat contre la classe A.

 

Horikita avait déjà dû entendre certaines des rumeurs sur ce qui s’était passé. Mais seuls les chefs savaient ce qui s’était passé entre eux. Ichinose approuva de la tête la proposition.

 

Les événements choisis par Ichinose et les événements choisis par Ryuuen. L’ordre des événements, les événements choisis et la façon dont Ryuuen s’y prenait pour les réaliser. Où elle avait gagné et où elle avait perdu. Ichinose révéla tout sans langue de bois.

 

La classe D de Ryuuen adopta un style de force brute lors de l’exécution des événements. Pour les élèves de la classe B, cela permettait d’exploiter une de leurs faiblesses flagrantes.

 

Ichinose — Ils ont adopté une approche physique et brutale.

 

Moi — Si c’était le cas, nous n’avions aucune chance contre eux.

Horikita — Oui… même du côté des garçons, seul Sudou-san pouvait gagner. Non, si son adversaire était Yamada-san, il n’y avait aucune garantie de victoire.

 

Si Kôenji avait été sérieux, il avait aussi toutes ses chances. Mais Horikita ne pouvait pas mettre en avant cette hypothèse. Quant aux filles, en dehors de Horikita, je ne voyais personne d’autre capable de se battre.

 

Horikita — La classe A est capable de gagner contre les méthodes de Ryuuen.

 

Ichinose — En effet

 

Tout dépendait de la chance. Si la chance était du côté de Ryuuen, il aurait été capable de vaincre toutes les autres classes. Après, en observant de plus près, leur taux de victoire très élevé contre la classe B témoignait d’une certaine volonté de les attaquer dès le départ.

 

Horikita — Mais, vous avez eu aussi des événements choisis par votre classe, alors comment avez-vous perdu sur deux d’entre eux ?

 

Bien que les méthodes de Ryuuen soient puissantes, tout dépendait de la chance d’une manière ou d’une autre. La classe B avait obtenu quatre épreuves à elle, donc Ichinose aurait pu gagner dans ces épreuves.

 

Ichinose — ….Hummm.

 

Horikita ne savait rien de tout cela, et moi aussi. Nous l’avions donc écoutée attentivement, sans rien savoir de ce qui se passait. Qu’avait fait Ryuuen exactement ? Ichinose nous le raconta en détails.

 

Il n’avait rien fait directement aux élèves. Au lieu de cela, il les avait attaqués mentalement. Il avait mis beaucoup de pression sur notre classe et a multiplié les contacts. D’autant que certains élèves de la classe B n’ont pas été des plus en forme en raison de malaises physiques soudains dans la journée. Après avoir mentionné cela, Ichinose poursuivit.

Ichinose — J’ai perdu à l’épreuve à laquelle j’étais censée exceller, et je n’ai pas pu m’adapter à la situation. C’est ma faute, comme pour mon rôle de chef.

 

Elle n’avait pas blâmé Ryuuen.

 

Moi — Beaucoup de tes camarades de classe avaient des douleurs à l’estomac et présentaient des troubles tels que des migraines ou autre ?

 

Bien sûr, Horikita comprit que tout cela faisait partie du plan de Ryuuen.

 

Horikita — Je suis sûre que cela faisait partie du piège de Ryuuen-san. J’ai entendu des étudiants qui se sentaient mal le jour où ils sont tombés sur Ishizaki-san avant l’examen alors qu’ils étaient au karaoké.

 

Le karaoké, hein ? C’était l’un des endroits où les élèves étaient rarement surveillés. Un plan à très haut risque tout de même que de les empoisonner là-bas.

 

Horikita — Tu ne devrais pas essayer de signaler cela à l’école ?

 

L’examen était déjà terminé depuis une semaine. La nourriture et les boissons avaient sans aucun doute été jetées. On pouvait remonter jusqu’à la pharmacie pour retracer les achats des médicaments utilisés, mais au final il n’y avait pas de vraies preuves qu’ils aient été effectivement utilisés pour ça par la classe D.

 

Horikita — Il n’y a pas de mal à le signaler à l’école. Même si cela ne donne aucun résultat cette fois-ci, le rapport que vous faites maintenant pourrait jouer un rôle dans le cas d’un éventuel prochain incident.

S’ils continuent à faire ce genre de choses, l’école sera plus stricte à leur égard. Si l’on découvrait que la classe D était vraiment derrière tout cela, ce serait un problème grave que l’école ne pourrait ignorer.

 

Ichinose — Peut-être. Mais ça n’a pas d’importance, je ne le signalerai pas à l’école.

Ichinose rejeta la proposition. Dans la semaine suivant l’examen, ses camarades de classe lui avaient tous conseillé de faire appel à l’école à plusieurs reprises, et pourtant elle ne l’avait toujours pas fait.

 

Horikita — Pourquoi ? Tu vas juste te soumettre à cette humiliation ? C’est un incident grave qui peut changer les résultats de l’examen, et tout ce que tu as à faire est de révéler ces détails.

 

Les preuves n’étaient pas impossibles à trouver, c’est ce que disait Horikita. Selon la situation, la classe D pouvait faire l’objet de mesures disciplinaires. Et plus le temps allait passer, et plus ça allait être difficile.

 

Horikita — Je t’aiderai même, si tu le veux.

 

Si c’était Horikita, elle n’aurait jamais renoncé à cela. Parce qu’elle était comme ça, elle avait proposé d’aider Ichinose.

 

Ichinose — Merci, Horikita-san. Mais je ne veux toujours pas me plaindre. Il n’y a toujours pas de preuve concrète maintenant, et… je veux utiliser cet incident comme une leçon.

 

Horikita — Leçon ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

 

Ichinose n’avait donc pas été convaincue par la tirade de Horikita.

 

Ichinose — Je pense que j’ai de la chance.

 

 

Ichinose, qui avait une expression résignée à l’instant, se ressaisit. C’était comme un moteur en panne qui essayait désespérément de s’allumer.

 

Ichinose — Je ne sais pas ce qui se passerait si cela se reproduisait pendant les périodes cruciales de 1ère et de terminale, mais maintenant, il y a encore possibilité de se relever.

 

Ichinose hocha fortement la tête, les yeux débordants de puissance. J’étais peut-être le seul à pouvoir comprendre son génie à ce moment-là.

Ichinose — Toute notre classe prend cette défaite au sérieux, et nous avons décidé de faire bon usage de cet échec, et de ne pas répéter les mêmes erreurs à l’avenir.

 

Horikita — Eh bien, je ne suis pas dans votre classe, donc je ne dirai rien de plus. Si c’est votre décision.

 

Ichinose — Très bien alors !

 

La classe B avait maintenant fini de raconter à la classe D ce qui s’était passé de leur côté. Nous avions fini d’écouter les détails de la bataille entre Ichinose et Ryuuen. C’était notre tour maintenant. Horikita me regarda, me transmettant ses pensées à travers ses yeux. « Tu vas me dire ce que t’as mijoté ? », semblait-elle me dire.

 

En tant que chef, tout comme Ichinose, j’avais les mêmes devoirs lors de l’examen de sélection des événements. Mais rien d’intéressant à raconter spécialement sur le rôle de chef, c’était même plutôt barbant. J’allais donc parler des événements auxquels nous avions pris part, comment nous avions gagné et perdu. Bien sûr, je n’allais rien mentionner d’inutile, comme la façon dont j’ai répondu à cette question dans l’épreuve de calcul mental.

 

Ichinose — Je connais déjà les résultats de votre combat, mais c’est quand même une belle démonstration de votre classe.

 

Moi — Malgré tout, nous avons perdu contre Sakayanagi lors du 7ème match à la fin.

 

Rien d’étrange là-dedans. Les échecs n’étaient qu’un jeu. J’ai perdu, donc tout le monde devait se dire que j’étais moins fort qu’elle.

 

Horikita — La seule bonne nouvelle… enfin, on ne peut pas vraiment appeler ça une bonne nouvelle mais nous n’avons perdu que 30 points. Mais ce n’est toujours pas idéal, car l’écart entre les classes s’est à nouveau creusé.

 

Ichinose — Tes camarades de classe deviennent petit à petit plus forts, donc on ne peut plus vous prendre à la légère.

 

Même à un potentiel futur rival, Ichinose n’hésitait pas à complimenter.

 

Horikita — Oui. Notre classe ne fera que se renforcer !

 

Après avoir entendu les mots confiants de Horikita et les avoir vus dans ses yeux, Ichinose hocha la tête.

 

Horikita — J’ai quelque chose à te dire du coup.

 

Ichinose — Mhm.

 

Ce fut le début de la seconde moitié de la conversation. Le début de la vraie conversation. Et c’était Horikita qui l’avait introduite à la place d’Ichinose.

 

Horikita — Pour parler franchement, je veux annuler notre partenariat l’année prochaine.

 

Horikita fit une déclaration inattendue, mais Ichinose était déjà mentalement préparée à cela.

 

Ichinose — Je savais que tu dirais ça.

 

Horikita — Nous avons perdu contre la classe A, et nous sommes à nouveau en classe D. Si tu regardes simplement le classement, tu pourrais dire que c’était une perte pour nous, mais si tu penses à la situation dans son ensemble, nous n’avons pas vraiment perdu. On pourrait même dire que nous avons comblé l’écart.

 

Ichinose — C’est vrai. Si l’on considère que vous étiez à 0 point au début de l’année, votre classe est celle qui a gagné le plus de points tout au long de l’année. Et comme vos résultats contre la classe A étaient de 3 victoires et 4 défaites…

 

Après un peu de calcul, Ichinose remarqua quelque chose. La différence entre ces chiffres était si faible qu’il n’aurait pas été surprenant que nous sortions victorieux de cette bataille. Bien que l’interférence de Tsukishiro ait pu affecter les résultats, elle avait été annulée par le fait que nous avions suffisamment d’opportunités pour gagner.

 

Ichinose — Mais, ne pouvons-nous pas encore maintenir cette relation de coopération ?

 

Ichinose n’avait pas accepté facilement l’idée d’Horikita d’annuler le partenariat entre les classes.

 

Ichinose — Discutons à nouveau de cela quand les différences de points entre les classes se réduiront encore un peu.

 

Horikita — Je suis reconnaissante que tu veuilles toujours continuer. Mais je pense toujours qu’il serait préférable de peut-être en rester là.

 

Deux conditions étaient requises pour maintenir cette relation de coopération. La première condition était que la différence de points de classe soit si importante que le rattrapage en termes de points de classe soit impossible. L’autre condition était que les deux parties soient capables d’établir et de maintenir une relation stable.

 

En mai dernier, la différence de points de classe était de 650 points, et les points de classe B étaient restés stables tout au long de l’année. Grâce à cela, nous avons pu maintenir notre relation sans aucun problème. Cependant, la classe D ayant gagné 300 points tandis que le total des points de la classe B diminuait, cela réduisait considérablement l’écart. En d’autres termes, une des conditions était devenue caduque.

 

Horikita — L’année prochaine, je mènerai certainement notre classe à la classe B ou à une classe supérieure. Et pour vaincre la classe A, je compte obtenir tous les points de classe possibles.

 

Face à Horikita, qui s’était fixé un objectif aussi déterminé, Ichinose semblait trembler un peu.

 

Ichinose —…Oh, oui, je vois…

 

Ce qu’elle disait, c’est que notre classe devait donc aussi vaincre la classe B d’Ichinose. Et si tel était le cas, alors la relation de coopération ne pouvait pas continuer. Horikita avait jugé que la relation n’avait donc plus aucun sens.

Horikita — Pas d’objections ? Ayanokôji-san.

Moi — Bien sûr, je suis d’accord avec toi. C’est la bonne décision qui nous mènerait à la classe A.

Horikita demanda, et je hochai la tête. Son jugement n’était pas faux. Ichinose ferma les yeux et expira profondément.

Horikita — Je te suis reconnaissante, Ichinose, de nous avoir proposé une relation de coopération alors que nous étions au plus bas. Mais… même si tu nous en veux maintenant, le fait que nous soyons adversaires est inévitable.

Ichinose accepta tranquillement ce que Horikita avait dit avec conviction.

Ichinose — Comment puis-je te haïr ? Nous étions adversaires depuis le début !  Nous n’avons eu qu’une trêve temporaire. Je te remercie beaucoup pour ça aussi.

Finalement, Ichinose ouvrit lentement les yeux et regarda vers Horikita et moi sans l’ombre d’une quelconque amertume.

Ichinose — Dès le début de notre année de 1ère, nous serons ennemis.

Horikita — Oui.

Horikita serra fermement la main tendue d’Ichinose.

Horikita devait penser à certaines choses à cet instant, comme aux faiblesses de la classe B et comment nous pourrions les exploiter. Et Ichinose devait en faire de même.

Je devais toutefois réfléchir à la façon d’empêcher cette information de se répandre pour l’instant. Et ce fut la fin de notre brève conversation.

À partir d’Avril, notre combat avec la classe B allait officiellement commencer.

2

Bien que la réunion soit terminée, Ichinose voulait rester un peu plus longtemps. Après sa défaite et la rupture de notre relation de coopération, elle voulait probablement mettre de l’ordre dans ses idées. Horikita et moi avions donc quitté le café en premier. Juste après, nous arrivâmes aux escaliers où j’étais sur le point de descendre.

Horikita — Une petite minute.

Je fus arrêté par Horikita.

Horikita — Je dois te parler de quelque chose maintenant, alors écoute bien, et ne te tourne pas comme ça.

J’écoutai. Face à son ton sérieux, je fis le choix de rester. C’était signe de mon consentement.

Moi — Qu’est-ce qu’il y a ?

Horikita — Alors tout va bien tout d’un coup ? Tu n’as rien à me dire ?

Je sentis la colère dans sa voix.

Moi — Je ne sais pas de quoi tu parles.

Alors que j’exprimais ma confusion par rapport à ses paroles, Horikita n’hésita pas à aller droit au but.

Horikita — Tu as négocié avec Ichinose afin de défier la classe A, n’estce pas ?

Moi — C’est effectivement le cas.

Horikita — Et si ma version des faits n’avait pas concordé avec la tienne, ça n’aurait pas été gênant ?

 

Moi — Mais tu as coopéré comme il fallait.

 

Horikita — C’est parce que j’ai pensé que cela créerait des problèmes inutiles si je ne le faisais pas. Mais je pense que tu me dois tout de même quelques explications.

 

Moi — Ichinose l’a déjà dit. Kaneda a gagné au tirage au sort et a choisi la classe B.  Le résultat final n’aurait pas changé.

 

Horikita — Je veux savoir ceci : pourquoi voulais-tu défier la classe A sans ma permission ?

 

Moi — Parce que je pensais que c’était contre eux qu’on avait toutes nos chances.

 

Horikita — Ah oui ? Kaneda et Ryuuen ça n’aurait pas été mieux ?

 

Moi — Si nous avions été tirés au sort contre la classe D, la probabilité que nous perdions comme la classe B aurait été très élevée. Nous n’avons que Sudou et toi qui êtes aptes au combat.

 

Horikita — C’est seulement parce que tu connais le résultat maintenant. Quoi qu’il en soit, la classe D était le meilleur choix à l’époque.

 

Sa voix semblait plus proche maintenant, alors qu’elle faisait un pas vers moi. Mais elle ne s’approcha pas trop.

 

Horikita — Est-ce que j’ai dit quelque chose de faux ?

 

Moi — Non. En effet, choisir la classe A n’était pas l’option la plus aisée. Je ne peux pas le nier.

 

Horikita — Mettons de côté le fait que tu as complètement ignoré mes directives. Quelle était la raison pour laquelle tu voulais te battre contre la classe A ?

 

Même si elle savait que j’avais agi seul pour nous faire combattre contre la classe A, elle n’en connaissait toujours pas la raison.

 

Moi — Qu’est-ce que tu en penses ? Pourquoi est-ce que je ferais un effort pour mettre cela en place ? Peux-tu le deviner ?

 

J’essayai de lui demander. Même si c’était une question à laquelle elle ne pouvait pas répondre correctement. Elle ne savait rien de ma relation avec Sakayanagi, et elle ne savait rien de la White Room. Il n’y avait aucun moyen pour elle de répondre à cette question.

 

Horikita — Si je me base sur mes données et que j’essaie de trouver une réponse par ce biais… alors la seule réponse possible serait ce que tu as stipulé, à savoir que sur le moment tu avais déjà remarqué que la classe A était un adversaire plus accessible pour nous. Pourquoi donc avoir exclu les autres ? Enfin, pour la classe B, j’ai ma petite idée.

 

Même si nous n’avions pas délibérément planifié nos mouvements avec eux, nous avions quand même eu une alliance avec la classe B. La probabilité qu’Ichinose nous trahisse et cible notre classe lors de l’examen était extrêmement faible.

 

Horikita — Le problème, c’est la classe D. Normalement, la classe D serait le choix le plus évident… Mais ici, la classe B a lamentablement perdu contre la classe D car prise au piège de Ryuuen. Si nous les avions affrontés, c’est vrai que l’issue aurait été assez incertaine

 

Nous aurions pu être à égalité ou même être désavantagés par rapport à la classe D.

 

Horikita — Toutefois, tout le monde pensait que la classe D était l’adversaire le plus facile. Donc quelque chose t’a mis la puce à l’oreille ?

J’aivais bien peur qu’elle arrive à la limite de son potentiel de déduction.

 

Horikita — En d’autres termes, avais-tu prédit le retour soudain de Ryuuen à l’examen final ?

 

Moi — Peut-être. C’est pourquoi j’ai utilisé la classe B comme sacrifice.

 

Horikita — Si c’est vrai, tu aurais dû en discuter avec moi au préalable.

 

Moi — Bien sûr.

 

Je ne niai pas et choisis d’accepter ses paroles. Mais ce n’était pas une bonne explication de la raison pour laquelle j’avais agi sans sa permission.

 

Horikita — Mais, est-ce vraiment la raison ?

 

Moi — Quoi ?

 

Horikita — Pendant l’examen des votes, tu es arrivé premier parce que tu avais reçu beaucoup de votes d’éloges de la classe A. Et puis, une fois que tu as obtenu ton point de protection, tu avais décidé de viser la classe A. C’est comme si… toi et Sakayanagi aviez planifié cela à l’avance…

 

Bien que ce qu’elle venait de dire comportait beaucoup de banalités, elle semblait avoir commencé à remarquer ma relation avec Sakayanagi.

 

Horikita — Oublie ça… c’est absurde. Plus important encore, il n’y a aucune preuve de ce que j’ai dit.

 

En disant cela… Horikita retira sa déclaration.

 

Horikita — Est-ce que tu as l’intention d’atteindre la classe A ?

 

Moi — Je pense l’avoir montré non ?

 

Horikita — Bien sûr, mais es-tu sincère ? Depuis le début de l’année scolaire jusqu’à maintenant, tu as toujours semblé réticent à vouloir travailler en vue de cet objectif.

 

Moi — Les gens peuvent changer. Même toi, tu as changé, et j’ai l’impression de t’avoir mal jugée depuis le début.

 

En fait, j’avais déjà commencé à penser à m’installer dans les classes supérieures. Mais il n’était pas illogique de penser que je n’étais pas digne de confiance. Surtout envers Horikita, car je n’avais pas toujours été coopératif avec elle. Du point de vue des autres, il n’était pas surprenant que peu de gens soient encore à l’aise avec moi.

 

Horikita — Oui, les gens grandissent… et les perceptions changent.

 

Bien qu’elle soit encore un peu insatisfaite de la réponse, Horikita s’en était, d’une certaine manière, contenté.  Cependant, la conversation ne s’arrêta pas là.

Horikita — Notre classe grandit, et elle va continuer à se renforcer. Mais ce n’est pas encore suffisant pour atteindre la classe A.

 

Moi — Qu’est-ce que tu veux dire ?

 

Horikita — Jusqu’à présent, tu as participé sans enthousiasme, tant en sport qu’en cours. Tu as été un élève moyen qui n’est pas un fardeau, mais qui n’a rien apporté non plus.

 

Ces mots faisaient mal à entendre. Cependant, à première vue, il était vrai que je n’avais pas contribué du tout.

 

 

 

Horikita — Veux-tu te libérer de ces restrictions ? À partir d’aujourd’hui, j’espère que tu feras tout ce que tu peux. Ce n’est qu’alors que tu pourras me prouver que tu veux vraiment atteindre la classe A.

 

Ce n’était ni une menace ni une demande. C’était pour savoir ce que je pensais. Bien sûr, le fait qu’elle ait dit cela d’une manière aussi épineuse était compréhensible.

 

Moi — Je refuse.

 

Horikita — Je m’en doutais.

Au lieu d’être surprise, elle rit amèrement.

Horikita — Tu ne fais que parler, tu ne veux pas vraiment m’aider à atteindre la classe A.

Moi — Du moins, c’est le cas pour l’instant.

Je me vengeai d’Horikita en inversant le cours de la conversation. Horikita allait bientôt comprendre ce que je voulais dire.

Horikita — Comment ça, « pour l’instant » ?

Auparavant, elle pensait que jamais je n’allais coopérer avec elle. Cependant, je me disais que le moi actuel était capable de coopérer dans une certaine mesure.

Moi — J’ai mes raisons d’être en retrait à ce niveau. Je me suis soudainement mis à l’écart juste après les vacances pour éviter les rumeurs dans la classe, non… En fait ça vaut toute l’année. Je voulais éviter si possible d’être exposé.

Horikita — Je reconnais que tu es vraiment brillant. Mais est-ce que tu ne te surestimes pas un peu ?  Rien qu’au niveau académique, même les élèves de notre propre classe comme Yukimura et moi, ainsi que les élèves des autres classes comme Ichinose et Sakayanagi, sont au même niveau. Il y en a d’autres aussi qui sont plutôt bon dans leur domaine Peux-tu rivaliser avec ces gens ?

Horikita dit cela avec incrédulité, elle ne pensait pas que j’arrivais à la cheville de ces gens.

Horikita — Bien que montrer soudainement une énorme différence dans tes capacités attirerait une attention négative, tant que tes notes se maintiennent dans les 10 à 20 % supérieurs, tu seras lentement et naturellement accepté comme l’un des excellents élèves. Après tout, il n’est pas rare que des élèves progressent soudainement.

 

Après réflexion, Horikita arriva à cette conclusion. Mais elle ne s’arrêta pas là.

 

Moi — Désolé, Horikita. Je crois que personne n’est à mon niveau en

2nde.

 

A part peut-être les élèves qui n’avaient pas encore atteint leur plein potentiel ou qui n’avaient pas utilisé sérieusement leurs capacités, peut-être.

 

Horikita — Tu oses vraiment dire quelque chose comme ça ?

Incroyable !

 

Horikita n’était pas d’accord avec mon affirmation et rétorqua.

 

Horikita — Bien que mon frère te reconnaisse, cela ne prouve rien. Tu n’as pas encore montré la véritable étendue de tes capacités.

 

Moi — Tu n’as pas pu le voir tout au long de l’année ?

 

 

 

 

Horikita — Peux-tu me prouver que tu es le meilleur en termes d’études ? Qu’en est-il des choses en dehors du monde académique ? Si tu veux que les autres reconnaissent tes revendications audacieuses, tu dois être capable de tout surmonter. Même si tu considères les échecs comme l’un de tes meilleurs talents, tu as quand même perdu contre Sakayanagi. J’admets que c’était une bataille de très haut niveau, mais tu as quand même perdu. Et tu oses encore prétendre que tu n’as pas d’égal.

 

Moi — Tu peux y réfléchir autant que tu veux, Horikita. Je pourrais aussi bluffer en ce moment.

 

Horikita — Au final tu finis par fuir. Tu n’es rien d’autre qu’un escroc.

 

Moi — N’hésite pas à m’appeler comme ça, si ça te fait plaisir.

 

Face à cette réponse, Horikita se tut. Si c’était ce qu’il fallait pour la satisfaire, alors je pouvais lui laisser volontiers le dernier mot. Et alors que j’étais sur le point de descendre l’escalier

 

Horikita — Laisse-moi te tester.

 

Elle parlait sur un ton inébranlable.

 

Moi — Tester quoi ?

 

Horikita — Ta vraie force. Même si je sais que tu es intelligent et que tu es physiquement capable dans une certaine mesure, tu restes un mystère. Je ne connais pas encore tes véritables capacités.

 

Voulait-elle me mesurer avec ses propres méthodes ?

 

Horikita — Je veux savoir si ta force est quelque chose qui vaut la peine d’être caché.

 

Moi — Es-tu sûr que tu peux mesurer ma force avec précision ?

 

Horikita — Je suis sûre que je te bas toujours aux examen, si on se mesure en s’y mettant tous les deux sérieusement.

 

En effet, tout au long de l’année, les scores d’Horikita avaient toujours été meilleurs que les miens.

 

J’avais compris que Horikita avait conscience que les hommes étaient supérieurs physiquement, en matière de stratégie et de tactique elle pouvait prendre l’avantage. D’ailleurs, même sur ce premier point, elle n’était pas mauvaise vu comment elle s’était admirablement battue contre Ibuki alors qu’elle était elle-même dans de mauvaises conditions de santé. Et elle m’avait aussi vu me battre avec son frère. Et, en synthétisant tout ça, elle en était arrivée à la conclusion qu’elle pouvait me battre à un examen ?

 

Moi — Alors, comment veux-tu me tester ?

 

Horikita — Autant que tu veux. Que ce soit quelque chose dans lequel je suis bonne ou dans lequel tu es bon, nous utiliserons un test écrit pour déterminer le gagnant.

 

Elle ne m’avait pas permis de me retourner pour lui faire face afin d’éviter tout contact autre que le son. En effet, en regardant quelqu’un d’autre, on pouvait comprendre ce qu’il pensait ou ressentait. Elle avait jugé que c’était défavorable dans cette situation, alors elle s’était tenue derrière moi. Elle ne voulait pas mener une guerre psychologique contre moi, alors elle était vigilante.

 

Moi — Je peux accepter, mais je n’ai rien à gagner, surtout si c’est toi qui choisis l’événement.

 

Horikita — Est-ce que c’est vraiment une question de perte ou de gain ? Je connais ta force que tu gardes si secrète. Si tu n’acceptes pas mon défi, je répandrai ton secret. Tu as attiré l’attention récemment, et si je fais cela, il n’y a pas moyen que tu le caches, n’est-ce pas ?

 

C’était une menace trop faible. De toute façon, tant qu’elle comprenait que tout déballer à tout le monde ne présentait aucun intérêt immédiat, elle n’allait pas le faire de toute façon. Cependant, comme Horikita avait changé, il valait peut-être mieux pour moi jouer un petit peu le jeu. Horikita attendit tranquillement ma réponse, comme je le pensais depuis un moment.

 

Horikita — Que dis-tu de ça ? Lors de notre prochain examen écrit après avril, nous allons décider d’une matière pour concourir pour la meilleure note. Mais si c’est ce que nous faisons, si j’obtiens 100 points, tu pourrais m’accuser d’avoir bachoté désespérément.

 

S’il s’avérait vraiment qu’elle avait une super note dans une matière et que le reste était bof, cela aurait signifié qu’elle aurait saigné à blanc une seule matière au détriment des autres.

 

Moi — Utiliser cette méthode pour mesurer la force n’est pas suffisant… Est-ce vraiment une bonne idée de concourir dans un cadre formel ?

 

Horikita — C’est le meilleur moyen d’être sûr au final. Puis ça m’obligera à avoir de bonnes notes dans toutes les matières au moins.

 

Moi — Bien, je suis d’accord avec ton plan. Mais comment vas-tu te décider sur la matière ?

 

Horikita — C’est à toi de décider. Tu peux décider quand tu veux même juste avant le début de l’examen, ça m’est égal.

 

Moi — Je vois… tu as donc l’intention de gagner même sans connaissance préalable de la matière, donc étudier toutes les matières serait le minimum requis. De cette façon, même s’il n’y a qu’un seul sujet qui compte, ta vraie force sera quand même affichée.

 

Si c’est comme ça, Horikita devait pouvoir accepter dans une certaine mesure.

 

Horikita — Si je gagne, je jugerai que tes capacités ne sont qu’à ce niveau, et à l’avenir, je veux que tu fasses seulement ce que tu peux et que tu travailles pour atteindre la classe A, est-ce que c’est bien ?

 

Moi — Oui, mais si je gagne, tu m’accorderas un souhait.

 

Horikita — Bien sûr, c’est un accord unilatéral de toute façon. Qu’est-ce que tu veux ?

 

Moi — Je ne sais pas encore. Je vais y réfléchir.

 

Horikita —… N’es-tu pas un peu déraisonnable ? Si je donne mon accord sans savoir, il se peut que je doive accepter des demandes étranges.

 

Moi — Tu t’inquiètes déjà des conséquences si tu perds ? Je te pensais plus confiante que ça !

 

Horikita — Est-ce que tu dis sérieusement que…

 

Moi — Il n’est pas nécessaire de se forcer. Si tu n’as pas confiance en toi, tu devrais simplement ignorer l’issue de la bataille, cela n’aura pas d’importance de toute façon, parce que je gagnerai.

 

Si je dis cela, Horikita ne pouvait plus reculer.

 

Horikita — Bien, si je perds, tu peux me demander n’importe quoi. Tu es content ?

 

Moi — Ça suffit. Alors c’est réglé.

 

C’est ainsi qu’un duel entre Horikita et moi à l’examen écrit avait été décidé après la rentrée scolaire.

 

Horikita s’avança et se mit à côté de moi. Puis elle fit un autre pas, me devança et commença à descendre les escaliers.

 

Horikita — Je me réjouis de cette confrontation directe avec toi.

 

Bien sûr, Horikita allait prendre toutes les mesures possibles pour remporter l’examen. Bon… J’allais faire comme d’habitude. Je restai là et regardai le dos déterminé d’Horikita jusqu’à ce qu’il ne soit plus visible.

 

Moi — Maintenant, qu’est-ce que je dois faire ?

 

J’avais prévu de rentrer directement chez moi, mais je changeai légèrement de direction.

 

En réalité, j’étais un peu inquiet de l’état d’Ichinose. Bien qu’elle nous ait demandé de rentrer d’abord, à quoi pensait-elle maintenant ? Au moment où je pensais à tout cela, je vis un homme qui regardait dans ma direction.

 

Comme invité par son regard, je descendis les escaliers.

 

3

Le même jour, à 11h30.

Aux toilettes pour hommes du 2ème étage du centre commercial Keyaki, deux garçons se tenaient là, en train de converser.

L’un d’entre eux était Ryuuen Kakeru, qui s’était retiré une fois de la scène en tant que leader mais qui avait fait son comeback il n’y avait pas très longtemps. Et l’autre était Hashimoto Masayoshi, de la classe A, classe qui avait maintenu sa position de leader pendant toute l’année.

Ils ne s’étaient sûrement pas rencontrés par hasard ; Hashimoto avait contacté Ryuuen et ces derniers avaient choisi cet endroit isolé pour se retrouver.

Ryuuen — Et alors ? Quel genre de petit numéro prépares-tu en me conviant ici ?

Hashimoto — Appeler ça un « petit numéro » ne sonne pas très bien. Je voulais juste faire un petit point sur cette année.

Répondit ainsi nonchalamment Hashimoto. Ryuuen ne détestait pas forcément ce genre de personne mystérieuse et imprévisible, mais il n’en était certainement pas non plus un grand fan. Les idiots musclés comme Ishizaki et Ibuki étaient plus faciles à comprendre et étaient in fine plus dignes de confiance.

Bien sûr, Hashimoto ne faisait pas confiance à Ryuuen, et il ne pensait pas non plus que Ryuuen lui faisait confiance. Leur relation était basée sur des intérêts mutuels. Cependant, tous deux savaient que dans certains cas, ce genre de relation pouvait se transformer en quelque chose de plus stable.

Hashimoto — Tu as battu la classe B à l’examen final de l’année. Puis-je interpréter cela comme un retour complet ?

 

Ryuuen — Qui sait ? Peut-être que c’est juste un caprice.

 

Répondit Ryuuen avec désinvolture, levant les bras et affichant un sourire arrogant.

 

Hashimoto — Un caprice ? Si c’est le cas, quel caprice effrayant. Je ne peux pas supporter ça si tu vises la classe A sur un caprice !

 

Hashimoto leva doucement les mains pour montrer qu’il ne voulait pas se battre, comme s’il hissait un drapeau blanc.

 

Ryuuen — Tu es autant prudent avec moi ?

 

Hashimoto — Toi, qui une fois s’était retiré dans l’ombre, tu es réapparu devant tout le monde. Il est normal que je me méfie de toi.

 

Les gens faisaient toujours attention à ceux qui pouvaient les empêcher d’atteindre leurs objectifs.

 

Ryuuen — T’es ici sur ordre de Sakayanagi ?

 

Hashimoto — Malheureusement, je ne peux pas répondre comme ça.

 

Même si Hashimoto était vague, Ryuuen savait qu’il ne suivait pas les ordres de Sakayanagi. Pour comprendre la situation, Ryuuen lança délibérément le nom de Sakayanagi pour évaluer la réaction de Hashimoto.

 

Hashimoto — Et maintenant ? Que comptes-tu faire à l’avenir ?

 

Ryuuen — Est-ce que j’ai des projets ?

 

 

Ryuuen s’approcha de Hashimoto en ricanant. Hashimoto, se raidissant, se mit en position défensive, au cas où. Bien que Hashimoto ait choisi cet endroit lui-même, il s’agissait toujours de toilettes inaccessibles. Il n’y avait pas de caméras de surveillance qui pouvaient le protéger au cas où quelque chose se produirait. Mais si Hashimoto avait été vraiment prévoyant, il aurait utilisé la caméra de son téléphone pour enregistrer tout cela, mais le faire serait revenu à donner un coup d’épée dans sa relation avec Ryuuen.

 

Ryuuen — Ne crois pas que tu peux gagner juste en te baladant au milieu des deux camps comme un agent double.

 

Bien qu’il souriait, la pression qu’il exerçait n’était pas quelque chose qui pouvait venir d’une personne ordinaire.

 

Hashimoto — Ha ! Même après avoir été vaincu, tu n’as pas perdu ton audace.

 

Bien que Hashimoto était un peu anxieux, il se sentait tout de même un peu heureux en même temps. La position actuelle de la classe A était certes stable, mais cela pouvait changer à tout moment selon l’humeur de Sakayanagi. Et si leur classement chutait, il y avait une forte probabilité que la classe de Ryuuen soit celle qui les remplacerait en tant que nouvelle Classe A. Par conséquent, agir de manière préventive était la meilleure chose qu’il pouvait faire.

 

Ainsi, Hashimoto répliqua.

 

Hashimoto — Désolé, Ryuuen. Je n’ai pas l’intention de me sauver en m’appuyant sur deux classes.

 

Ryuuen — Oho, qu’est-ce que ça veut dire ?

 

Hashimoto — Bien qu’il soit un peu tôt…

 

Hashimoto sortit son téléphone et montra à Ryuuen ce qui était sur l’écran.

 

Tout en prouvant qu’il n’enregistrait pas la conversation, il appela quelqu’un. Bientôt, l’autre personne décrocha. Ryuuen se rendit vite compte que l’autre personne attendait son appel.

 

Hashimoto — Viens ici. C’est l’endroit dont nous avions parlé plus tôt.

 

Après ce court message, l’appel se termina.

 

Hashimoto — Qui crois-tu que c’était ? Ryuuen.

 

Ryuuen — Qui sait ?

 

Hashimoto — C’est Ayanokôji.

 

Ryuuen — Ayanokôji ? Vraiment ? J’avoue avoir pensé à lui.

 

Ryuuen ne semblait pas être affecté par le fait que Hashimoto ait mentionné ce nom. L’espoir de Hashimoto d’en tirer quelques informations tomba à l’eau de manière inattendue. Cependant, il estimait qu’il était trop tôt pour abandonner et s’obstinait à poursuivre ce qu’il voulait,

 

Hashimoto — Peux-tu penser à une raison pour laquelle j’ai appelé Ayanokôji ici ?

 

Ryuuen — Non.

 

Répondit brusquement Ryuuen, puis continua rapidement.

 

Ryuuen — Est-ce que tu l’as vraiment appelé ? Je ne pense pas que tu l’aies fait.

L’objectif initial était de le tâter, mais Hashimoto finit par se tâter lui-même.

 

Hashimoto —…Vraiment ! Il semble que de vagues mensonges ne fonctionnent pas sur toi.

 

Hashimoto essaya de tester Ryuuen en prononçant le nom d’Ayanokôji et en voyant si cela pouvait susciter une réaction de sa part. Mais Ryuuen fit comme s’il n’entendait rien du tout, et inversa même le sens des questions.

 

Ryuuen — Ton histoire m’a l’air bien compliquée là. Tu pourrais pas m’en dire plus ?

 

Au lieu de cela, il demanda à Hashimoto s’il avait des informations croustillantes. Ryuuen ne faisait pas semblant et voulait vraiment en savoir plus, mais cela n’avait pas éliminé les doutes que Hashimoto avait sur le rapport Ryuuen/Ayanokôji. C’était parce qu’il était impossible que le tout puissant Ryuuen puisse être facilement battu par Ishizaki et les autres. Il pouvait aussi voir l’ombre d’Ayanokôji derrière les actions de Sakayanagi. S’il avait encore un seul indice, ses doutes sur la question pouvaient être dissipés.

 

Hashimoto — Celui qui vient vraiment ici est…

 

Des bruits de pas approchèrent des toilettes du deuxième étage, puis un étudiant de sexe masculin apparut.

 

Ryuuen — Ah ? On dirait que tu as appelé une personne intéressante, Hashimoto !

 

Devant Ryuuen et Hashimoto se trouvait Ryuji Kanzaki, un élève de seconde de la classe B. Ces trois personnes qui normalement n’échangeaient pas de mots étaient réunies ici.

 

Hashimoto — Il a dit qu’il voulait vraiment te parler. J’ai donc servi d’intermédiaire.

 

Ryuuen — Et alors ? Qu’est-ce que tu reçois en retour ?

 

Hashimoto — N’est-ce pas évident ? Bien sûr, c’est une relation de coopération avec la classe B.

 

Ryuuen — Sayakanagi a déclaré la guerre à Ichinose. Penses-tu vraiment que Kanzaki pourrait l’accepter ?

 

Hashimoto — Il l’acceptera. N’est-ce pas ? Kanzaki.

 

Kanzaki — Je ne te ferai pas confiance, Hashimoto. Mais j’ai une certaine estime pour toi.

 

Hashimoto — Tu l’as entendu !

 

Hashimoto montra à Ryuuen que tant que leurs intérêts étaient les mêmes, même lui et Kanzaki pouvaient coopérer. Puis, Hashimoto mit sa main sur l’épaule de Kanzaki en riant à gorge déployée.

 

Hashimoto — Écoute ce qu’il veut dire, fais-le pour moi.

 

Ryuuen — Alors, c’est ça. Tu n’as pas l’intention de t’en tirer avec seulement 2 classes.

 

Jusqu’à présent, Hashimoto ne s’intéressait qu’à la classe de Ryuuen. Mais après le départ de Ryuuen, il semblait avoir élargi ses relations.

 

Hashimoto — Ah. J’ai l’intention de planter mes graines dans la classe d’Ayanokôji aussi.

 

Hashimoto déclara son intention de se sauver, quelle que soit la classe qui arrivait en tête. Mais l’attention de Ryuuen s’était déplacée de Hashimoto à Kanzaki.

 

Ryuuen — Tu ne vas pas m’ennuyer, n’est-ce pas ?

 

Kanzaki — Bien que je ne sache pas ce que tu attends de moi, je ne vais rien dire qui puisse te faire plaisir.

 

Kanzaki continua sans crainte de Ryuuen. Il était venu spécialement pour ça, après tout.

 

Kanzaki — L’examen de fin d’année. C’est de ça que je veux parler.

 

Ryuuen — Ah, tu vas me partager tes états d’âme après votre humiliation cosmique ?

 

Kanzaki — Je suis désolé Ryuuen, je ne pense pas que nous ayons perdu contre toi.

 

En réponse à sa déclaration résolue, Hashimoto siffla.

 

Kanzaki — T’as eu la victoire par un simple coup bas, ne l’oublie pas.

 

Les plaintes de Kanzaki n’étaient pas difficiles à comprendre. C’est parce qu’il se connaissait et savait qu’il pouvait battre Ryuuen dans un affrontement direct, mais la victoire leur fut arrachée à cause de la stratégie méprisable de Ryuuen.

 

Ryuuen — Malaise. T’es venu ici aujourd’hui pour parler de ça ?

 

Aux yeux de Ryuuen, il n’y avait aucune différence entre une stratégie propre et une stratégie sale. Une victoire était une victoire. Et la défaite de Kanzaki était quelque chose qui ne changerait jamais.

 

Ryuuen — De toute façon, de quel coup bas tu parles ? Est-ce que c’est moi qui ait décidé déjà ?

 

Kanzaki — Ne fais pas l’idiot ! Je parle du mal de ventre et de tes attaques mentales sur ma classe le jour de l’examen.

 

Hashimoto, qui ne connaissait pas beaucoup les détails de leur examen, applaudit avec joie.

 

Hashimoto — Pas étonnant qu’il soit aussi en colère. Quelle belle attaque, Ryuuen !

 

Kanzaki — Je le dis maintenant, ce genre de comportement ignoble ne marchera pas deux fois contre la classe B.

 

Ryuuen — Hahaha. Penses-tu qu’Ichinose puisse se défendre contre mes attaques ? Ou as-tu l’intention de pleurer et de te plaindre à l’école ?

 

Kanzaki — Non, elle ne peut rien y faire, elle.

 

Kanzaki le nia immédiatement. Parce que ce n’était pas quelque chose qu’une personne au grand cœur comme Ichinose pouvait faire.

 

Ryuuen — Alors, qui ?

 

Kanzaki — Je le ferai.

Face à Kanzaki, sans hésitation, deux pensées contradictoires émergèrent dans l’esprit de Ryuuen. « Il bluffe », ou bien…

 

Ryuuen — Mais en tant que disciple d’Ichinose, que peux-tu faire par toi-même ?

 

Ryuuen essaya de comprendre ce que Kanzaki voulait dire en disant ces mots.

 

Kanzaki — Tout au long de l’année, je suis resté aux côtés d’Ichinose pour la soutenir en tant qu’assistant. Mais c’est parce qu’au moment où je suis arrivé dans cette école, j’avais décidé que ses qualités de leader étaient supérieures à celles des autres classes. C’est tout. Ma confiance en elle n’a pas encore faibli, mais elle n’a pas la capacité de faire face à ces situations d’urgence. Elle a aussi une énorme faiblesse, celle de ne pas pouvoir abandonner les faibles.

 

 

Ryuuen — Oho ? Je pensais que ça allait être ennuyeux, je ne m’attendais pas à ce que tu sois aussi intéressant. Qui aurait pensé qu’une personne de la classe B, valorisant la coopération et l’amitié et tout ça, aurait de telles pensées.

 

Mais Ryuuen n’était pas du tout inquiet.

 

Ryuuen — Mais tu ne fais que parler. Même un chien peut balancer des menaces vides de sens.

 

Kanzaki — Observe. Je te le prouverai.

 

Hashimoto n’avait aidé Kanzaki que pour établir une relation avec la classe B, mais maintenant son évaluation de Kanzaki avait changé. Peut-être était-il plus capable qu’il ne le pensait.

 

Ryuuen — Bien sûr, si tu le souhaites je te botterai le cul de nouveau !

 

Kanzaki — Je ne sais pas quel sale tour tu as encore dans ta manche, mais je ne suis pas Ichinose. Je ne ferai pas preuve de pitié. Je déteste que nous ayons perdu sur notre propre territoire, alors je me battrai avec tout ce que j’ai.

Ryuuen — Alors laisse-moi attendre avec impatience le moment où ta classe ne sera plus aussi merdique.

Ryuuen rit à tue-tête et commença à se soulager. Hashimoto, qui voulait continuer à parler, se dirigea vers l’endroit où se tenait Ryuuen.

Hashimoto — Ça devient intéressant, Kanzaki. Si jamais il se passe quelque chose, tu dois m’en parler.

Hashimoto pensait que Kanzaki partirait après sa déclaration, il lui dit donc au revoir. Toutefois, Kanzaki se dirigea vers Hashimoto, et se trouva tout près de lui.

 

 

 

Il exerça une pression qui a été ressentie par toutes les personnes présentes, pour montrer qu’il n’avait pas l’intention de perdre contre elles. Après avoir terminé ses affaires, Kanzaki parla de nouveau avec conviction.

Kanzaki — Souviens-toi de ce que j’ai dit, Ryuuen.

Il sortit des toilettes après avoir dit cela, avec une longueur d’avance sur les deux autres.

Ryuuen — Hehehe. Comme c’est effrayant !

Hashimoto — Alors, tu vas complètement t’occuper de la classe B maintenant ?

Ryuuen — Qui sait ?

Ryuuen rit en évitant la question, puis il se souvint de quelque chose de complètement différent.

Voici donc la conversation entre Hashimoto et Kanzaki, qui avait eu lieu environ une heure avant.

4

Après avoir quitté Ichinose et Horikita, je m’étais demandé si je devais y retourner ou non. Cependant, je tombai sur Ryuuen qui me conduisit dans un coin désert du centre commercial Keyaki. Nous avions gardé nos distances, de sorte que si quelqu’un nous voyait, nous pouvions faire semblant de passer l’un à côté de l’autre.

Moi — Tu as entendu ça d’Ishizaki ? Que j’étais au centre commercial Keyaki ?

Ryuuen — Oui, je te cherchais.

Il avait donc parlé avec Ishizaki et Ibuki pendant une heure environ ? Ou estce que ça s’était terminé plus tôt ? En tout cas, les yeux de Ryuuen avaient de la vitalité ces derniers temps.

Moi — Tu connais mes coordonnées. Ne serait-il pas plus facile de parler au téléphone ?

Ryuuen — Je voulais te parler et regarder en même temps ton visage insensé et sévère.

Bon, autant écouter un peu ce qu’il avait à dire.

Ryuuen — Qu’est-ce que « ça » veut dire ?

“Ça” faisait référence au message que j’avais dit à Hiyori de lui transmettre. J’aurais obtenu plus de 5 victoires en utilisant une meilleure stratégie. Je lui avais dit de dire ça à Ryuuen. Il semble qu’elle ait bien fait son travail. Après avoir entendu mon message de Hiyori, ça l’avait conduit à essayer de me retrouver, c’était probablement ça.

Moi — Je veux dire ce que je voulais dire. Si j’avais été toi j’aurais vraiment fait ça plus proprement, sérieusement !

— Je suis libre d’utiliser tous les moyens nécessaires.

Moi — Oui. Mais je ne veux pas que ça se termine comme ça. Si tu continues tes stratégies téméraires et que tu te fais renvoyer en conséquence, je pourrais même me sentir un peu seul.

J’ai dit ces mots avec désinvolture, mais cela n’avait pas semblé affecter l’état d’esprit de Ryuuen.

Ryuuen — Kukuku, quelle blague. Perdre contre Sakayanagi et tu es toujours aussi calme !

Moi — Notre classe a effectivement perdu contre Sakayanagi. Et comme j’ai servi de chef, je ne peux pas être exonéré de la responsabilité de l’échec. Mais Sakayanagi est-elle plus forte que moi ? Combats-la, et tu le sauras.

Ryuuen — Est-ce que tu me sous-estimes ?

Le sourire de Ryuuen disparut alors qu’il s’approchait de moi.

Ryuuen — Toi qui m’as vaincu…tu ne peux pas être plus faible que Sakayanagi.

On aurait dit qu’il essayait de me provoquer, en disant délibérément des choses aussi humiliantes.

Moi — Je te suis reconnaissant d’essayer de me remonter le moral après avoir perdu, mais même si c’est moi, je ne peux pas être paresseux et ne pas me donner à fond pendant un examen, n’est-ce pas ?

Ryuuen — Désolé, je n’y crois pas du tout. Plutôt que de croire que tu étais sérieux pendant l’examen, il est plus crédible que tu ne t’es pas soucié de gagner ou de perdre dès le début… c’est peut-être aussi parce que l’école a fait en sorte que la classe A gagne pour sauver la face. Pour moi, c’est plus crédible.

Bien que ce ne soit pas la bonne réponse, en réalité il n’était pas si loin de la vérité. Seul Ryuuen avait une capacité de compréhension aussi poussée dans toute l’école. Comme il s’était déjà battu contre moi, il semblait en tout cas être très sûr de ce qu’il disait.

Moi — Alors… ? Que comptes-tu faire après ton comeback, Ryuuen ?

Ryuuen — Ne dis pas que je suis revenu sans ma permission. J’ai l’intention de profiter des vacances encore un peu.

Ryuuen voulait dire qu’il ne participerait pas officiellement aux batailles entre les classes pendant un certain temps.

Ryuuen — Mais… Si j’en ai assez, je détruirai Ichinose et Sakayanagi pour m’échauffer.

Moi — Quel changement d’avis extrême !

Ryuuen — Kukuku, en effet. Je suis moi-même choqué. Je ne m’attendais pas à pouvoir me venger de toi si tôt. Je suis en train de m’échauffer.

Moi — Alors c’est comme ça.

Le serpent allait se réveiller de son hibernation. Si cela arrivait, ni la classe B ni la classe A n’allaient pouvoir ignorer Ryuuen. Bien que Sakayanagi allait sûrement en être très enjouée, la confrontation promettait d’être plus difficile qu’elle ne le pense.

Moi — Je te serais reconnaissant de faire ça. Si tu es capable de détruire Ichinose et Sakayanagi, ce sera d’une grande aide. Puisque cela nous permettrait d’atteindre les classes supérieures sans problème.

Faire se battre les classes supérieures les unes contre les autres était essentiel pour nous permettre de monter dans le classement.

— Je croyais que les batailles entre les classes ne t’intéressaient pas.

Moi — C’est un peu différent maintenant. Ma classe sera classée parmi les meilleures l’année prochaine, même si je ne suis pas là.

Ryuuen — Ah ?

« Même si je ne suis pas là ». Ryuuen semblait surpris par cette partie.

Moi — Peut-être que je suis ciblé en ce moment, de l’extérieur. Si c’est le cas, ce ne serait pas étrange si je devais faire mes valises, n’est-ce pas ?

Si Tsukishiro avait vraiment l’intention de faire cela, certaines situations inévitables allaient se produire. Et ce, peu importe le degré de précaution auquel je pouvais m’atteler. Bien sûr, je n’allais pas non plus faciliter la tâche à mon adversaire.

Ryuuen — Détends-toi. La seule personne qui peut te faire expulser, c’est moi.

Dit Ryuuen dans son style caractéristique et confiant.

Ryuuen — Mais…

Il disparut soudainement de mon champ de vision. Il s’attaqua soudainement à mon visage sans la moindre hésitation, le bout de ses doigts pointus se posant sur mes globes oculaires. Je n’avais pas d’autre choix que d’esquiver.

Moi — Aha !!

Ryuuen utilisa l’élan pour tourner et tenter de me donner un coup de pied droit, mais ce n’était qu’une feinte, et il passa juste au-dessus de moi. La véritable attaque se fit de la jambe gauche, utilisant la force de la rotation pour la rendre encore plus puissante. Je l’esquivai à nouveau et m’éloignai de Ryuuen.

 

— Ha, tu peux même esquiver comme ça après une attaque surprise. Quel monstre tu es !

Moi — Et tu as quand même osé m’attaquer en premier…

Même si c’était juste lui et moi, il y avait encore beaucoup de caméras de surveillance. Enfin, l’école fermait les yeux lorsqu’il n’y avait aucun problème de causé. C’est ce qui avait permis à Ryuuen d’oser faire son petit numéro avec son comportement effronté caractéristique.

Ryuuen — Mon instinct me dit que je devrais te manger vivant.

Même en hibernation, les serpents mangent leurs proies par instinct.

Ryuuen — Pourquoi n’attaques-tu pas ?

Moi — Je voulais éviter le risque de me battre avec toi ici. De plus, ce n’est pas encore le bon moment.

Ryuuen — Haha. C’est donc ça le soi-disant calme des forts ? Tu sembles ne pas bluffer, et ça me donne la chair de poule.

Ses yeux brillaient comme avant. Non, c’était encore plus brillant. Ce n’était pas le Ryuuen qui se cachait sous l’eau depuis quelques mois.

Moi — Tu as eu une chance. Grâce à elle, tu as intérêt à devenir encore plus fort, Ryuuen.

Peut-être n’avait-t-il pas aimé que je le dise de façon très condescendante, alors il frappa le mur.

Ryuuen — Devenir encore plus fort ? T’es qui, mon professeur ?

Moi — Je dis la vérité. Tu es prêt à utiliser tous les moyens nécessaires, même à t’appuyer sur des moyens méprisables et criminels pour obtenir la victoire. Et tu sais quoi ? Je n’ai absolument aucun problème avec ça.

Mais essaye d’être un peu plus minutieux quoi.

— Ah ?

Moi — J’ai entendu dire par Ishizaki que tu avais utilisé des laxatifs. Les droguer dans la salle de karaoké était une bonne idée, mais si la nourriture et les boissons avaient été conservées comme preuves, cela en aurait été fini de toi. C’est un acte qui t’aurait fait encourir l’expulsion sans délai. Même si ce que tu as fait a été ignoré, un comportement particulier pendant l’examen suffirait à perdre la confiance qu’à l’école envers ta classe, donc à être fliqués encore plus. Ton seul salut a été qu’Ichinose ne semblait pas vouloir s’en plaindre.

Ryuuen — Le fait qu’Ichinose soit un boulet a été pris en compte dans mes plans.

Moi — Si c’est le cas, ce n’est rien d’autre qu’une considération naïve. Tu ne me dépasseras jamais comme ça.

Ryuuen —…Tu l’as vraiment dit.

Ryuuen s’approcha de moi une fois de plus. Mais ce n’était pas comme avant, car il ne semblait pas vouloir m’attaquer. Il réprimait son intention d’attaque, et au pire j’étais sur mes gardes.

Moi — Tu n’as pas à écouter mes conseils. Mais me combattre maintenant est impossible.

Ryuuen allait-il accepter les conseils de son ennemi ? Cela pouvait déterminer s’il avait de la jugeote ou non. Ryuuen sembla se calmer et retira son poing du mur.

Ryuuen — Je vais accepter ton conseil de merde maintenant. Mais un jour, je te vaincrai.

Moi — Ce n’est pas une mauvaise motivation, Ryuuen. Si je suis renvoyé à cause de toi, ce ne sera pas si mal.

Bien qu’il fût en colère, Ryuuen écouta ce que je lui disais. Et par conséquent, les stratégies futures de Ryuuen allaient devenir encore plus ingénieuses. La concurrence à laquelle nous allions être confrontés en 1ère allait devenir de plus en plus ardue.

 

Ryuuen allait-il écarter Sakayanagi et passer directement en classe A, ou bien Sakayanagi allait-elle l’arrêter ? Ou Ichinose allait-elle revenir encore plus forte dans le futur ?

 

Face à cette triple attaque, à quelle profondeur Horikita allait-elle pouvoir rivaliser ? Les circonstances allaient être bien différentes de l’année passée, et nous n’allions sûrement pas tarder à en faire bientôt les frais.

 

5

 

Voici donc ce qui s’était passé avant la scène des toilettes.

 

En regardant de côté le départ de Kanzaki, Ryuuen intervint.

 

Ryuuen — Je retourne à la guerre. Certes, j’ai vaincu la classe B mais il y a encore quelques zones d’ombre.

 

Ryuuen l’admit. Afin de vaincre Ayanokôji, il devait admettre ce qui devait être admis.

 

Hashimoto — Comme c’est admirable. Et je pensais à la méthode sale que tu vas utiliser ensuite. Vas-tu te battre loyalement comme Kanzaki t’a dit de le faire ?

 

Ryuuen — Ha ! Qui a dit que je ferai ça ?

 

Hashimoto — Hein ?

 

Ryuuen — Bien qu’exploiter la naïveté d’Ichinose était une bonne chose, cela laissait trop de failles qui pouvaient se retourner contre nous. Voilà pourquoi il faisait le malin là.

 

Hashimoto —…C’est donc ça que tu veux dire.

 

Donc ce n’était pas ses méthodes qu’ils remettait en question, mais plutôt le fait qu’il n’avait pas été assez prudent.

 

Ryuuen — La prochaine fois, je les détruirai encore plus parfaitement et plus magnifiquement !

 

Peu importe le genre de déclaration de Kanzaki, Ryuuen ne comptait plus rien laisser au hasard. S’il avait vraiment caché ses crocs, Ryuuen allait immédiatement le savoir.

 

Hashimoto — Tu as grandi cette année, Ryuuen. Etablir une relation avec toi dès le début a vraiment été une bonne décision. Il semble même que je doive envisager la possibilité que Sakayanagi soit vaincue par toi.

 

Hashimoto en voulait et il avait les yeux rivés sur la classe B. Il devait être diplômé de la classe A, quoiqu’il en coûte.

 

6

 

Il était midi et il commençait à pleuvoir abondamment comme si quelqu’un avait renversé un seau rempli d’eau. Les précipitations dépassaient les 30 mm[1].

 

Je ne savais pas pourquoi je ne voulais pas retourner dans les dortoirs, mais j’avais décidé de rester seul au centre commercial Keyaki. C’était vraiment pratique car cela concentrait tout et n’importe quoi. Un peu de pluie ? Aucun problème, il suffisait d’emprunter un parapluie !

En effet un tel service existait : tant qu’il était rendu avant l’heure indiquée, il était gratuit. Beaucoup ne s’en privaient pas, et en effet cela permettait à des élèves de sortir le matin plus légers, en ayant moins de choses à porter.

 

Cela dit, aujourd’hui, c’était un peu différent. Il pleuvait si fort… Un parapluie n’aurait pas fait de différence.

 

Moi — La journée s’annonce fade là…

 

Comme le prévoyait la météo, il allait pleuvoir de midi à demain matin. Mon téléphone vibrait de temps en temps à cause du groupe Ayanokôji. Ils discutaient de tout, de la pluie et du beau temps littéralement.

 

Moi — Qu’est-ce que je dois faire ?

 

Je n’avais pas envie de me joindre à la conversation, alors j’ignorais de sorte à ne pas afficher les messages comme « lus ». Je fixais ainsi mon écran sans rien dire, alors que je faisais vaguement attention à la conversation dans le chat de groupe. Et comme si je me souvenais soudainement de quelque chose, je regardais la pluie à plusieurs reprises à l’extérieur de la fenêtre pour passer le temps.

 

Moi — Je ne suis pas du tout productif, je perds mon temps comme ça.

 

Mais de temps en temps, ce n’était pas si mal.  Je ne retournai pas au café et décidai de m’asseoir au hasard sur un banc pour tuer le temps. Cela dit, je ne pouvais pas continuer à faire ça pendant des heures. Après avoir écouté la pluie pendant 20, 30 minutes, je décidai de rentrer.

 

Je pris ma carte étudiant et louai un parapluie dans la machine. Même si j’empruntais un parapluie, le bas de mon corps, surtout sous les genoux, n’allaient pas y échapper… Mais bon, c’était mieux que rien. Je voulais me rendre directement au dortoir, mais après avoir fait un pas dehors j’aperçus un visage familier. Ce n’était autre qu’Ichinose, au milieu de cette pluie torrentielle. Elle ne tenait pas de parapluie. Il semblait qu’elle était restée au centre commercial Keyaki depuis notre conversation. Il n’y avait aucun signe d’elle traînant avec ses amis, et elle était seule. Elle avait dû rester et penser à beaucoup de choses après nous avoir quittés.

 

Moi — Elle faisait un peu le tri dans sa tête, hein.

 

Cependant, à en juger par son apparence, il ne semblait pas que ce fusse très concluant. Si elle repartait sans parapluie, il n’y avait aucun doute qu’elle allait être trempée jusqu’aux os. Je pensais peut-être qu’elle attendait quelqu’un avec un parapluie, mais cela ne semblait pas être le cas. C’était peut-être un acte de bonté de la laisser seule… mais j’étais un peu inquiet vu que la classe B venait de subir une défaite complète lors du dernier examen.

Je me dépêchai de revenir pour emprunter un autre parapluie. En revenant un peu plus tard, je vis Ichinose s’avancer sous la pluie, ignorant le fait qu’elle serait trempée. Elle ne marchait pas en direction du dortoir, mais plutôt dans la direction opposée, vers l’école. De plus, les gouttes de pluie la bombardaient car elle n’avait pas de parapluie. Bien que je pouvais la regarder s’éloigner… Je pris les parapluies et courus après Ichinose. La pluie étant trop forte, elle ne semblait pas entendre mes pas. Même si je l’appelais de ma voix normale, elle ne pouvait pas m’entendre. Ichinose continua à marcher sur le chemin qui menait à l’école. L’enceinte du lycée était dans notre champ de vision. Sous une pluie battante comme celle-ci, il n’y avait sûrement personne aux alentours. Ichinose s’arrêta et se mit à regarder le ciel, songeuse. Il semblait qu’au lieu d’éviter la pluie, elle voulait en être trempée. Qu’est-ce que tu ressentais ? À quoi pensais-tu ? Ce n’était pas difficile à deviner.

Même si ça ne me dérangeait pas de la laisser rester sous la pluie aussi longtemps qu’elle le souhaitait, elle allait certainement attraper froid si elle restait plus longtemps ainsi. Et si elle prenait froid, elle deviendrait encore plus fragile mentalement. Ce serait un peu cruel pour Ichinose dans son état actuel.

 

Moi — Tu vas attraper un rhume si tu restes dans un endroit comme celui-ci…

 

En élevant légèrement la voix, je saluai Ichinose en m’approchant d’elle.

 

Ichinose — Ayanokôji-kun…

 

Comme elle ne s’attendait pas à ce que quelqu’un soit à proximité, Ichinose fut un peu surprise, mais elle jeta alors un coup d’œil dans ma direction.

 

Ichinose —… Oui.

 

Elle chuchota doucement, mais ne bougea pas d’un pouce. Elle regarda à nouveau le ciel, sans craindre d’être trempée.

 

Ichinose — Tu devrais y retourner d’abord. J’aimerais être un peu trempée par la pluie.

 

Me dit Ichinose, alors que j’étais assez près pour entendre sa douce voix.

 

Moi — Je vois.

 

“Un peu” ne me semblait pas adéquat pour décrire la forte pluie. Si je la laissais seule, Ichinose pouvait rester sous cette pluie pendant une heure ou deux. Même si j’essayais de la persuader, elle n’écouterait pas dans cet état.

 

 

Alors, pour la faire écouter, il m’avait semblé devoir user de la manière forte. Il y avait une méthode particulière qui fonctionnait sur Ichinose dans des situations comme celle-ci. Je baissai mon parapluie et le fermai. Et en un instant, la pluie m’inonda.

Ichinose — Aya-Ayanokôji-kun ?

Moi — J’ai pensé que je pourrais te rejoindre.

Ichinose ne pouvait pas m’ignorer.

Ichinose — Pourquoi…?

Moi — De temps en temps, j’aime rester sous la pluie et être trempé sans raison.

Cela formait un contraste évident avec Ichinose, qui avait une raison de vouloir se faire tremper. J’avais deux parapluies, mais nous étions tous les deux absolument trempés. Cela n’avait vraiment aucun sens.

Ichinose — Tu ne vas pas attraper un rhume ?

Moi — Je peux te dire la même chose.

Ichinose — Ça ne me dérange pas. Ou plutôt, ce serait bien si j’en attrapais un petit.

C’était donc le cas. Rester debout sous la pluie et se faire tremper était en effet la meilleure façon d’en attraper un.

Moi — Alors peut-être que je vais faire comme toi.

Bien sûr, ma réponse allait la laisser perplexe. Après tout, il aurait été invraisemblable qu’elle dise quelque chose du style “viens, on va prendre froid ensemble”.

Ichinose — Pas question, Ayanokôji-kun. Tu devrais rentrer. Après tout, tu as un parapluie.

 

Moi — Ça n’a plus d’importance désormais.

 

Tout ce qui se trouvait sous mes vêtements était déjà trempé et avait pénétré mon corps.

 

Moi — Oh… vraiment !

 

Ichinose — Je suis désolée.

 

Si Ichinose n’y retournait pas, j’avais décidé que je n’y retournerais pas non plus. Ichinose semblait avoir succombé.

 

Ichinose — …Je comprends maintenant. Rentrons.

 

Moi — Eh bien voilà.

 

Je voulais lui passer le parapluie, mais je ne le fis finalement pas.

 

Moi — Nous sommes déjà mouillés, alors qu’importe qu’on s’en serve…

 

Ichinose — Haha, c’est vrai.

 

Cela allait prendre quelques minutes pour retourner au dortoir, avec ou sans parapluie c’était pareil.  Bien que j’aie été d’accord pour rester silencieux pendant notre retour, Ichinose soupira peu après.

 

Ichinose — Ahh, je te montre toujours mes côtés faibles… je suis irrécupérable.

 

Moi — Tes côtés faibles ? Peut-être oui.

 

Il y avait peu, quand Sakayanagi jouait avec Ichinose, elle s’était aussi perdue.

 

Ichinose — Devant les autres, je pensais que je pouvais être plus décidée et plus capable, alors pourquoi est-ce que ça se passe comme ça ?

 

Moi — Les gens ne peuvent montrer leur côté faible qu’à ceux en qui ils ont confiance. C’est ce que je pense de toute façon.

 

C’est plus difficile face aux gens que l’on déteste en effet. Face à eux, on veut toujours paraître fort. C’est lorsque l’on est seul que les faiblesses se manifeste.

 

Moi — C’était un peu de la vanité de ma part, oublie ce que j’ai dit.

 

Ichinose — Non… je pense que c’est vrai. Tu es une personne digne de confiance. C’est pourquoi je finis toujours par te faire entendre mes plaintes. Mais… pourquoi ai-je l’impression que tu es toujours à mes côtés quand je suis déprimée ?

 

Moi — Eh bien, ce sont toutes des coïncidences.

 

Ichinose — Je suis vraiment désolée.

 

Moi — Il n’y a pas besoin de s’excuser. En plus, je ne pense pas que ce soit mal. Mais si les autres élèves le savaient, ils pourraient se mettre en colère.

 

Ichinose était une fille très populaire. Si les garçons ordinaires avaient vent de notre relation un peu particulière, j’allais probablement avoir des ennuis.

 

Moi — Si ça te va, tu peux te plaindre à moi autant que tu veux.

 

Ichinose — Oh…

 

Avec un regard anxieux, Ichinose secoua la tête d’un côté à l’autre.

 

Ichinose — Non… Je ne suis pas d’accord pour montrer ma faiblesse comme ça, c’est bien trop nul.

 

Bien que le temps se réchauffe lentement, la température était encore basse. Sous une pluie torrentielle, sans personne, nous atteignîmes enfin le dortoir.

Nous étions sur le point d’entrer dans le hall, mais une fois de plus, Ichinose s’arrêta de bouger.

 

Ichinose — Je pense que tu ferais mieux de rentrer le premier, Ayanokôji-kun.

 

Moi — Qu’est-ce que tu vas faire, Ichinose ?

 

Ichinose — Je veux rester ici un peu, je… je ne veux pas encore retourner dans ma chambre.

 

Ichinose refusa donc d’entrer et dit cela, cette fois-ci avec beaucoup de conviction.

 

Moi — Quand bien même, ce serait mieux si tu y retournais.

 

Ayant été totalement trempée par la pluie, elle n’avait plus rien à perdre. Mais la pluie n’était que cela, une distraction : elle ne résolvait pas le problème à la racine. Je ne voulais pas céder à la résistance d’Ichinose.

 

Ichinose — Quand bien même… je ne veux pas y retourner… du moins pas maintenant.

 

Moi — Vraiment ? Alors je vais rester ici aussi.

 

Ichinose semblait surprise et confuse par mon attitude inflexible.

 

Ichinose — Si je suis seule dans ma chambre, à penser, je vais juste déprimer… Alors je ne veux pas y retourner.

 

Ichinose n’avait pas l’intention d’aller plus loin, même si cela signifiait rester encore sous la pluie. Je me devais donc d’utiliser une autre méthode.

 

Moi — Tu veux venir dans ma chambre alors ?

 

Ichinose — Hein ?

 

Recevant une proposition inattendue, Ichinose me fixa attentivement dans les yeux.

Moi — Si tu as quelqu’un à qui parler, alors tu ne seras pas si déprimée.

Ichinose — Mais…je suis toute mouillée…

Moi — Eh bien, je suis aussi mouillé que toi. Si tu ne veux pas monter, alors je resterai avec toi ici autant d’heures qu’il faudra.

Ichinose — Tu es étonnamment têtu.

Moi — Peut-être.

Et c’est ainsi que nous trainâmes nos corps mouillés dans le dortoir. C’était un soulagement que personne ne soit dans le hall à ce moment-là. Et, comme ça, nous prîmes l’ascenseur pour atteindre ma chambre au quatrième étage.

Moi — Allez, rentre.

Ichinose — Tu es sûr ?

Moi — Oui, oui.

Ichinose — …Désolée, merci.

Je laissai Ichinose entrer dans ma chambre et l’ai faite s’asseoir. Mais s’asseoir sur le sol froid n’aide pas tout à fait à se réchauffer… Et porter des vêtements mouillés n’était pas bon pour le corps non plus. J’activai donc la fonction de chauffage du climatiseur pour qu’Ichinose n’ait pas encore plus froid. Puis je sortis une serviette de l’armoire et la lui tendis.

Moi — Et si on en parlait ?

Ichinose — Parler… de quoi ?

Moi — Parle de ce à quoi tu penses, de ce qui t’inquiète et de tout ce           qui s’y rapporte.

 

Ichinose — Ça… Mais… Mais je… je ne peux pas !

 

Ichinose semblait réticente.

 

Ichinose — J’ai toujours compté sur toi ces derniers temps, Ayanokôjikun. J’ai reçu plus d’aide que n’importe qui d’autre. C’est assez dur à assumer finalement.

 

Ichinose Homani n’était qu’une petite fille faible. Et pourtant, elle avait toujours gardé son calme en tant que chef. C’était une capacité qu’un leader devait avoir. Ce calme était nécessaire pour que les autres sentent qu’il n’y avait pas de problème à suivre leur chef. La personne qui dirigeait devait faire preuve de sang-froid à toute épreuve.

 

Ichinose — Ayanokôji-san, tu me comprends déjà très bien.

 

Moi — Oui, ce n’est pas faux, j’en suis conscient. Mais je m’adresse plutôt à toi en tant que personne, pas à la chef de la classe B.

 

Ichinose — Et encore, même sur ça tu as pu me conseiller…

 

 

Ichinose se couvrit le visage avec la serviette, incapable d’être honnête avec elle-même. C’était comme si elle refusait de me laisser lire son expression.

 

Moi — Tu ne peux pas me faire confiance ?

 

Ichinose — Hein ?

 

Répondit Ichinose, en se couvrant toujours le visage.

 

Moi — Si c’est le cas, tu n’as pas besoin de te forcer à parler. C’est plutôt une erreur d’en dire trop, à vrai dire…

 

Ichinose — Non… Ce n’est pas ça. Je te fais probablement confiance plus qu’à n’importe qui d’autre maintenant, Ayanokôji…

 

 

 

Quant à savoir si c’était un mensonge ou la vérité, cela n’avait pas d’importance ici. Parce que quoi qu’il en soit, j’avais de toute façon l’intention de poursuivre avec ma prochaine phrase.

 

Moi — C’est un honneur, mais comment peux-tu dire ça si facilement ? Tu ne sais pas si je ne fais que profiter de ta franchise. Bien que ce ne soit peut-être qu’une rumeur, tu as parlé à Sakayanagi de ton passé…

n’est-ce pas ?

 

Cet événement devait être encore frais dans sa mémoire. Son petit incident qui avait eu lieu au collège, et comment elle voulait le garder secret. Bien qu’elle ait volé à l’étalage pour le bien de sa petite sœur, elle avait quand même raconté cela à Sakayanagi, son ennemie en classe A. C’était déjà le genre de chose difficile à dire à une personne proche, mais elle avait fini par le dire à son ennemie, bien que légèrement involontairement. Même pour une bonne personne, c’était plutôt excessif.

 

Moi — Ne dévoile pas tes secrets à quelqu’un dont tu n’es pas sûr des intentions.

 

Bien sûr, s’il y avait eu une raison à ses actes, alors cela aurait été une autre histoire. Mais ce qu’avait fait Ichinose n’avait aucun sens. Pire, elle savait qu’elle allait le regretter, mais elle l’a quand même fait.

 

Moi — Que feras-tu si la même chose se reproduit ?

 

Ichinose — Eh bien, même moi, je ne veux pas que ça se reproduise.

 

Cela dit, Ichinose toucha sa frange qui brillait grâce à l’eau.

 

Moi — Je vois. C’est bien. Maintenant que tu as pris conscience de ta situation, je ne vais pas en dire plus.

 

Ichinose — Ah, non. Je ne vais certainement pas… tomber dans le panneau deux fois. Ayanokôji-kun, c’est différent.

 

Moi — Je ne suis pas ton camarade de classe. Je suis ton ennemi, et ça     ne changera pas, n’est-ce pas ?

 

Ichinose — Je ne veux pas utiliser ce mot si facilement.

 

Moi — Même si tu ne veux pas l’admettre, c’est la vérité.

 

Ichinose — …Mais…

 

Incapable de l’accepter, Ichinose reformula sa phrase.

 

Ichinose — Bien que tu ne sois pas un allié… Tu es une personne digne de confiance.

 

En le transmettant ainsi, le mot “ennemi” avait été supprimé. L’eau que j’avais préparée auparavant commença en même temps à bouillir.

 

Moi — Je n’ai que du café, du café au lait et du chocolat chaud.

 

Ichinose — Alors… je vais prendre le chocolat chaud.

 

Je fis un signe de tête à Ichinose, qui répondit en souriant et versa le chocolat dans la tasse. Boire des boissons chaudes est utile pour réchauffer son corps. La pluie se calmait pendant ce temps, le ciel laissant apparaître les premières lueurs du coucher de soleil à travers les nuages.

 

Ichinose regarda un peu ce paysage, puis se tourna vers moi avec un faible sourire. Au bout d’un moment, elle commença lentement à se confier.

 

Ichinose — Lorsque j’ai été affectée à la classe B et que j’ai rencontré mes camarades de classe, j’étais confiante dans la victoire. Les gens disaient que j’étais peut-être trop vaniteuse, mais j’ai eu la chance d’avoir d’excellents compagnons. Et j’en pense toujours autant !

 

Comme si elle le confirmait à nouveau, Ichinose dit ceci.

 

Ichinose — Pourtant, la seule erreur de calcul a été de me considérer comme le chef. Si j’agissais mieux, la classe B aurait certainement plus de points que maintenant.

 

 

Moi — Je ne pense pas. Je t’ai toujours considérée comme une personne exceptionnelle.

En secouant la tête, elle refusa mes éloges.

Ichinose — Après avoir parlé avec Horikita-san aujourd’hui, j’ai vraiment senti qu’elle avait beaucoup grandi en tant que personne cette année. Il en va de même pour Sakayanagi-san et Ryuuen-kun. Quelle que soit la classe, leur chef devient plus fort.

Contrairement à ceux qui avaient évolué, Ichinose ne voyait pas sa progression.  À cause de ça, elle avait perdu confiance en elle. Comme elle avait l’impression de se perdre et de perdre confiance en elle, elle avait aussi l’impression que les autres la laissaient derrière.

Ichinose — Est-ce que… Est-ce que je pourrai gagner à l’avenir ?

Moi — Seras-tu capable de gagner à l’avenir, hein ?

Ichinose — Si je te disais que je voulais avoir ton avis, tu me le donnerais comme ça, là, maintenant ?

Moi — Si c’est ce que tu veux, je suppose que je pourrais.

 Ma réponse n’allait pas forcément être la bonne. Cependant, Ichinose voulait une réponse maintenant. Mais ce n’était pas le genre de chose auquel on pouvait répondre par une réponse toute faite, en 2 minutes. Après tout,

l’avenir n’était pas encore déterminé, et les possibilités étaient infinies.Et Ichinose n’était pas le genre d’élève à abandonner si facilement ici.

Moi — Nous allons bientôt entrer dans notre deuxième année. C’est-àdire que la nouvelle année arrive.

Ichinose — Oui…

Moi — Tout au long de l’année, quoi qu’il arrive, tu devras te battre avec tes camarades de classe. Pendant ce temps, tu peux connaître le bonheur, la tristesse et parfois aussi des difficultés, mais même ainsi, tu ne dois jamais cesser d’avancer.

 

Jusqu’à présent, Ichinose Honami avait rempli son rôle de leader de la classe B avec brio. La seule chose qu’Ichinose Honami pouvait faire en tant que leader de la classe B en ce moment, c’était de rester elle-même et de continuer comme elle le faisait jusqu’à présent. Elle devait faire confiance à ses camarades et se battre jusqu’au bout. C’était la seule option qu’elle avait. Le travail d’équipe, c’était la grande spécificité de la classe B

 

Ichinose — Mais qu’en sera-t-il dans un an ?

 

Un an plus tard, elle parlait d’elle-même. Elle devait sûrement se sentir très mal à l’aise.

 

Ichinose — J’ai peur. J’ai peur de découvrir… ce que tu vas me dire dans un an….

 

Commencer en classe B n’était pas mal dans ce lycée. Ichinose avait passé un an avec ses camarades de classe et avait maintenu sa position. Entourée de nombreux acolytes, sa vie scolaire avait été des plus sympathiques cette année. Cependant, quand on y prêtait attention, l’écart entre les classes se réduisait plus que jamais. Combiné au fait que la défaite avait finalement rattrapé Ichinose, la situation était difficile.

 

Ichinose — Je…

 

Moi — Je comprends. Il est difficile d’accepter ça comme une réponse.

 

Ichinose détourna le regard. Je ne pouvais pas répondre à sa question de savoir si elle allait gagner à l’avenir. Non, il n’était pas nécessaire de répondre à cette question. À en juger par la situation actuelle, un grand fossé se creusait entre les classes en terme de progression. Si on analysait objectivement la situation actuelle, la classe qui risquait de se trouver en bas de l’échelle l’année prochaine allait probablement être la classe B. C’était ce qui rendait Ichinose si mal à l’aise. Ce n’était pas le froid mais plutôt la peur qui pénétrait son corps et qui la faisait légèrement trembler.

 

 

 

Ichinose — Qu’est-ce que je dois faire… Qu’est-ce que je peux faire…

 

Elle avait l’air si faible. Ichinose n’aurait certainement pas permis à d’autres élèves de la voir ainsi. Surtout pas ses camarades de classe.

Là, il me suffisait simplement de lui dire des mots tendres à elle qui m’avait ouvert son cœur. Ou même de toucher sa peau cachée sous ses vêtements mouillés. Je bougeai un peu, Ichinose réagit immédiatement et leva la tête pour me regarder. Je me mis à côté d’Ichinose et je m’assis, en gardant ma position, rattrapant son regard qui semblait vouloir s’échapper.

 

Ichinose — A-Ayanokôji-kun… ?

 

J’étendis la main droite et touchai les cheveux mouillés d’Ichinose, puis je lui caressai légèrement la joue. Il y avait une sensation de froid et de douceur, avant de laisser place à une faible mais enveloppante chaleur qui m’envahit le bout des doigts. Je bougeai mon pouce et lui caressai les lèvres. Ce faisant, le tremblement de son corps s’atténuait et bientôt ses lèvres tremblantes s’étaient également calmées. Dans des conditions normales, ce genre d’action serait rejeté par n’importe qui et on essaierait de s’enfuir. Cependant, Ichinose ne semblait pas vouloir fuir.

 

Ichinose — C’est tellement étrange… Tu es vraiment une personne mystérieuse… Ayanokôji-kun…

 

Moi — Peut-être.

 

Après avoir terminé la conversation, je fixai Ichinose. Ni plus, ni moins.

 

Moi — Maintenant, Ichinose, me retrouveras-tu l’année prochaine en ce jour ?

 

Ichinose —…Qu’est-ce que tu veux dire ?

 

Elle n’avait pas essayé d’échapper au contact de ma paume, car elle me fixait avec ses yeux humides.

 

Moi — Je pense ce que j’ai dit. Je veux te rencontrer à nouveau l’année prochaine. Personne d’autre, juste nous.

 

 

Cela ressemblait presque à une déclaration. Mais je m’arrêtai là.  Je retirai doucement ma main de la joue d’Ichinose, me levai et m’éloignai d’elle.

 

Moi — Dans l’année qui vient, ne te sens pas piégée par la confusion et l’incertitude, continue d’avancer. Puis, parle-moi encore l’année prochaine. Peux-tu me promettre cela ?

 

Ichinose — Que…

 

Elle hésita un instant.

 

Ichinose — Mais si… je à ce moment-là… nos classes…

 

Moi — Ça n’a pas d’importance. Je veux juste voir l’Ichinose de l’année prochaine.

 

Ichinose ferma les yeux et hocha légèrement la tête.

 

Moi — Je te transmettrai alors ce que je voulais te dire maintenant, c’est une promesse.

 

Ichinose — Oui, merci… Ayanokôji-kun.

 

Une sorte de lumière commençait à revenir dans ses yeux.

 

Ichinose — Je te le promets aussi. Je vais me battre de toutes mes forces et dépasser la classe A cette année !

 

Ichinose laissa échapper le sourire le plus éclatant qu’elle avait eu de ces derniers temps. Nous nous étions promis de nous revoir l’année prochaine. Si nous survivions tous les deux, cette promesse n’avait aucune raison de ne pas être tenue.

 

La classe B, dirigée par Ichinose Honami…. Que leur réservait l’avenir ? Si je n’étais pas très optimiste, je devais admettre que rien n’était encore joué. Cependant…

 

 

Si elle tombait au cours de cette année …

J’allais être celui qui lui assénerait le coup de grâce.

 

 

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