Classroom of the elite Y2 Chapitre 07

Place aux enchères

Rien ne garantissait que les choses considérées comme acquises jusqu’à hier continueraient à l’être par la suite

Il ne s’agissait pas seulement de l’entourage ou de l’environnement, mais aussi des choses matérielles comme les bureaux et les chaises qui se fondaient dans notre quotidien. Un sentiment d’inconfort nous parvenait depuis cette chaise vide. En effet, il était difficile de s’habituer à l’expulsion d’un élève.

La place en face de celle de Kôenji appartenait à quelqu’un qui était ici auparavant.

En regardant cet espace vide, je me souvins des événements qui s’étaient déroulés juste après la cérémonie d’ouverture.

1

Avril. Après avoir été conduits dans notre nouvelle salle de classe, les nouveaux élèves de première furent accueillis par un nouvel événement.

— Eh bien, on dirait que tout le monde est là.

Après avoir vérifié que les 39 places étaient occupées, Mlle. Chabashira accéléra son discours comme si elle voulait éviter de perdre plus de temps.

Mlle. Chabashira — La cérémonie d’ouverture étant terminée, votre deuxième année a officiellement commencé. Ainsi, la première chose que nous allons faire est changer vos places.

Je savais que l’on allait changer de salle de classe mais je croyais que nous allions garder la même disposition des places durant les trois années. En entendant cela, certains élèves avaient commencé à rire gaiement mais certains n’étaient pas très heureux de la nouvelle. De toute manière, le changement de place ne devait pas être quelque chose d’inhabituel.

Mlle. Chabashira — Je vais maintenant vous attribuer la place que vous allez utiliser cette année. La plupart d’entre vous ont souvent changé de place à l’école primaire et au collège et ce avec un tirage au sort car c’était plus pratique.

Je n’avais personnellement aucun souvenir d’avoir changé de place auparavant. Lorsqu’un élève ne se présentait pas à la White Room, sa chaise restait vide toute la journée. Le lendemain elle était enlevée.

Comme l’a dit Chabashira, le tirage au sort était l’option la plus simple.

Mlle. Chabashira — Jusqu’à maintenant le tirage au sort était de mise dans ce lycée. Cela va changer à partir de maintenant car nous allons mettre en place une méthode inédite.

Elle nous présenta un tableau sur l’écran où les quarante places étaient affichées avec huit colonnes et cinq rangées. La place en bas à droite près des fenêtres était la numéro 1. S’ensuit derrière les numéros 2 et 3. Là où j’étais assis en ce moment était la deuxième place en partant de l’arrière, soit la numéro 7 selon le tableau d’affichage. La place de Horikita à ma droite était la septième place de la deuxième colonne. C’était donc la numéro 15.

Mlle. Chabashira — Il y a 39 élèves dans cette classe ce qui laisse évidemment une place vide. Cela se jouera entre les cinq places du fond. Nous verrons laquelle est la plus impopulaire.

Pour ces cinq places, elles avaient respectivement les numéros 8, 16, 24, 32 et 40. Comme nous n’allions pas utiliser de tirage au sort, le fait qu’elle attendait de voir quelle place allait être impopulaire avait retenu mon attention.

Il fallait noter que chaque place était représentée par une série de chiffre. Par exemple celle qui était proche de la porte à droite, la numéro 33, avait 6000 pp de marqué dessus. Ma place valait 60 000 pp, ce qui était cher. La place juste derrière moi valait 80 000 pp. C’était clairement le montant le plus haut.

 

Place PP Place PP Place PP Place PP Place PP
1 45000 9 4500 17 2000 25 4500 33 6000
2 30000 10 4500 18 1500 26 3500 34 7000
3 32000 11 3000 19 1500 27 3000 35 9000
4 35000 12 3000 20 1000 28 3000 36 12000
5 40000 13 4500 21 1500 29 4500 37 15000
6 50000 14 6000 22 2500 30 6000 38 20000
7 60000 15 10000 23 4000 31 10000 39 25000
8 80000 16 65000 24 50000 32 60000 40 40000

 

Le « pp » derrière ces chiffres était sans doute l’abréviation de « points privés », caractéristique du système S.

 

 

Mlle. Chabashira — Je pense que vous avez compris ce que ces chiffres signifient. C’est le prix de départ pour chaque place.

Nous étions donc en concurrence pour choisir nos places. Les sièges près de la fenêtre ou du couloir étaient généralement populaires et plus on se rapprochait du centre de la classe, plus la valeur avait tendance à baisser. Les places du fond étaient toutes plutôt chères ce qui contrastait avec les places plutôt bon marché. C’était probablement dû au fait que le professeur n’était pas loin. L’exception était la place à l’avant près de la fenêtre car sa valeur était grande comparée aux autres places du devant. Plus on allait se battre pour une place plus elle allait être chère. Chacun devait avoir un minimum mais sans points privés, nous n’aurions pas de place ?

Mlle. Chabashira — Nous allons prendre les offres en commençant par la place numéro une. S’il y a plusieurs enchérisseurs, l’enchère la plus élevée gagne. Si personne ne fait d’offre, nous recommencerons l’enchère au tour suivant mais en divisant le prix par deux. Il n’y a pas de troisième tour et s’il reste des places, il y aura une loterie à la fin. Vous obtiendrez donc une place gratuitement dans tous les cas.

Si un élève se fichait de son placement, il pouvait simplement rester silencieux et ne rien dépenser en attendant la fin des enchères. Si le deuxième tour avait pour effet de diviser les prix par deux, il était plus judicieux d’attendre mais c’était aussi prendre le risque de voir sa place être prise par quelqu’un d’autre durant le premier tour. De plus, la concurrence au deuxième tour risque d’être rude et en fonction de la situation, il serait peut-être même plus intéressant d’enchérir dès le premier pour éviter que les prix ne montent trop haut à cause de la concurrence forte du deuxième tour. Il s’agit de bien analyser ses adversaires.

Mlle. Chabashira — Bien que certains d’entre vous puissent être mécontents de devoir utiliser leurs points privés pour cela, c’est aussi une chance pour vous de vous asseoir là où vous le souhaitez.

Cela pouvait clairement donner à de nombreux élèves un sentiment de satisfaction, chose que l’on n’obtient pas avec la loterie. Rien n’était meilleur que de pouvoir s’asseoir à l’endroit où on voulait mais il fallait faire des compromis.

Mlle. Chabashira — Vous pouvez faire autant d’offres que vous le souhaitez mais une fois votre place gagnée, vous n’êtes pas autorisé à la changer alors n’enchérissez pas à tort et à travers.

Moi — Tu veux te placer où ?

J’interpellai ma voisine car il y avait de fortes chances que nous nous trouvons séparés à partir d’aujourd’hui.

Horikita — N’importe où me conviendra. Je verrai à la fin. Je n’ai pas l’intention de gaspiller des points privés pour ce genre de futilité.

Il y avait ainsi de fortes chances qu’elle se retrouve à l’avant ou au milieu.

Mlle. Chabashira — Nous n’avons pas beaucoup de temps alors commençons. Voici la place numéro une.

C’était la place près de la fenêtre à l’avant. L’offre la plus basse autorisée était de 45 000 pp. Toutes les places près des fenêtres étaient chères et celle-ci était la septième plus chère de toutes les places.  Je doutais de voir des mains se lever et en effet, les élèves se regardaient les uns les autres, ne montrant aucun signe de vouloir enchérir. C’était tout simplement trop cher ? Non, il y avait autre chose…

Si le fait de pouvoir choisir où s’asseoir était important, un autre facteur ayant autant d’importance voire plus était d’avoir des amis autour de soi.  On le comprenait aisément avec Sudou car il se retournait et jetait des regards en direction de Horikita. Si elle choisissait l’une des places les moins chères comme celles du milieu, Sudou tenterait alors de se rapprocher. Les places 12, 19, 28 ou 21, étaient peut-être les moins populaires, mais pour lui c’était inestimable. Horikita ne semblait pas avoir l’intention d’acheter des places pour le moment alors il allait être limité dans ses choix. Il ne pouvait que prier d’avoir une bonne place près d’elle à la fin lors de la loterie. On pouvait avoir l’impression qu’il ait perdu la partie avant qu’elle ne commence.

Je pouvais lui donner quelques conseils pour augmenter ses chances de gagner mais ce n’était pas limité à Horikita et Sudou et tout pouvait finir par se retourner contre lui. La romance n’était pas la seule motivation, la popularité en était une autre et s’asseoir près de Yôsuke ou de Kushida devait être l’objectif de beaucoup d’élèves. Une place qui n’avait aucune valeur à première vue pouvait clairement devenir une place à prix d’or.

Il était intéressant d’enchérir pour nos places mais personne n’allait faire d’offre pour la première place. Même si elle était près d’une fenêtre, elle restait au premier rang et hors de prix. De plus, nous n’avions aucun contrôle sur qui se retrouverait derrière ou à notre droite. Les chances de trouver un enchérisseur étaient minces.

Maezono — Excusez-moi, professeur ! Est-ce qu’on peut d’abord discuter entre nous ?

Mlle. Chabashira — Nous voulons éviter que les places soient réservées dès le départ, ce ne sera donc pas autorisé.

En discuter aurait été bien pour nous organiser. Beaucoup d’élèves avaient placé leurs espoirs dans la proposition de Maezono mais Chabashira s’était opposée très vite.

Mlle. Chabashira — Je comprends la difficulté de ce système mais aucun bavardage n’est autorisé. Vous pouvez cependant utiliser vos tablettes ou vos téléphones pour vous envoyer des messages. Maintenant, concentrons-nous sur les enchères.

Le fait que nous utilisions nos tablettes ou nos téléphones pour communiquer ne posait donc aucun problème. En commençant par Maezono, le reste de notre classe avait vite joué le jeu. Si des élèves s’envoyaient des messages, les autres pouvaient simplement les ignorer sans qu’ils deviennent une gêne. Si les sièges qu’ils voulaient étaient pris, ils n’avaient ainsi pas le droit de se plaindre. La plupart des filles regardaient leur téléphone pour observer la situation. Les garçons avaient suivi le mouvement peu après. Le temps continuait ainsi à s’écouler.

Mlle. Chabashira — Personne n’a réclamé la première place. Nous allons donc passer au siège suivant. Ceux qui veulent le numéro deux, levez la main.

Les étudiants n’en étaient qu’au début de leurs discussions, mais Chabashira continua.

Hasebe — Hey, et si on se regroupait tous ?

Alors que les enchères pour le siège numéro deux commençaient, j’avais reçu un message de Haruka dans la conversion du groupe Ayanokôji. Puis, comme si le moment était attendu, le message fut marqué comme vu par tous.

Yukimura — Eh bien, ce n’est pas une mauvaise idée. Ça pourrait être amusant. Alors, quelles places seraient bien ?

Hasebe – Les numéros 13, 14, 15, 21, 22 et 23 conviendraient bien, non ?

Sans compter les sièges du fond ou sur les côtés, elle suggéra ces places. Ce n’était pas si cher et non loin des fenêtres ce qui n’était pas si mal.

Sakura — Ça me va ! Je me fiche du numéro si vous êtes là avec moi.

Miyake — Je préfère le 35 ou le 36 car c’est proche du couloir mais c’est tellement cher que je suis ok avec vous.

Ce n’était pas le meilleur choix pour Akito, mais il avait accepté.

Yukimura — Alors comment on fait ? Le numéro 15 est encore un peu cher.

Puisque nous avons tous accepté de ne pas être loin les uns des autres, Keisei fit avancer la conversation. La place mentionnée par Haruka, la numéro 15, valait tout de même 10 000 pp.

Hasebe – Vu que j’ai proposé la place, je vais tenter de l’obtenir.

Ainsi, nous avions nos places en ligne de mire. La 13 pour Keisei, la 14 pour Akito, la 15 pour Haruka, la 22 pour moi et la 23 pour Airi. Mais ce n’était pas évident à réaliser. Les autres élèves aussi voulaient être avec des amis.

Pour ce qui est de l’enchère, le prix influençait les décisions. Peu d’élèves avaient choisi de faire une offre pendant le premier tour. Les enchères pour les places 5 et 6 avaient été ignorées et il était temps d’enchérir pour le siège sur lequel je me trouvais. Cela ne m’aurait pas gêné de rester à cette place mais 60 000 pp me faisait hésiter. Je ne pouvais pas non plus ignorer la volonté du groupe. Puis les enchères avaient continué pour la place la plus chère située au fond près des fenêtres avec un prix de départ de 80 000 pp.

Mlle. Chabashira — Ceux qui veulent la place 8, veuillez lever la main.

Quatre personnes levèrent la main. Il y avait trois garçons : Sotomura, Okitani, Miyamoto et une fille, Onodera.

Mlle. Chabashira — Vous êtes quatre alors regardez vos tablettes et entrez une enchère plus élevée.

Peu de temps après, tout le monde avait terminé.

Mlle. Chabashira — L’enchère la plus élevée est de 100 001 pp. C’est donc Miyamoto qui remporte l’enchère.

Miyamoto — Super ! C’était pas donné mais j’ai eu la meilleure place près de la fenêtre !

100 000 pp était une somme astronomique pour une place. La déception se voyait sur le visage des autres mais ils avaient accepté la défaite. L’écart entre la somme du gagnant et la leur devait être importante. Autrement dit, Miyamoto s’était assuré la place la plus populaire pour une année. Peut-être que c’était une bonne affaire après tout, tout dépend de comment on voyait les choses. Suite à l’obtention de la place 8, les autres avaient commencé à agir. Alors que la place 9 avait été sautée, les places 10 à 12 furent obtenues par des filles qui n’avaient pas eu de concurrence. Nous étions enfin arrivés aux places que nous visions et nous allions commencer par la 13.

Mlle. Chabashira — Ceux qui veulent la place 13, levez la main.

La main de Keisei se leva. Il n’y avait aucune offre concurrente.

Mlle. Chabashira — La place 13 est attribuée à Yukimura pour 4500.

Keisei finalisa rapidement le paiement sur son téléphone. La première place de notre groupe avait facilement été obtenue. Akito gagna ensuite la place 14 tout aussi facilement. Pour la place 15, Haruka avait bien entendu fait une offre, mais Ike leva aussi la main ce qui ne m’avait pas surpris. Vu que Miyamoto avait obtenu la place 8, Ike convoitait celle de Haruka.

Mlle. Chabashira — Veuillez placer tous les deux vos enchères.

C’était une bataille qu’ils ne pouvaient pas se permettre de perdre puisqu’ils voulaient tous deux être proches de leurs amis. Mais comme cette place coûtait 10 000 pp, qui sait la somme finale qui allait être dépensée. Comme ils n’avaient pas le droit d’en discuter avec les autres, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

Mlle. Chabashira — On dirait que vous avez terminé. Regardons les résultats.

Les résultats furent projetés sur l’écran.

Mlle. Chabashira — La place 15 est attribuée à Haruka pour 30 000.

Nous entendîmes un « Ohhhh » dans la salle. C’était trois fois supérieur à l’offre de base. Elle avait vraiment fait de son mieux pour assurer sa place parmi les autres membres du groupe Ayanokôji.

Hasebe — Oh là là, 30 000 pp !? Ça m’a couté un doigt !

Bizarrement, elle n’avait pas l’air si frustrée que ça malgré la plainte. Plus qu’un doigt, j’aurais dit que cela lui avait couté un bras. En tout cas, il ne restait plus que ma place et celle d’Airi. La place derrière Haruka fut prise sans problème par le Doc. Comme Miyamoto était assis tout au fond, sa valeur avait probablement été réduite car personne ne voulait se battre pour l’avoir. D’un autre côté, cela semblait déplaire à Haruka. La valeur des sièges était en constante évolution en fonction du placement des gens.

Les places 17 et 18 avaient été mises aux enchères mais personne ne leva la main. Nous arrivâmes à ceux plus proches du centre avec la place 19. Celle-ci coutait seulement 1500 pp. La personne qui leva la main pour cette place à ma grande surprise fut Wang Mei-Yui alias Mii-chan. Il y avait une raison pour laquelle elle convoitait cette place et qu’elle s’était donner la peine de payer pour ça alors qu’elle aurait pu attendre la fin comme Horikita. Elle n’avait bien sûr eu aucune concurrence et gagna facilement la place. Nous arrivâmes ensuite à la place 20. Au prix de 1000 pp, c’était la place la moins chère, en plein milieu de la salle de classe. Les places devant et derrière celle-là allaient forcément finir par devenir moins populaires.

Mlle. Chabashira — Pour la place 20, levez la main.

Comme c’était la place la moins couteuse, personne ne leva la main. Il était en effet plus cohérent d’attendre l’attribution aléatoire après tout voire le deuxième tour avec les places à moitié prix. Mais sans grande surprise, la seule personne capable de se sacrifier pour ce genre de place se présenta en levant la main. Chabashira la fixa.

Mlle. Chabashira — La place 20 est donc attribuée à Hirata.

Ainsi, Hirata qui appréciait tant sa classe, se retrouva dans le siège le moins populaire. À ce moment précis, l’atmosphère de la classe changea. Vu qu’il y avait plusieurs filles aimant Yôsuke, les places autour de la sienne avaient probablement pris de la valeur.

Ce fut Ishikura qui avait obtenu la place 12 auparavant et ne manqua pas d’être agitée après avoir vu qu’elle était à côté de Hirata. Pendant que la chaleur montait, les enchères pour la place 21 avaient commencé. La première qui leva la main fut étrangement Kushida. Plusieurs autres filles semblaient également vouloir poursuivre mais ce n’était pas si facile après tout puisqu’il semblait qu’elles avaient déjà décidé quelle place prendre dans leur chat de groupe. Peu importe à quel point elles voulaient s’asseoir à côté de lui, elles ne pouvaient pas faire fi de leur amitié. Autrement dit, on pouvait s’attendre à ce que Kushida prenne la place 21, car c’est ce qu’elles avaient convenu à l’avance.

Yôsuke et Kushida. Penser que les deux élèves les plus populaires allaient finir là était une surprise. Finalement, ce n’était peut-être pas si surprenant et que c’était l’issue la plus probable depuis le début ? Plus on était au centre et plus la valeur des places diminuaient. Pour éviter toute plainte lors de l’attribution aléatoire, il n’était pas impossible que Yôsuke ait prémédité la chose pour éviter cela. Kushida avait probablement aussi adopté une position similaire. Ils avaient ainsi hérité des places 20 et 21.

Moi — Je vois…C’est peut-être ça.

Le fait que Mii-chan ait pris la place 19 signifie qu’elle avait déjà anticipé que Yôsuke se jetterait sur la place 20. Je ne pouvais pas en être certain, mais maintenant que Yôsuke était assis là, les places autour allaient se disputer. Même la place 19 à 1500 pp risquait d’avoir beaucoup d’offres. Mii-chan avait ainsi pu éviter la concurrence amoureuse en mettant en place cette stratégie qui avait marché à la perfection. Le fait d’être à côté lui donnait un avantage certain pour se rapprocher. Elle était clairement un cran au-dessus de Sudou avec cette performance splendide.

Mlle. Chabashira — Nous allons donc passer à la suite. Ceux qui veulent la place 22, levez la main.

Chabashira commença à recevoir des offres pour la chaise suivante alors que nos camarades de classe commençaient à s’agiter, en se regardant les uns les autres. C’était dorénavant à moi de jouer pour assurer la place. Alors que je levais la main, quelqu’un d’autre la leva en disant un « Oui ! Moi, moi ! » C’était Ike qui avait précédemment perdu face à Haruka. Je m’attendais à ce qu’il tente plutôt la place 8 mais il semble qu’il veut prendre d’assaut la zone de la place 22 Ike avait l’air déchaîné, manifestation du désir de s’asseoir juste derrière Kushida. Le regard d’une fille qui était proche de lui dernièrement, Shinohara était glacial. Mais Ike ne semblait pas remarquer la chose et débordait toujours d’enthousiasme.

Ike — Je ne perdrai pas, Ayanokôji !

Il avait tort car je me fichais éperdument d’être assis derrière Kushida ou non. L’ambiance rendait facile le malentendu sur mes intentions. Si je surenchérissais, cela montrerait que je veux vraiment m’asseoir derrière Kushida. Cela étant dit, si je faisais une offre trop basse, je ne pourrais pas avoir la place. Normalement, elle coutait 2500 pp, un prix raisonnable mais au vu des résultats précédents, aller jusqu’à 4 fois le prix de départ semblait fonctionner. 10 000 pp alors ? J’entrai 10 500 pp sur ma tablette et envoyai l’offre. Les résultats ne tardèrent pas à arriver.

Mlle. Chabashira — La place 22 est attribuée à Ike pour 30 000 pp.

Un froid traversa la classe. Ike avait réussi à sécuriser sa place en payant douze fois le montant de base. C’était tout simplement exagéré. J’étais honnêtement terrifié par cet effet Kushida.

Ike — Oh ouais !!!

Il n’avait pas l’air de souffrir de cette dépense et montra son excitation. Même si ce tour se répétait plusieurs fois, il n’y avait aucune chance que je sorte 30 000 pp pour ça. La discussion de groupe se poursuivait.

 Sakura — Que dois-je faire, que dois-je faire ?

Airi commençait à paniquer à cause de cet événement imprévu.

Hasebe — L’incapacité de Kiyopon à obtenir ce siège nous fait mal mais ça ira. Les places près des fenêtres sont toujours libres, les 5, 6 et 7. En tout cas, vous devriez essayer d’obtenir les places convenues.

En tenant compte du conseil de Haruka, Airi leva la main. Il est vrai qu’il y avait trois places libres près des fenêtres mais elles étaient toutes chères. Même si le prix de départ était divisé par deux au prochain tour, c’était problématique sur le plan financier. Mais mes soucis mis à part, la question était maintenant de savoir si Airi pouvait obtenir une place près de Haruka ou non. La place 23, derrière Ike, ne plaisait visiblement à personne. Airi avait réussi à obtenir cette place, à la droite de Haruka ce qui provoqua leur sourire. J’étais le seul du groupe à ne pas avoir la place prévue. Puis les enchères pour la place du fond au milieu avaient commencé. Cette place 24 coutait chère mais peut-être à cause des rangées de garçons à gauche, Kôenji avait réussi à l’obtenir sans concurrence. La place à la droite d’Airi était plutôt bon marché, mais étant donné qu’elle était très éloignée des autres, il était difficile de dire qu’on faisait partie d’un groupe.

… Que devais-je faire maintenant ?

Hasebe — Hey, tu penses pouvoir choisir la 5, 6 ou 7 ? Enfin après c’est pas donné.

Moi — Honnêtement, cela dépendra du prix. Et il y aura plusieurs personnes sur le coup.

Miyake — Et si on te donnait tous des points pour que tu puisses te lancer avec une bonne somme ? Ça te ferait 100 000 ou 150 000 pp ?

Moi — Je n’ai pas envie de jouer le jeu de l’établissement.

Ce système d’enchères pour avoir des places était comme un jeu. Non, c’était peut-être même comme un examen spécial caché car obtenir la place souhaitée signifiait rendre ses points à l’établissement et ce n’était pas de petites sommes. Ces points privés allaient devenir une ressource importante dans la compétition interclasses. Payer autant n’était pas dans notre intérêt.

Yukimura — Je suis d’accord avec Kiyotaka. Les points privés dépensés pour ça vont affaiblir notre classe.

Hasebe — Je sais mais alors Kiyopon sera séparé du reste d’entre nous, hein ?

La concurrence pour les places près des fenêtres allait sûrement être féroce. D’ailleurs, il y avait des personnes en dehors du groupe Ayanokôji qui étaient intéressées par la place que je visais aussi. Karuizawa Kei par exemple était l’une d’entre elles. C’était une camarade de classe avec qui j’avais passé un an et à qui j’avais avoué mes sentiments pendant les vacances de printemps. C’était réciproque et nous avons finis par sortir ensemble sans le dire à personne pour le moment. Cela me rappela l’appel de Kei la nuit de la cérémonie de rentrée.

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Karuizawa — Peut-on… Est-ce qu’on pourrait garder notre relation secrète ?

Moi — Si c’est ce que tu veux

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Les inconvénients l’auraient emporté sur les avantages mais tout récemment je m’étais mis à penser que si elle voulait le dire aux autres, elle devait le faire. Et le résultat de cela fut le suivant :

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Karuizawa — Désolé, mais on peut garder le secret pour le moment alors ? Je sens les ennuis arriver tu vois.

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J’avais bien entendu accepté. Satô, l’amie de Kei m’avait fait sa déclaration récemment. Kei l’avait soutenue alors leur amitié pouvait en prendre un coup. Et puis il y avait la fausse relation avec Yôsuke. Si Kei sortait soudainement avec moi, cela pouvait aussi conduire à des rumeurs inutiles. C’était une décision basée sur cette crainte.

— Tu vises quelle place ?

Un message de quelqu’un en dehors de mon groupe arriva. Je savais qui l’avait envoyé sans regarder le nom. C’était bien entendu Kei. Le fait qu’elle soit restée silencieuse jusqu’à présent était probablement dû au fait qu’elle discutait avec ses amies et qu’il y avait encore beaucoup de places vides à prendre. Cependant, Chabashira avait déjà commencé à recevoir des offres pour la place 30. Elle devait être curieuse car je n’avais pas bougé depuis que j’avais fait mon offre pour être derrière Kushida.

Moi — Je veux m’assurer une place côté fenêtre, mais ça risque d’être difficile maintenant.

Pendant que nous envoyions des messages, les places furent sécurisées un par un. Minami avait réussi à obtenir la place 31 près d’Airi, et nous étions maintenant à la place 32.

Karuizawa — On dirait que tu as essayé de te regrouper avec Yukimura et les autres non ? Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? Même si tu n’es pas sûr, dis-le moi, ok ?

Elle avait envoyé ce message comme si elle avait tout anticipé. Je me demande ce qu’elle comptait faire de cette information. Bien qu’ils ne connaissent pas encore notre relation, le fait qu’elle essaie ouvertement de s’assurer une place à côté de moi pouvait paraître suspect. Satô ou Matsushita auraient facilement vu clair dans son jeu.

Karuizawa — Je sais à quoi tu penses pour info.

J’avais reçu un autre message pendant que je réfléchissais.

Pour info, hein ?

Je devrais honnêtement essayer de penser à trouver une place. Pour être honnête, je pouvais me mettre n’importe où. En fait, il était plus facile de dire là où je ne voulais pas aller, à savoir, au centre. Les gens faisaient beaucoup d’allers-retours pendant les heures creuses ce qui était bruyant, voilà pourquoi le centre était si peu cher.

Moi — Si je devais vraiment choisir une place, alors peut-être celle du fond, la place 40.

Karuizawa — Je vois.

Le deuxième tour commençait. Les places vides les plus intéressantes étaient près des fenêtres et autour de Hirata et Kushida. Celles près du couloir étaient aussi intéressantes mais pas sûr que beaucoup de gens allaient mordre à l’hameçon. Je devais viser la place 3 près de Keisei, Akito et Haruka, mais la concurrence ainsi que le prix allaient être élevés. Les offres commençaient à pleuvoir contrairement au premier tour. Il s’était écoulé à peine cinq secondes avant que Chabashira ne reçoive des offres. Cela se répéta encore et encore.

Ainsi, de la place 5 à 7, j’avais prévu d’attendre quatre secondes avant de lever la main, afin de repérer les concurrents. Mais je ne réussis pas à appliquer cette stratégie, car plusieurs personnes avaient commencé à enchérir pour les places 5 à 6. C’est ainsi que je finis par observer la situation. La place 5 qui après réduction coutait 20 000 pp, finit pas être attribuée pour 70 000 pp et la place 6, coutant 25 000 pp après réduction, finit par être attribuée pour 80 000 pp. Et la guerre continuait de faire rage pour la place 7. Miyamoto, qui avait mis plus de 100 001 pp lors du premier tour a dû influencer beaucoup de personnes. En effet, si elles n’étaient pas prêtes à payer, elles allaient laisser le sort en décider.

Autrement dit, tout le monde voulait à tout prix éviter d’avoir une place située à l’avant ou au milieu. Je voulais me battre pour cette place pour un prix raisonnable mais je décidai de faire une offre de 100 000 pp. Je n’aurais jamais imaginé que cette place où j’étais assise allait me valoir autant.  J’étais pourtant assis dessus comme si de rien n’était. Mais le résultat fut le suivant :

Mlle. Chabashira — La place 7 revient à Ijûin pour 115 000 pp.

Je perdis avec 15 000 pp d’écart face à Ijûin, échouant ainsi dans le regroupement avec mes amis.

Moi — Désolé, ça ne s’est pas passé comme prévu.

Hasebe — Kyo-chan a pris la place 21, c’était inattendu en même temps… Qu’est-ce que tu vas faire maintenant, Kiyopon ?

Moi — La place 31 à côté d’Airi est déjà prise. Désolé, mais vu qu’on en est arrivé là, je peux choisir la place que je veux ?

J’aurais beau me débattre, je ne pouvais plus m’asseoir avec eux. Je devais me contenter d’une place un minimum attrayante pour moi. Après avoir reçu leur bénédiction, je commençai à examiner objectivement la situation. Fait intéressant, qu’il s’agisse de chance ou non, les enchères s’étaient poursuivies jusqu’à la place 40 sans que personne ne fasse d’offre, comme s’ils se préparaient tous à des attributions aléatoires. Ainsi, je pus obtenir la place 40 sans aucune concurrence. 20 000 pp n’était pas bon marché mais être capable de sécuriser une place comme celle-là dans le coin pouvait être considéré comme une bonne affaire. Finalement, après le deuxième tour, les places 17, 25, 32 et 37 restèrent toujours vides. Il restait trois élèves, à savoir Horikita, Sudou et Okiya.

Mlle. Chabashira — La place 32 sera laissée vide. J’ai préparé des papiers avec les numéros des places alors venez prendre le vôtre.

Difficile de dire si c’était de la chance ou de la capacité réelle mais seul le hasard allait jouer. Pour Sudou, c’était sa seule et unique chance après avoir gardé le silence jusque là. La place 17 était à côté de la 25, alors si Okiya  tirait la 37, Sudou se trouverait à côté de Horikita. Tout en prenant une profonde inspiration, Sudou s’avança et tira son papier. Les deux autres firent rapidement de même. Le suspens arriva ainsi à son terme.

Sudou, prenant une position ferme, dévoila son numéro avec excitation avant de fermer les deux yeux en serrant les dents. Horikita et Okiya dévoilèrent leur papier à Chabashira avant de se diriger vers leur nouvelle place.

Mlle. Chabashira — Horikita obtient la place 17, Okiya la 25 et Sudou la 37.

Ayant guetté le bon moment jusqu’à la fin, Sudou avait tiré le numéro qui avait scellé sa perte.

Sudou, tu n’as vraiment pas de chance à ce niveau…

Sudou retourna à son siège sous une pluie de regards compatissants.

 

 

 

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