Le relais 1200 mètres, dernière épreuve du festival, allait bientôt commencer. La tension était à son comble sauf en classe D, déjà résignée.
Hirata — Voici la dernière épreuve. On va devoir faire un chang…..
Sudou — Hah, hah, désolé de vous avoir fait attendre ! Alors ?
Un Sudou à bout de souffle arriva, suivi ensuite de Horikita.
Hirata — Sudou-kun, tu es revenu !
Sudou — …..Désolé, j’ai mis du temps à me reprendre !
Il avait l’air rayonnant. Tandis que des élèves le fusillaient du regard, il leur fit face.
Sudou — Désolé. J’ai craqué et j’ai fini par pousser Hirata et à faire plomber le moral de tout le monde. C’est aussi ma faute si la classe D est dans ce chaos.
Sudou ne leur le laissa pas le temps de le blâmer et fit un joli coup. Si Sudou avait réussi à évoluer comme ça avant, il aurait gardé son sang-froid pour sûr. Quelque chose s’était produit pour qu’il soit aussi changé. Hirata, surpris, rit de bon cœur. Il avait l’air de se ficher du gonflement de ses joues qui devaient lui donnait un mal de chien.
Ike — Je te reconnais pas là. Où est passé Sudou ?
Ike vint lui parler contre toute attente.
Sudou — J’admets juste mes torts. J’ai été le plus grand fautif ici et je tenais à m’excuser aussi envers toi, Kanji.
Ike — Pas de ta faute si je suis nul en sport. Désolé d’avoir été inutile. Les excuses s’enchaînaient et les élèves qui regardèrent mal Sudou au début durent admettre qu’ils ne purent produire les mêmes résultats que lui.
Sudou — Si vous ne m’avez pas encore remplacé alors, laissez-moi courir !
Hirata — J’imagine que tout le monde est d’accord pour le laisser ?
Le relais 1200m était mixte et il devait y avoir trois filles et trois garçons courant chacun 200 mètres.
Horikita — Puis-je demander un changement ? Avec cette jambe, je ne pourrai rien faire malheureusement.
Le cas de Sudou étant réglé, Horikita demanda cela sur un air désolé.
Hirata — Tu es sûre ? Tu tenais pourtant à ce relais !
Horikita — Au vu de mon état, je ne pense même pas gagner contre Ike-kun.
Alors que l’atmosphère fut pesante, Horikita s’inclina tout comme le fit Sudou. C’est la première fois que je la vis aussi honnête. Psychologiquement et physiquement, elle avait été détruite par Ryuuen et tenait à ce rôle de dernier coureur pour être auprès de son frère. Elle devait même s’être déjà fait des films vu que ses mains tremblaient de frustration. Ce rêve lui échappa de peu. Si elle participait, la classe D perdrait pour sûr et c’est ainsi que Hirata opta pour Kushida. Il y avait Sudou en premier, ensuite Hirata, Miyake, Maezono, Onodera et Kushida. C’était les meilleurs coureurs à ce jour de notre classe et tandis que Hirata avait fini de faire confirmer les participants, je lui fis un signe du regard. Ce dernier allait parler, mais se fit interrompre.
— Umm…désolé c’est soudain, mais à vrai dire…
Un des participants se mit à parler.
— J’aimerais me retirer si possible. Désolé !
Ce fut Miyake qui sembla boîter du pied droit.
Miyake — Je me suis foulé la cheville sur le sprint du 200m. Je pensais que ça irait mieux avec du repos, mais visiblement non, j’ai mal.
Nous avions aussi malheureusement des blessés de notre côté.
Hirata — Il nous faut donc un garçon.
Hirata ferma la bouche et regarda les élèves de la classe. Le problème était que pour l’épreuve finale, seuls ceux qui avaient confiance en leur vitesse demanderaient à participer. Vu qu’il n’y avait pas de volontaires, je fis une offre…
Moi — Puis-je courir si possible ? Bien sûr, je paierai !
— Ehh, t’es sûr Ayanokôji ? T’es vraiment rapide ?
Bien entendu, vu mes performances, on doutait de moi.
Hirata — Je suis pour. Je l’ai observé jusque là et je pense qu’il est le genre de personne sur qui on peut compter quand on en a besoin.
Une intervention d’Hirata suffit à faire taire toute objection. Voici le poids des mots d’un garçon qui avait la confiance de tous.
Hirata — Nous n’avons pas les meilleurs coureurs de la classe alors il va falloir faire un départ rapide et maintenir l’écart. Qu’en penses-tu Sudou-kun ? Tu es le mieux placé pour un départ éclair et pour dépasser tout le monde. Dès que tu me passeras le témoin, je maintiendrai l’avance et ensuite compterai sur nos camarades suivants pour gérer.
12 personnes, en comptant les années supérieures, allaient commencer le relais en même temps. Vu qu’il n’y avait pas 12 couloirs, les coureurs durent commencer côte à côte. La règle est de prendre le couloir intérieur de celui qu’on dépasse ce qui fait que le moment le plus crucial de la course était la position du début. Si on arrivait à faire un départ rapide, on évitait d’être happé dans une mêlée générale.
Sudou — Si on veut gagner alors pas le choix.
Sudou partait en premier, ensuite Hirata, car il pouvait maintenir l’avance de Sudou avec précision. Ensuite nous avions les trois filles et moi, en fin de course.
Il semblerait que Hirata me confia la lourde tâche d’être dernier coureur, car il me faisait plus confiance que nos camarades féminines en termes de rapidité. Je n’étais pas en face des plus rapides aussi ce qui était bien pour moi. De toutes les années, toutes classes confondues, il y avait deux élites qui sortaient du lot, Horikita-senpai en terminale et Nagumo en première.
Hirata — Je compte sur toi Sudou-kun.
Hirata fit un cri et les autres coureurs suivirent avec des cris d’encouragement envers Sudou. Ce dernier, déterminé, se mit en position. Les élèves de seconde D avaient la chance d’avoir le couloir le plus intérieur tandis que ceux de la terminale A le plus extérieur pour équilibrer les forces. Concernant les terminales, il y avait trois filles qui commençaient ce qui sentait bon pour Sudou s’il voulait creuser un grand écart dès le début. Alors que tout le monde fut excité, la dernière épreuve était sur le point de commencer. Bien entendu, la classe D ne pouvait plus gagner le festival, mais elle devait penser que gagner ici changerait radicalement la donne pour les événements futurs. Nous entendîmes des encouragements depuis notre chapiteau.
Hirata — Il s’en est fallu de peu pour que je me retire.
Moi — En effet, la blessure de Miyake n’était pas prévue.
Le plan de base était que je remplace Hirata. Seul lui était au courant.
Hirata — Tout ira bien Ayanokôji-kun ?
Moi — Ouais. Désolé de t’avoir laissé tout gérer ?
Hirata — C’est normal, c’est pour le bien de notre classe. Et puis j’en ai marre de me faire battre par Ryuuen-kun. J’ai envie de voir sa tête quand il te verra courir.
Moi — Je ferai tout mon possible pour ne pas te décevoir. Pour le moment, encourageons Sudou.
Sudou fit un bon départ et n’avait pas l’air tendu le moins du monde. C’était le meilleur timing que j’avais vu jusque là. Dès sa première propulsion, il réussit à doubler 11 personnes ce qui étonna pas mal de coureurs.
Shibata — Wow, un délire !
Même Shibata, près de moi, ne put s’empêcher d’être impressionné devant cette cadence foudroyante. Les premières et terminales devaient être rapides, mais ils se sont retrouvés très vite en mêlée générale ce qui fait qu’ils eurent du mal à bien se positionner. Sudou avait profité de cette ouverture pour terminer premier avec 15m d’avance.
Sudou — Fonce Hirata !
La classe D était en feu et le témoin fut donné à Hirata, bon en sport comme en cours, qui s’élança brillamment. Les adversaires suivaient, mais ne purent réduire l’écart comme prévu jusqu’au tour d’Onodera en troisième position, où tout pouvait encore se jouer là. Onodera était rapide pour une fille, mais les garçons derrière commencèrent à la rattraper. Quand Maezono obtint le témoin, nous n’avions plus aucune avance et elle fut dépassée par un élève de première A et par une autre en terminale A. On visait la première place, mais les coureurs des années supérieures étaient bons.
Ce furent les joies d’une course et tout pouvait encore se jouer. La chance étant un facteur comme un autre fit que la fille de terminale A trébucha à 50m de son camarade. Elle paniqua et se remit vite debout, mais fut dépassée par l’élève de première A qui creusa l’écart. Lorsque le témoin arriva à Kushida, la classe D fut dépassée par un seconde A et se retrouva en septième position. C’était logique vu que les compositions adversaires étaient équilibrées. Je pensais pouvoir gratter le podium, mais ça allait être plus compliqué que prévu. Alors que les secondes étaient battues par les années supérieures, la seconde B avait réussi à se placer en troisième position tant bien que mal. Shibata, le champion et dernier coureur de la classe B se mit en position. Vu que la fille en terminale A était tombée, la line-up des derniers coureurs changea radicalement au bon plaisir de certains.
— On dirait bien que nous allons gagner président Horikita. J’aurais bien aimé partir en même temps que vous.
Regardant approcher son camarade, Nagumo de la première A ricana. Il y avait 30m d’écart entre ce dernier et le coureur de la terminale A. Vu qu’ils avaient le même niveau, la victoire semblait être jouée d’avance.
Nagumo — Même en termes de points globaux, nous sommes les probables gagnants. C’est l’aube d’une nouvelle ère.
Horikita-senpai — Tu veux vraiment changer tout le système ?
Nagumo — Jusqu’à maintenant le Conseil s’est trouvé trop conservateur afin de protéger la tradition. Autant dire, zéro fun. Bien que tu joues au dur, tu laisses toujours un filet de sécurité. Ton règlement mou qui n’a aucune valeur contraignante pour les expulsions ne fera plus effet, car désuet. Je créerai un nouveau système de règles bien plus adapté à une méritocratie comme la nôtre.
Nagumo dit cela tandis qu’il s’approchait un peu vers l’avant, se préparant à recevoir le témoin qu’il saisit dès son arrivée. Peu de temps après, Shibata reçut son témoin dans des conditions idéales de 2e et décampa à vive allure.
Shibata — Bien joué, je m’occupe du reste.
Shibata, les yeux emplis de détermination, traqua Nagumo. Après qu’ils soient partis, nos regards se croisèrent un petit moment à Horikita-senpai et moi. Il n’y avait rien à tirer d’une brève conversation, mais je trouvais ça honorable de le voir se battre jusqu’au bout.
Horikita-senpai — Dire que tu es le dernier coureur.
Moi — Je ne fais que remplacer quelqu’un. Mais ta sœur aurait dû avoir cette position.
Horikita-senpai — Je vois. J’imagine qu’elle a ses propres combats à mener.
Et dire que je venais de vivre un rêve de Horikita en me dressant à côté de son grand frère Manabu. J’imaginais que même si elle ne comptait rien lui dire à ma place, elle lui montrerait ses sentiments.
Horikita-senpai — Je pensais avant l’épreuve que votre classe était finie, mais je vois que la flamme s’est ravivée. Que s’est-il passé ?
Moi — Est-ce vraiment utile pour toi d’observer autant la seconde D ?
Horikita-senpai — Je le fais pour toutes les classes sans exception.
Moi — Il y a bien une quelqu’un de changé, ta sœur.
Horikita-senpai — …Je vois.
Il répondit avec son ton habituel sans montrer la moindre surprise.
Horikita-senpai — Et toi alors ? Je ne ressens pas la moindre passion.
Moi — Je suis moi-même. Je me fiche de ce festival dont l’issue est dé jà décidée.
Les sentiments de la classe…
Les sentiments de Sudou…
Les sentiments de Horikita Rien de tout ça ne m’intéresse !
J’ai juste eu un pressentiment.
Moi — Tu ne le verras pas, car tu seras diplômé, mais notre classe deviendra plus forte.
Horikita-senpai — Ce n’est que supposition qui ne me fait ni chaud ni froid.
Alors qu’il regardait son camarade approcher, je le stoppai net avec mes mots.
Moi — Dans ce cas, tu serais au moins intéressé de voir quel genre de personne je suis exactement ?
Horikita-senpai — Pardon ?
Il aurait pu se mettre en position, mais comme prévu il ne le fit pas.
Moi — Si tu veux, on peut s’affronter.
Horikita-senpai — Tu es vraiment fascinant… Dire ça là maintenant… Moi qui pensais que tu voulais rester discret et laisser le cours des choses se dérouler sans intervenir, me serais-je trompé ?
Moi — Si tu abandonnes toute idée d’être deuxième pour m’affronter alors j’accepterai ce duel. Ce n’est pas tous les jours qu’un élève de seconde et de terminale peuvent s’affronter sur un pied d’égalité.
En réponse à ma provocation imprévue, il se tourna vers moi.
Horikita-senpai — Intéressant…
Horikita Manabu ne fit plus aucun mouvement après avoir reçu le témoin. Le plus étonné fut le cinquième coureur de la terminale A qui ne comprit pas la situation alors qu’il avait fait tout son possible pour arriver rapidement. Mais rien à faire, il resta immobile.
Horikita-senpai — Bien joué.
— Ahh, ehh, ahh…..
Le cinquième coureur partit visiblement sous le choc de l’attitude de Horikita-senpai. Autant dire que ce n’était du jamais vu. Les spectateurs qui avaient remarqué ça se tournèrent vers lui tandis qu’il se faisait dépasser petit à petit attendant toujours. Kushida approcha enfin et réalisa que la situation était bizarre, mais elle courut à toute vitesse dans ma direction.
Moi — Je ne dirai qu’une chose avant qu’on ne commence.
Horikita-senpai — Je t’écoute ?
Alors que nous fûmes en position, je lui dis la seule chose que j’avais à dire.
Moi — Donne tout ce que tu as !
Pendant un instant, j’ai cru que ce dernier rit alors qu’il n’était plus dans mon champ de vision. C’est à ce moment que le témoin me fut donné.
Kushida — Ayanokôji-kun !
Je courus aussitôt à pleine puissance. Jusqu’à maintenant dans ce vaste monde, je n’avais pas couru aussi sérieusement de ma vie. La situation était complètement différente de quand je courrais avec indifférence dans cette pièce froide et inhumaine. Nous n’étions que début octobre et l’hiver n’était pas encore là, mais je sentis une douce brise fraîche m’emporter. Je n’avais plus rien à faire des autres coureurs, seul cet homme m’intéressait. Comme si nous chevauchions le vent à toute vitesse, nous fûmes presque au même niveau et nous avions rattrapé le coureur devant nous ?
— C’est une blague ??!
Alors qu’il fut dépassé, il laissa échapper un cri de surprise et fut abandonné dans la poussière. Je ne pouvais plus entendre le public et ses acclamations ou bien le brouhaha alentour. Il n’y avait ni stratégie ni ingéniosité, seulement un combat d’homme à homme avec Horikita Manabu. Nous prîmes le premier virage ensuite le couloir droit pour finir sur le virage final. C’est à ce momentlà que je pensai à accélérer encore plus.
Des acclamations résonnèrent avec force dans tout le terrain.
1
Karuizawa — C’était quoi cette vitesse ?
Après l’épreuve, elle me dit cela tout en m’évitant du regard.
Moi — C’est mon adversaire qui était lent non ?
Karuizawa — T’es sérieux de dire ça ? T’as vu les réactions des gens ?
Moi — Oui mais au final je n’ai pas battu le président.
Karuizawa — On ne peut rien y faire, la personne devant toi est tombée.
Alors que nous réduisions encore l’écart à un rythme de folie, le coureur devant moi paniqua et tomba. Je l’évitai, mais ce léger délai suffit à ce qu’il me batte. Je ne sais pas si j’aurai gagné sans cet incident, mais je m’en fichais. J’avais eu maintenant ce que je voulais au moins, à savoir, toutes les informations sur cet établissement. Beaucoup de gens après m’avoir vu finir de courir, vinrent vers moi.
Sudou — Ayanokôji ! T’es un rapide ! Tu te retenais depuis tout ce temps ?
Sudou qui courut vers moi me frappa le dos de toutes ses forces ce qui me fit mal.
Moi — La course est mon seul point fort, mais là c’était exagéré. Disons que je me suis surpassé au vu de mon rôle important.
Horikita — Cela n’explique en rien cette vitesse monstrueuse, menteur.
Tout en boitant Horikita fit son apparition et utilisa son doigt pour me poignarder l’abdomen.
Moi — Je me suis donné à fond et j’ai le droit à des coups ! Ça fait un mal de chien !
Vu que Horikita s’était approchée de moi, Karuizawa prit ses distances. Sakura regarda aussi de loin, mais elle ne put venir, bloquée par la foule.
Horikita — Si tu avais couru comme ça dès le début, les choses auraient été bien différentes. Pourquoi être devenu sérieux tout à coup ? Tu vas attirer l’attention maintenant.
Contrairement à des gens rapides comme Shibata ou Hirata ou bien des gens qui se donnaient à fond depuis le début comme Sudou, je ne prenais pas au sérieux ce festival. Certes j’aurais pu aider pour que l’on obtienne des résultats, mais c’était mieux ainsi, car on donnait l’impression à Ryuuen qu’on me gardait en réserve jusqu’au bouquet final et que c’était Hirata et Horikita qui avaient tout manigancé dans l’ombre. Or pour quelqu’un comme lui qui aimait surprendre, il n’y avait pas meilleure stratégie pour l’irriter.
Horikita — Ils vont annoncer les résultats.
Les résultats allaient être annoncés en même temps que la cérémonie de clôture. Tous les élèves se tournèrent vers le tableau électronique d’affichage. — Nous allons annoncer les résultats du festival de cette année.
On pouvait voir « équipe rouge » d’un côté et « équipe blanche » de l’autre tandis que les points commencèrent à augmenter de part et d’autre en fonction des épreuves gagnées. L’équipe gagnante fut…
— L’équipe Rouge remporte le festival.
Les points totaux s’affichèrent près du nom de notre équipe. Il fallait dire que la coalition DA avait gagné de justesse. C’était serré.
— Nous allons annoncer maintenant les résultats de chaque classe.
Les 12 classes furent divisées en trois catégories et s’affichèrent près de chaque, le nombre de points. Ce qui importait était les résultats de notre année et non ceux des autres.
1er : seconde B
2ème : seconde C
3ème : seconde A
4ème : seconde D
Sudou — Ugyaah ! Comme prévu, nous sommes derniers !
Horikita — …C’était malheureusement prévisible !
Certes l’équipe rouge avait gagné, mais les secondes A et D furent clairement un poids. Il faut dire qu’avoir des absents comme Koênji ou Sakayanagi n’avaient pas arrangé les choses. Pour les premières et les terminales, la classe A s’empara de la première place avec beaucoup d’avance et montrèrent une vraie stabilité. Mais les secondes A ne firent pas honneur à leur rang et terminèrent troisième avec un malus de 100 points. Pour la classe D, c’était un malus de 100 points tandis que la classe B a réussi à gagner 50 points grâce à sa première place, mais en perdit 100 à cause de la défaite Blanche. Toutes les classes de seconde prirent donc un coup. Je pus voir que tout le monde était épuisé et bien que chacun ait fait de son mieux, nous n’avions tous fait que reculer dans le classement général. Ce festival ne fut pas cependant complètement inutile, car des élèves avaient réussi à gratter des points précieux pour de futurs examens écrits dans des épreuves optionnelles.
— Nous allons annoncer le meilleur élève de chaque année.
Sudou attendait cela avec impatience et s’il était élu meilleur élève de seconde alors il pourrait appeler Horikita par son prénom. Cependant, ce fut Shibata Sou de la seconde B qui fut choisi. Nous pûmes voir son nom sur le tableau d’affichage.
Sudou — Guaaaah ! Alors c’est comme ça !
Sudou laissa échapper un cri. Shibata prenait souvent la première et la deuxième place, mais bien, que Sudou fut premier pour toutes les épreuves individuelles, son absence a eu des conséquences. Le relais qu’il n’a pas pu gagner ne dut pas arranger les choses. Sudou continua de regarder le tableau d’affichage avec frustration bien que l’événement se termina.
Horikita — Sudou-kun, tu te rappelles de notre promesse ?
Sudou — C’est rageant, mais je n’ai qu’une parole. Je t’appellerai Horikita dorénavant.
Horikita — Tu es déterminé, c’est admirable.
Horikita se mit à rire joyeusement.
Horikita — D’ailleurs, nous n’avions décidé d’aucune contrepartie.
Sudou — Comment ça ?
Horikita — Si tu réussissais à prendre la première place tu m’appellerais par mon prénom, mais si tu n’y arrivais pas ?
Sudou — Pas faux…
Horikita — C’est pourquoi je vais te donner une punition. Prometsmoi de plus utiliser la violence sans bonnes raisons.
Sudou — Je vois. Je te le promets.
Horikita — Bien entendu c’est moi ou un tiers qui décide de ce qui est une bonne raison ou non.
Sudou obéit sans broncher. Peut-être qu’il avait réalisé ses fautes et qu’il devint un peu plus mature. Horikita se retourna et commença à partir.
Horikita — Cependant, je n’ai pas su répondre aux attentes non plus.
Sudou — Ahh ? Tu étais blessée, c’est normal.
Horikita — Certes mais je ne peux me le pardonner. Je dois être punie.
Elle se retourna en direction de Sudou et lui dit :
Horikita — Voilà pourquoi tu es libre de m’appeler comme tu veux.
Sudou — Hah ? S-Sérieux ?
Horikita — C’est ma punition.
C’était sa manière de faire des compromis et trouver un terrain d’entente.
Horikita — Même si nous sommes bon derniers, je suis quand même contente dans la mesure où j’ai bon espoir pour la suite.
Sudou — …o-oh
Sudou, visiblement gêné, se gratta le dessous de son nez et regarda dans une autre direction prétextant qu’il rougissait à cause du soleil.
Sudou — Uoooooooooooohhhhh, boooooooooooooon !
Sudou hurla comme pour faire partir la fatigue et leva les mains au ciel.
Sudou — Ce festival était génial Suzune !
Horikita — Content que tu aies apprécié.
Moi — Ouais !
— Désolé d’interrompre vos célébrations, mais as-tu du temps à m’accorder ?
Alors que nous approchâmes du bâtiment des cours, quelqu’un nous interrompit. Ce fut une fille dont je ne connaissais pas le nom, mais qui était calme. Tout ce que je sais c’est qu’elle faisait partie de la classe A. Je l’avais vue lors de la bataille des cavaliers.
— peux-tu me rejoindre après t’être changé ?
Moi — …..Pourquoi moi ?
— Je dois te dire quelque chose. Rendez-vous à 17h pile devant l’entrée principale.
Ike — O-Oi, Ayanokôji. C’est quoi ce délire ? Explique-toi.
J’avais aussi pensé à une confession, mais je sentais autre chose qui émanait d’elle.
Moi — Comment ça me dire quelque chose ?
J’essayais de la stopper, mais elle partit en m’ignorant.
Ike — Est-ce que le printemps de la jeunesse commence à venir ?
Moi — Je ne pense pas.
Ike — Si ça se trouve elle a eu le coup de foudre après ton sprint.
Moi — …Bon sang…
Je n’arrêtais pas de penser en tout cas à ce qu’elle me voulait. Je partis me changer dans les vestiaires et retournai en classe. La moitié des élèves avait déjà quitté le bâtiment. Horikita, en uniforme, revint à sa place un peu après.
Horikita — La défaite a été totale…
Elle dit cela, mais ne fut en en aucun cas dépité.
Horikita — Mais je sens que j’ai évolué. Je ne pensais pas qu’un jour j’en serais réduite à faire un constat aussi misérable de ma personne, mais c’était une étape nécessaire pour partir du bon pied.
Moi — Si tu sens que tu as mûri alors c’est le plus important.
Horikita — Cette classe deviendra forte. Nous irons tous en A !
Moi — Jamais cru que tu aurais pu dire ça. J’en ai des frissons. Horikita — …Certes, l’ancienne moi n’aurait jamais pu le faire.
Peut-être qu’elle s’était un peu égarée, car elle détourna son regard timidement.
Horikita — Mais nous avons encore pas mal de problèmes à régler notamment en interne. Je vais devoir d’abord faire un kowtow.
Moi — Kowtow ? Tu comptes te prosterner ?
Je ne comprenais pas où elle voulait en venir, mais elle ne s’étala pas làdessus.
Horikita — Cela ne te concerne en rien, mais, merci pour aujourd’hui !
2 (Horikita)
Épuisés, la plupart des élèves quittèrent la salle de classe. Vu qu’il n’y avait pas d’activités de club, Sudou-kun partit lui aussi tout en discutant avec Ikekun et les autres. Mon voisin, Ayanokôji-kun, se leva précipitamment de son siège pour partir. Peut-être qu’il était curieux à mon sujet puisque je ne bougeais pas, mais il me regarda.
Ayanokôji — Tu ne pars pas ?
Moi — J’ai quelque chose à faire.
Ayanokôji — Toi qui rentres toujours tôt, c’est étonnant.
Moi — Il y a des moments comme ça. Bref, tu peux disposer. Ayanokôji — On se voit après-demain alors !
Chacun partit tour à tour jusqu’à ce qu’il ne reste que moi. Si j’étais restée là c’était bien entendu pour attendre Ryuuen. Je n’ai fait que subir son rythme depuis le début, mais je m’en rendis compte trop tard. Je n’ai jamais pu riposter et n’ai fait que morde la poussière à chaque fois, mais au moins, j’étais consciente de la situation pour une fois. J’avais compris que j’étais beaucoup plus faible et pathétique que je ne le pensais et je devais le remercier pour ça. Il était en effet après une somme considérable, car beaucoup d’élèves étaient impliqués. Le fait de transférer 1 million de points à la classe C signifiait que j’allais devoir lutter à tous les niveaux dans le futur. C’était un coup très dur.
Kushida — Désolée de t’avoir fait attendre Horikita-san. J’ai un peu trop discuté.
Kushida-san, qui avait quitté la classe avec ses amies revint, les mains jointes.
Horikita — Nous avons encore le temps. On y va ?
3
Ryuuen — Yo. Content que tu n’aies pas fui Suzune.
Horikita — Je ne fuirai plus.
Ryuuen — Tu es devenue une bien belle personne.
Ses compliments me rebutèrent plus qu’autre chose.
Ryuuen — Mais avant de te parler, mettons un terme à tout ce cinéma. Kushida-san, tu es ok ?
Horikita — Ehh ? Cinéma ? Comment ça ?
Alors que le bâtiment fut irradié par la lueur de la nuit, je regardai Kushidasan.
Horikita — Si tu veux faire l’innocente libre à toi, mais je sais que c’est toi qui as tout fait fuiter pour que classe C nous écrase. Le fait que je sois là avec Ryuuen le prouve bien non ?
Kushida — Qui t’as dit ça au juste ? Hirata-kun ? Ayanokôji-kun ? Horikita — Pas du tout, j’avais déjà des doutes et un sentiment de malaise à ton égard. Il est temps d’en finir tu ne crois pas ?
Kushida — C’est-à-dire ?
Horikita — Je me rappelle de toi au tout début quand tu avais essayé de convaincre Kôenji-kun de laisser sa place dans le bus. Je ne t’avais pas reconnue dans un premier temps, mais j’ai fait le rapprochement ensuite.
Je regardai Kushida-san dans les yeux et si elle était de connivence avec Ryuuen-kun alors elle n’allait pas laisser passer ça. Jusqu’à maintenant, elle se tenait tranquille, car elle n’avait pas besoin de prendre des mesures.
Moi — Kushida Kikyô-san, je me souviens de toi. Nous étions dans le même collège.
Elle ne pouvait garder son sourire longtemps si je lui révélai ça et cela fit mouche. Elle fit une expression que je n’avais jamais vu auparavant, mais c’était toujours avec le sourire.
Kushida — Bien entendu que tu te souviens de moi. J’étais une fille à problèmes.
Kushida-san arrêta ensuite de parler et regarda le sol en silence.
Moi — Ce n’est pas exact. Comme actuellement, tu étais une fille qui avait la confiance de tout le monde, mais…
Kushida — Tu peux arrêter ? Je n’ai pas envie de parler du passé.
Moi — Effectivement, c’est inutile.
Ryuuen-kun nous écouta avec un sourire comme s’il prenait son pied. Kushida — Tu as donc compris ce que je cherche à faire.
Moi — Oui, tu veux que je parte de cet établissement, mais tu prends des risques aussi non ? Je pourrais tout révéler à ton sujet.
Kushida — Entre toi et moi, je suis celle qui a la confiance de tous.
Moi — Enfin les dégâts seraient là et le doute aura été clairement semé dans les esprits. Tu ne pourrais pas non plus nier le fait que nous étions au même collège.
Kushida — En effet, mais si tu oses divulguer quoi que ce soit à quelqu’un, je te traquerai jusqu’au bout et je ferai en sorte que ton frère adoré soit entraîné dans toute l’histoire.
Je me raidis tout à coup à ses dires. C’est justement parce que je connaissais le passé de Kushida que je pouvais dire qu’elle était capable de faire ça. Elle avait une défense qui laissait peu d’ouvertures face à moi, mais elle ne pouvait pas non plus agir comme elle voulait. Si elle osait impliquer mon frère, je serais en mesure de prendre des mesures désespérées, car je n’aurais plus rien à perdre. Elle voulait probablement éviter d’en arriver là, voilà pourquoi elle essayait de me faire exclure discrètement.
Moi — Alors pourquoi ne pas m’avoir ignorée jusqu’à maintenant ? Tu sais très bien que je ne me mêle pas des affaires des autres.
Kushida — Peut-être maintenant, mais rien ne dit que tu ne le feras pas dans le futur. Je ne veux aucune potentielle menace.
Ryuuen — Vu que je sais que tu caches quelque chose, je suis aussi ta proie ?
Kushida — En fonction des circonstances, c’est possible.
C’était un aveu de leur connivence.
Ryuuen — Kuku. Une vraie renarde. C’est parce que j’aime les filles comme toi que j’ai décidé de coopérer.
Kushida — Je vais être claire Horikita-san. Je ferai en sorte de te faire expulser même si je devais m’allier avec le diable s’il le faut.
Kushida-san me dit cela tout en se posant près de Ryuuen-kun.
Ryuuen — C’est dommage Suzune. Te faire trahir par une camarade.
Moi — Tu as eu une longueur d’avance cette fois Ryuuen-kun. Non, en fait c’était comme ça depuis le début que ce soit sur le bateau ou l’île ou bien avec l’incident entre Sudou-kun et les trois élèves de ta classe, je n’ai fait que jouer à ton jeu.
La sincérité me faisait sortir les mots facilement.
Moi — Allons-en au fait. Les points et le kowtow.
Ryuuen — Laisse-moi quand même être clair avant. Le fait que Kinoshita te soit rentrée dedans était vraiment involontaire. Il n’y avait aucune malveillance de sa part. Mais la meilleure solution a toujours été de régler les choses à l’amiable dans ce genre de cas.
Moi — …Oui je n’ai aucune preuve pour prouver mon innocence et il est évident que je serais déclarée coupable si votre plainte est déposée.
Pour prouver son innocence, il fallait beaucoup de résolution et de pouvoir, mais il fallait que je tente le tout pour le tout.
Moi — Mais je suis persuadée que tu lui avais demandé me de faire chuter.
Ryuuen — C’est ton délire de persécution qui parle là.
Moi — Peu importe, mais je veux au moins savoir quel genre de piège tu as mis en place durant ce festival.
Ryuuen — Tu es prête à faire un kowtow pour ça, c’est quand même phénoménal, mais bon, si tu es persuadée que tout était calculé alors je vais nourrir ta paranoïa.
Ryuuen-kun ricana et parla comme si tout n’était que fiction.
Ryuuen — Avant que le festival ne commence, j’ai fait en sorte que Kushida mette la main sur le tableau des participations de votre classe. J’ai ensuite mis les bonnes personnes aux bons endroits pour gagner. Bien entendu j’ai fait mes recherches aussi sur votre classe.
Moi — Tu as été très bon au point de battre la classe A et D.
Bien que la classe B fût une force non négligeable, la classe C s’était très bien battue.
Moi — Mais tu n’aurais pas pu mieux faire ? Pour me mettre hors d’état de nuire, tu as utilisé deux de tes championnes au point que l’une d’entre elle a dû se retirer.
Ryuuen — Kuku. Cette fois je n’avais aucun intérêt pour les points. Rien que de te savoir au fond était suffisant pour moi.
Moi — Mais ta stratégie reposait sur la chance et heureusement pour toi, quand tu as demandé à Kinoshita-san de me faire tomber tu as été sauvé par deux coïncidences. La première était que j’étais trop blessée pour continuer et la deuxième était que Kinoshita s’était elle aussi fait très mal. Tu ne pouvais pas prédire cela.
C’était cette situation qui m’avait mis la puce à l’oreille, car si elle n’avait reçu qu’une légère blessure les choses n’auraient pas été si sérieuses.
Ryuuen — En effet ta blessure était une coïncidence qui m’arrange bien. D’autant plus que si elle se ratait, cela aurait été évident qu’il y avait volonté de te blesser et c’est elle qui aurait subi les conséquences de l’arbitrage, pas moi. Voilà pourquoi j’ai fait en sorte qu’elle s’entraîne sans relâche pour parvenir à établir un contact visuel avec son adversaire afin que la collision soit la plus naturelle possible.
Que lui avait-il fait pour qu’elle lui obéisse à ce point ?
Ryuuen — Mais tu penses vraiment que la blessure de Kinoshita est une coïncidence ?
Moi — Ehh….
Ryuuen — Certes, elle était tombée, mais il est difficile de se blesser sérieusement alors j’ai fait en sorte qu’elle fasse semblant d’avoir mal et de la retirer du festival. Bien entendu, avant qu’on ne la soigne, je l’ai blessée moi-même comme ceci !
Il dit cela alors qu’il piétinait le couloir de l’étage. Alors qu’il mima la scène, un écho terrible résonna dans le couloir « BAM ! »
Moi — Tu as…
Ryuuen — Pour 500,000 points, elle a accepté. Le pouvoir de l’argent c’est quelque chose.
Tout cela me glaçait le sang, mais on ne pouvait rien faire tant il était obsédé par ses objectifs. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi franc.
Moi — Ça te convient de me dire tout ça ?
Ryuuen — Comment ça ?
Moi — Et si j’enregistrais notre conversation, tu ferais quoi ?
Je sortis mon téléphone.
Ryuuen — Tu es en train de bluffer n’est-ce pas ?
Moi — Vu que je n’ai plus rien à perdre, je voulais au moins tenter quelque chose, mais je suis surprise que tu n’aies pas pensé à cette option.
Je rembobinai à un moment précis où il énonça qu’il avait demandé à Kushida de mettre la main sur le tableau des participations.
Moi — Si tu comptes me demander des points, un kowtow ou bien formuler une plainte, j’aurai une preuve pour contre-attaquer. Je me demande qui ensuite aura des problèmes.
Ryuuen — Ku….!
Pour la première fois, le sourire de Ryuuen-kun disparut et il se tut.
Ryuuen — Suzune…tu…
Moi — Je ne veux pas de problèmes alors restons en là.
Ryuuen — Kukuku…..kuhahaha !
Soudainement, Ryuuen éclata de rire.
Ryuuen — Tu es vraiment drôle. Je te l’ai dit depuis le début que tout cela n’était que fiction pourtant dans le but de satisfaire ta paranoïa à mon égard. Je ne faisais qu’imaginer le scénario que tu avais en tête.
Moi — Je n’ai qu’à effacer la partie où tu dis ça.
Si je ne gardais que la partie où il parlait de ce qu’il avait fait alors on ne pouvait pas dire que Ryuuen ne faisait qu’imaginer un scénario.
Ryuuen — Je n’aurais qu’à sortir l’enregistrement original alors.
Sans peur, Ryuuen sortit son téléphone.
Ryuuen — Tu sais ce que c’est ? Une preuve visuelle et auditive !
Il pointa la caméra de son téléphone, montrant qu’il avait enregistré la conversation sur le plan visuel et audio. Ryuuen-kun avait donc pris les devants ce qui fait que les choses n’allaient pas être simples. Si je soumettais l’audio à l’établissement avec la coupure, il y aurait forcément une enquête, mais il aurait été impossible de les déclarer coupables de quoi que ce soit et on m’aurait même accusé d’avoir falsifié la chose, car j’avais essayé de couper ce qui m’arrangeait.
.
Ryuuen — Admets juste que ta défaite est totale Suzune.
Kushida-san rit gaiement et je réalisai que j’étais encore humiliée. Ce n’est pas un ennemi qu’il faut approcher avec des stratégies conventionnelles.
Ryuuen — Jette ta fierté à la poubelle et fais un kowtow, Suzune.
Alors que le glas avait sonné, je décidai de m’agenouiller.
Moi — J’admets.
Une sonnerie retentit près de moi et ce fut le portable de Ryuuen qui fut en cause. Il avait l’air de ne pas y avoir fait attention au début, mais pour une certaine raison il baissa un moment les yeux. Son expression devint sévère alors qu’il jouissait tout juste avant de la situation. Il prit son téléphone sans me regarder et je pus entendre depuis ce dernier, une voix familière.
— Écoutez-moi bien, pour piéger Horikita Suzune de la classe D il faut que nous la réduisions en pièces. Je vais vous donner la marche à suivre et vous montrer quelque chose d’intéressant.
C’était la voix de Ryuuen. Ce fut une conversation où il discutait visiblement de la stratégie qu’il allait adopter pour le festival. Il expliquait en détail tout ce qu’il m’avait raconté avant fièrement.
— Je ne compte pas défier ta stratégie, mais laisse-moi une chance de me battre contre Horikita.
C’était cette fois la voix de Ibuki.
— Dans la course d’obstacles, essaie d’établir un contact visuel avec Suzune et fait en sorte de la faire tomber. Je prendrai ensuite la responsabilité de ta blessure contre de l’argent.
Je n’avais aucune idée ce de qu’il se passait.
Kushida — Qu’est-ce que ça veut dire Ryuuen-kun ? C’est quoi cet enregistrement ?
Kushida-san ne comprenait pas la situation et demanda des explications.
Ryuuen — Je vois, je vois, je vois kuku. C’est tout simplement grandiose. Il y a donc un traître en classe C aussi. Depuis le début, je me suis fait manipuler par vous toutes ici. On a prédit la trahison de Kushida et le fait que Suzune irait me voir ici. Tout était calculé, Kuhahaha ! J’en ai des frissons, des frissons. Celui qui tire les ficelles derrière toi Suzune est simplement un génie. De l’art !
Ryuuen mit ses cheveux en arrière et ricana de plus belle.
Ryuuen — Tu t’es fait avoir Kikyô. Cette personne a prédit que tu allais les trahir et a calculé les moindres de tes mouvements
Kushida — Alors on est parti du principe que je trahirai notre classe. Qui a pu faire une chose pareille ? Ayanokôji-kun ? Je ne le pensais pas aussi intelligent en plus.
Ryuuen — Je le soupçonne aussi, mais pas de conclusions hâtives. Il faudrait déjà voir si cette personne a laissé des traces au vu de la difficulté de faire un enregistrement pareil. Ça peut être même être quelqu’un d’autre qui manipule d’une main de maître Suzune, Ayanokôji voire même Hirata et je vais prendre mon temps pour éplucher tout ça. Je n’ai pas eu les points et le kowtow, mais je vais me satisfaire de cette fin.
Je ne sais pas comment il a fait, mais il a utilisé un élève de la C pour enregistrer Ryuuen, c’était sûr. Et puis je ne pouvais pas expliquer pourquoi il s’est mis à courir à pleine puissance face à mon frère alors qu’il aime rester discret. Mais c’est justement parce que je le connais que je pense à Ayanokôji Kiyotaka-kun. Alors que des gens ont des doutes sur lui, il s’est mit à agir de façon audacieuse pour mieux les tromper. En effet, si celui qui tire les ficelles s’affichait dès maintenant sur le devant de la scène alors on penserait encore à une diversion. Ayanokôji a fait ça pour qu’on le prenne pour un imposteur. Vu que Ryuuen-kun ne put soupçonner Ayanokôji-kun seul, cela montrait qu’il a mis des pièges sans me le dire.
Ryuuen — L’expéditeur de l’enregistrement ne nous montrera rien de plus.
Kushida — T’es sûr que ça te convient ? Il peut nous menacer là.
Ryuuen — S’il voulait vraiment donner tout ça à l’établissement, il l’aurait fait plus tard après que l’on ait déposé notre plainte, pour plus de crédibilité. Je n’ai eu que la moitié de ce que je voulais, c’est déjà pas si mal.
4
Alors que j’avais fini de me changer, je me retrouvais à l’entrée et vis la fille m’attendre.
Moi — Alors, de quoi voulais-tu me parler ?
— Suis-moi
Moi — Où ça ?
— Dans un bâtiment spécial.
Nous nous retrouvâmes effectivement dans un endroit bizarre et sans plus d’explications, nous arrivâmes au troisième étage d’un bâtiment. La zone était un des rares endroits où il n’y avait pas de caméra.
Moi — Mais où…
La fille m’interrompit et me fit signe d’attendre. Elle alla dans le couloir et chuchota quelque chose à quelqu’un à travers une porte.
— Je peux disposer ?
— Oui. Merci Masumi-san ! Je compterai encore sur toi !
Masumi — Avec plaisir.
Elle s’appelait donc Masumi. Elle hocha la tête et partit. La personne que j’entendis parler avec elle se révéla, portant une canne et me regardant avec un sourire froid. C’était Sakayanagi, de la seconde A.
Moi — C’est toi qui m’as fait venir ?
Elle ne répondit pas et nous finîmes par nous regarder en silence. Le soleil se couchait et je me trouvai en face d’une fille, une canne à la main.
Sakayanagi — Ce sprint final a fait sensation Ayanokôji Kiyotaka-kun.
Alors qu’elle avait enfin ouvert la bouche, ce n’était que pour me dire ça.
Moi — Je peux juste envoyer un message ? Quelqu’un attend.
Sakayanagi — Fais donc, je t’en prie.
Sakayanagi ne fut pas irritée au contraire, elle sourit. J’envoyai ainsi l’enregistrement que j’avais préparé.
Moi — Alors tu es donc celle qui m’a fait venir ici ?
Sakayanagi — Oui.
Elle répondit sans hésiter.
Moi — Alors qu’est-ce que tu veux ? Peut-on en finir vite ?
Sakayanagi — Après t’avoir vu courir, je me rappelai quelque chose. Je t’ai fait venir ici pour partager ce choc que j’ai ressenti à ce momentlà. On dirait le début d’une déclaration n’est-ce pas ?
Moi — Je ne vois pas de quoi tu parles.
Clac. Clac. En s’aidant de sa canne, elle s’assit à côté de moi.
Sakayanagi — Cela fait un bail Ayanokôji-kun. Environ 8 ans et 243 jours. Je suis vraiment contente de te revoir.
Moi — C’est une blague ? Je ne te connais pas.
Sakayaagi — Fufu. Je suppose que ce n’est pas réciproque.
Clac
Clac
Elle claqua sa canne plusieurs fois. Je ne comprenais pas la signification de tout ça alors je commençai à me lever pour partir..
Sakayanagi — La white room[1].
Lorsque j’entendis ça, je me figeai. Je commençai à perdre toute rationalité et des « pourquoi » et des « comment » me traversèrent l’esprit.
Sakayanagi — C’est déplaisant n’est-ce pas de savoir qu’un ennemi possède une info capitale à ton sujet ?
Moi — …tu…
Sakayanagi — Pour la nostalgie, je voulais te passer le bonjour.
Je regardai Sakayanagi tout en gardant mon dos face à elle. Je ne me rappelai vraiment pas d’elle et je sais que j’ai une bonne mémoire. Je suis sûr de ne l’avoir rencontré que dans cet établissement.
Sakayanagi — C’est compréhensible, tu ne me connais pas, mais le hasard fait bien les choses, car je ne m’attendais pas à ce que l’on se retrouve ici. Pour être honnête, je pensais ne jamais te revoir mais maintenant tout s’explique. L’île déserte, le bateau, l’affaire où vous avez frôlé l’expulsion d’un des vôtres, je n’arrivais pas à croire que tout venait de Horikita Suzune. Tu es donc celui qui tirait les ficelles depuis le début.
Moi — Il y a plusieurs stratèges dans notre classe tu sais.
Il ne fallait pas que je panique au risque de faire n’importe quoi.
Sakayanagi — Tu parles de Horikita Suzune ? Ou bien de Hirata Yousuke ? De toute manière, maintenant que ton existence est établie, tous les autres acteurs importent peu.
Elle me connaît donc vraiment.
Sakayanagi — Détends-toi, je n’ai pas l’intention de tout révéler.
Moi — Ce serait plus facile de le faire non ?
Sakayanagi — Je ne veux pas être interrompue car je suis la seule qui mérite d’enterrer ce génie factice que tu es.
Clac. La fine canne tapa de plus belle contre le sol.
Sakayanagi — Et puis je ne refuse pas un peu de piment dans ma vie.
Moi — Je peux te demander quelque chose ?
Sakayanagi — Quel honneur ! Demande-moi ce que tu veux. Je te dirai même comment je t’ai connu.
Moi — Je me fiche bien de ça. Je veux juste te poser une seule question.
Sakayanagi et moi nous regardâmes dans les yeux.
Moi — Peux-tu vraiment m’enterrer ?
Sakayanagi —….fufu
Sakayanagi éclata de rire.
Sakayanagi — Fufufu. Je te demande pardon. Je n’avais pas l’intention de me moquer de toi. Je sais à quel point tu es impressionnant. C’est juste que je suis excitée à l’idée de réaliser mon souhait le plus cher, celui de détruire la plus grande œuvre d’art que ton père n’ait jamais réalisée.
Je dois dire que je le souhaitais aussi car ma défaite signifiait la défaite de cet homme. Du fond du cœur, j’aurais aimé que cette contradiction qui sommeillait en moi disparaisse à jamais.
[1] Littéralement de l’anglais, salle/pièce blanche.