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Classroom of the elite Y2 CHAPITRE 2

Après une longue et néanmoins courte pause, les vacances de printemps prirent fin. Le jour de la cérémonie d’ouverture était enfin arrivé !

Nous avions quitté notre ancienne et familière salle de classe de 2nde pour déménager dans une toute nouvelle accueillant les 1ère. Le mobilier semblait à première vue le même, mais pour une raison quelconque la pièce dégageait une atmosphère différente. Un message nous attendait en arrivant dans cette nouvelle salle de classe, sur le tableau noir.

[Reprenez les mêmes places que l’an dernier, asseyez-vous en attendant les instructions.]

L’année précédente, le tableau noir était fait de sorte que les enseignants puissent y écrire à la craie. Cependant, le tableau noir devant moi n’était pas exactement du même type. Autrement dit, il avait été remplacé par un grand écran. L’école avait probablement choisi de l’installer cette année, au vu du fait qu’il brillait d’un rayonnement qui donnait l’impression qu’on venait de le sortir de sa boîte.

Les élèves arrivant dans la classe après moi semblèrent plutôt surpris quand ils virent le moniteur. Quoi qu’il en soit, je m’étais rendu à ma place ha- bituelle, à savoir à mon bureau près de la fenêtre tout au fond et je m’as- sis comme c’était exigé.

Plus tard, après cela, la cérémonie d’ouverture allait se tenir dans le gymnase. Ensuite, les professeurs principaux passeraient environ les deux prochaines heures à nous informer du programme de cette année et d’autres détails importants avant de nous laisser partir juste avant midi. Les étudiants semblaient encore un peu ailleurs puisque les vacances de printemps venaient tout juste de se terminer. Des amis qui ne s’étaient pas vus pendant les vacances commencèrent à parler avec enthousiasme de toutes sortes de choses comme ce qu’ils avaient fait pendant les vacances.

Miyake — Yo !

Je surfais tranquillement sur internet avec mon téléphone quand j’entendis une voix m’appeler. C’était mon camarade de classe, Miyake Akito, membre d’un petit groupe avec lesquels j’étais devenu bon ami.

Miyake — Je m’étais un peu inquiété pour toi vu que tu ne venais pas à nos sorties ces vacances !

Ce que venait de dire Akito était vrai. Je n’avais pratiquement pas du tout repris contact avec le groupe Ayanokôji durant les vacances. Ou plutôt, j’avais été tellement occupé par d’autres choses que j’ai fini par un peu les négliger.

Miyake — Te méprends pas, il n’y a pas de règle disant que tu dois passer du temps avec nous, mais Haruka était un peu inquiète et, en plus de ça, Airi semblait vraiment penser beaucoup à toi.

Akito me conseillait simplement de garder à l’esprit les sentiments des filles de notre groupe.

Moi — Désolé ! Je vais me rattraper, promis !

Miyake — Tant mieux ! Moi aussi je trouvais que ça faisait un peu vide sans toi.

Je me sentais quelque peu mal à l’aise d’entendre un ami me dire quelque chose comme ça, mais ce n’était pas vraiment un mauvais sentiment. Akito ne semblait pas vouloir me parler très longtemps, levant la main aussitôt avec désinvolture pour me saluer et retourner à son siège. Je m’étais trouvé un véritable bon ami. Après tout, il s’était donné beaucoup de mal pour me donner de bons conseils à sa façon.

Une fois de retour à ma place, je n’avais plus trop envie de jouer sur mon téléphone, j’avais donc décidé d’écouter ce dont certains de mes camarades de classe parlaient. Le sujet était passé de ce que les gens avaient fait pendant la pause du printemps aux étudiants fraîchement débarqués.

Demain allait avoir lieu la cérémonie d’entrée de l’école où les nouveaux élèves de 2nde allaient faire leur apparition.

L’année dernière, notre classe D s’était un peu emportée face au traite- ment général de l’école à notre arrivée. On avait un peu pédalé dans la semoule, mais ça je suppose qu’on l’avait mérité. En effet, nous avions reçu 1000 points de classe lors de notre arrivée ici, soit l’équivalent de 100 000 yens  le  premier  mois…  Les  élèves  dépensèrent  sans  compter,  achetant

imprudemment ce qu’ils voulaient pensant qu’ils recevraient le même montant tous les mois. Parallèlement, être en retard ou même ne pas se présenter en classe arriver de plus en plus, et bon  nombre  d’étudiants avaient pris l’habitude de parler avec leurs amis ou dormir durant les cours.

D’un autre côté, les élèves assidus étaient tellement concentrés sur eux- mêmes qu’ils ne prêtaient aucune attention au comportement de ceux qui les entouraient. Ces élèves assidus avaient probablement plusieurs raisons pour lesquelles ils ne s’en préoccupaient pas, mais la raison principale était probablement le fait que l’école laissait les enfants à problèmes faire ce qu’ils voulaient. Après tout, si les enseignants ne faisaient rien à ce sujet, pourquoi le feraient-ils ? Cependant, on pouvait dire que tout cela n’était rien de plus que le premier examen spécial que l’école nous réservait : voir la différence entre le collège et le lycée, voir si nous étions capables de faire ce que nous devions faire sans qu’on nous le dise. Et notre incroyable classe D avait reçu l’évaluation la plus faible possible que l’examen aurait pu nous donner !

Le mois suivant, le premier Mai, nos points de classe avaient chuté à zéro, envoyant aussi notre allocation de points mensuelle dégringoler à un merveilleux zéro. Durant le reste de l’année, la classe D avait traversé les épreuves l’une après l’autre, mais après être tombé tout au fond une fois, notre classe commença lentement à se relever, à mûrir et à se rapprocher des hauteurs dans le processus. À un certain point, nous avions même réussi à monter en classe C mais, après les résultats de l’examen de fin d’année, nous avions malheureusement été relégués de nouveau en classe D. Cela étant dit, nous avions quand même réussi à récupérer un total global de 275 points de classe au cours de l’année. Il y avait toujours un énorme fossé entre notre classe et la classe A, mais rien n’était encore joué et cette année allait être décisive pour savoir si oui ou nous nous pouvions combler l’écart.

La vive voix d’une fille raisonna dans toute la classe. Immédiatement après, les étudiantes qui étaient déjà dans la classe répondirent l’une après l’autre, se rassemblant autour de la fille en question. C’était Karuizawa Kei, la coqueluche de notre classe. Le nombre de filles rassemblées autour d’elle ne cessait d’augmenter, et juste ainsi, elles commencèrent à parler des mêmes choses dont elles avaient déjà discuté entre elles juste avant. Ce n’était que seulement l’autre jour que j’avais commencé à sortir avec Kei. Pour l’instant la seule autre personne au courant de cela était Kei elle-même.

Alors que je repensais à ce qui s’était passé tout en écoutant leurs discussions, une voix surprise, plus proche d’un cri, emplit toute la classe. Je regardai pour voir ce qui se passait et remarquai immédiatement ce qui avait causé tout ce vacarme. On pouvait dire que c’était une réaction normale après avoir vu l’apparence de la fille qui venait silencieusement d’entrer dans la classe. Sans tenir compte de toute l’attention qu’elle avait concentré, elle se contenta de gagner sa place, à savoir, la table voisine. Ses beaux cheveux noirs, autrefois longs, étaient maintenant courts, ne descendant même pas jusqu’à ses épaules. Elle avait choisi de se couper les cheveux après s’être réconciliée avec Manabu, son frère aîné, et avoir fait ses adieux à son ancienne elle. Dans la mesure où je l’avais déjà vue comme ça je n’étais pas surpris. Mais si ça avait été la première fois, ça m’aurait sûrement fait un grand choc comme les autres.

Celui qui cria cela n’était nul autre que Sudou Ken, amoureux d’Horikita. Il avait rompu la conversation qu’il avait avec un de ses copains et se précipita vers nous. Il était aussi accompagné par une autre personne, une fille qui semblait déconcertée par le soudain changement d’apparence de Horikita.

Cette fille était Kushida Kikyô, une de nos camarades qui avait fréquenté le même collège que Horikita.

Horikita — Ça vous fait si bizarre que ça ?

Horikita observa non pas que Sudou, mais aussi les nombreux camarades qui la regardaient.

Sudou — N-non. Plutôt que bizarre, c’est plus, surprenant quoi. C’est comme si ça faisait de toi une personne totalement différente… Uhm, c’est pas pour dire que ça ne te va pas ou quoi que ce soit. Les cheveux courts te vont vraiment très bien. T-t’es pas d’accord, Kushida ?

Bien que cela ait donné une forte impression, pour Sudou, des choses comme la longueur des cheveux d’Horikita n’était sûrement qu’une chose triviale pour lui. Dans les faits, il avait volontier accueilli le nouveau look de son crush, soulignant qu’il l’approuvait vraiment. D’un autre côté, celle à qui Sudou avait demandé son avis, Kushida, ne put cacher son expression mitigée.

Kushida — Je pense…que. Ouais, ça te va bien, mais… Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ?

Il ne semblait pas que Kushida voulait vraiment donner son avis, alors elle changea de sujet pour découvrir pourquoi Horikita s’était coupé les cheveux.

Sudou — Comment ça il s’est passé un truc ?

Avant même que Horikita ne puisse répondre, Sudou s’empressa de s’en mêler avec une de ses questions.

Kushida — Je sais pas moi… Peut-être qu’elle a eu une peine de cœur, ou un truc du genre ?

Sudou — P-p-p-peine de cœur !?

Horikita — Si je devais mettre des mots, je suppose que c’est ma façon de montrer ma résolution.

Horikita répondit en un instant, dissipant tout autre spéculation selon laquelle elle aurait eu un chagrin d’amour.

Sudou — C-ça fait sens. Il n’y a aucun moyen que t’aies un amour à sens unique ou quoi que ce soit, pas vrai ?

Malgré son affirmation, Sudou semblait pris de panique faisant remonter quelques sueurs froides.

Horikita — Cette année, en tant qu’élève de 1ère, je me battrai pour amener la classe D au sommet. Je voulais faire de mon possible pour y arriver.

Kushida — Ah, je vois. Eh bien… Je suppose que je vais devoir faire l’opposé et me laisser pousser les miens !

Kushida sonnait de manière mignonne et innocente, mais j’avais compris le véritable sens derrière ses paroles : elle était dégoûtée que ses cheveux soient désormais de la même longueur que la personne qu’elle détestait. Je ne pensais pas que quiconque avait pris ce qu’elle a dit pour argent comptant, mais le pire c’était qu’elle en était vraiment capable. Je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer les émotions enragées cachées dans ses paroles.

Horikita — Si vous êtes satisfaits, pouvez-vous regagner vos places ?

Horikita les incita à partir. Après tout, elle ne voulait pas que les gens la regardent bêtement en se demandant à quel point ses cheveux étaient longs ou courts. Bien que sa coupe de cheveux ait fait des vagues avec ceux l’entourant, Horikita semblait quelque peu mécontente de tout l’attention qu’elle recevait. Elle était de mauvaise humeur, mais heureusement la sonnerie retentit peu de temps après, mettant fin à tous les bavardages.

1

Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis la cérémonie d’ouverture. Le week- end allait et venait, et lundi arrivait de nouveau.

Une vie scolaire paisible. Une routine quotidienne se répétant encore et encore.

La rentrée scolaire avait entraîné de nombreux changements, dont le plus notable était la digitalisation du tableau ainsi que le remplacement de nos manuels par une tablette numérique. Je regardais la toute nouvelle tablette que l’école avait distribuée la semaine précédente. Tous les documents de cours supplémentaires étaient également désormais sur ces tablettes. Décidément, le progrès !

Chaque élève en avait reçu une, et des chargeurs à grande vitesse avaient été récemment installés au fond de la salle de classe. Des chargeurs portables nous avaient également été mis à disposition chaque fois que nous en avions besoin, juste au cas où nos tablettes tomberaient à court de batteries durant les cours. Bien que, en règle générale, nous ne soyons pas autorisés à ramener nos tablettes dans les dortoirs avec nous, on pouvait toujours transférer les données nécessaires via le réseau de l’école et l’utiliser chez nous.

Le nombre encombrant de manuels que nous utilisions était désormais stocké dans une seule tablette de 12 pouces. Non seulement cet appareil facilitait l’utilisation d’outils visuels comme pour des graphiques ou des photographies, mais il était aussi utile pour des utilisations plus globales, nous permettant de communiquer aisément avec des étrangers pendant nos cours d’anglais par exemple.

Pour une école supervisée par le gouvernement, toutefois, l’établissement était légèrement en retard.

En même temps, il était difficile de dire si ces changements avaient été la bonne chose à faire ou non. La valeur de ces changements dépendra grandement des conséquences qu’ils allaient avoir quant à l’intégration des élèves dans la société.

Cette année, la difficulté allait certainement monter d’un cran. D’autant que je n’avais aucun modèle de référence, mais il était plutôt logique de supposer que cette école était au moins au-dessus de la moyenne en termes de difficulté. Je me demandais si Sudou, Ike et certains autres allaient être capables de suivre le rythme. Pour éviter qu’aucun d’entre eux ne soit expulsé, ils allaient avoir de plus que jamais besoin d’aide.

Dans l’ensemble, la plupart des changements majeurs concernaient la numérisation du système éducatif. Mais si je devais nommer une petite autre nouveauté, alors peut-être la possibilité de choisir où on voulait s’asseoir grâce à l’utilisation de points privés. J’étais ainsi donc passé de mon ancien siège près de la fenêtre à une table côté couloir, toujours au fond. Les sièges à côté du couloir n’étaient généralement pas très populaires à cause de tout le trafic, mais ce n’était pas vraiment quelque chose qui m’importait.

Et alors que j’observais de plus en plus d’élèves de 2nde dans le quotidien, je n’avais encore parlé à aucun d’entre eux puisque je ne faisais partie d’aucun club. L’année dernière, la première fois que j’avais vraiment eu une discussion avec un aîné était lorsque j’avais eu besoin de rassembler d’anciens sujets pour un examen spécial. Il n’était donc pas vraiment étrange que personne ne soit encore venu me parler.

En bref, les premiers jours de la nouvelle année scolaire avaient été plutôt calmes.

— Bien, tout le monde est là ?

Notre professeur principal, Chabashira, entra dans la salle de classe quelques secondes seulement après la sonnerie. Alors que les cours du matin devaient habituellement commencer, elle prit sa place derrière le podium sur l’estrade, en prenant un regard extrêmement sérieux. Ceci, ajouté au fait qu’il n’y avait pas de cours programmés pour aujourd’hui, signifiait qu’il était raisonnable de supposer que quelque chose allait arriver.

Notre brève et paisible pause était sur le point de prendre fin.

Ike — Sensei, il y a un examen spécial ?

Ike posa sa question avant même que Chabashira n’eut le temps d’ouvrir la bouche. À première vue, il avait probablement parlé sous le coup de la nervosité. Chabashira l’avait également compris, et c’est pourquoi elle ne le réprimanda pas pour son interruption.

Avant, chaque fois qu’un nouvel examen spécial faisait son apparition, la plupart de mes camarades était consumée par des sentiments d’anxiété et d’incertitude. Mais maintenant, les examens spéciaux ressemblaient plus à des obstacles que nous devions surmonter sur notre chemin vers le sommet. L’état d’esprit de la classe avait commencé à changer, pour faire face à l’avenir.

Mlle. Chabashira — Je comprends que vous en soyez préoccupés, mais il y a quelque chose que j’ai besoin que vous fassiez tous avant de répondre à cela. Quelque chose de très important pour le reste de votre vie dans cette école.

Chabashira avait sorti son téléphone et nous le montrait alors qu’elle parlait.

Mlle. Chabashira — Tout le monde, sortez vos téléphones et placez-les sur vos tables. Dans le cas où vous ne l’auriez pas sur vous, vous aurez à retourner à votre dortoir pour le ramener. Mais… Je doute que l’un d’entre vous l’ait oublié.

De nos jours, les téléphones portables étaient l’une des nécessités de la vie. On pouvait même probablement dire que c’était la chose la plus importante à avoir sur soi à tout moment.

En peu de temps, 39 téléphones avaient été placés sur les tables. Après avoir rapidement vérifié que personne n’avait oublié le sien, Chabashira continua de parler.

Mlle. Chabashira — Donc la première chose que vous devez faire est d’accéder à la page d’accueil de l’école et d’installer une nouvelle

application qui devrait normalement être disponible au téléchargement. Le nom officiel de l’application,  est Over All Ability,  mais un fois l’installation terminée, elle s’affichera avec les initiales OAA sur votre téléphone.

Le tableau noir passa à une autre page, où une démonstration vidéo sous- titrée commença. On pouvait dire que c’était le genre de commodités que le passage au numérique nous avait apportées.

Après avoir suivi l’explication qui nous avait été donnée dans la vidéo et installé l’application avec succès, une icône représentant ce qui semblait être une illustration de l’école ainsi que les lettres OAA, apparurent sur l’écran d’accueil de mon téléphone.

Mlle. Chabashira — Posez vos téléphones après avoir terminé l’installation de l’application. Levez la main s’il y a quelque chose que vous n’avez pas compris.

Le processus d’installation était extrêmement simple. Tout le monde ici avait l’habitude d’utiliser son téléphone portable, donc tout s’était déroulé sans accroc.

Mlle. Chabashira — Vous n’êtes pas les seuls à faire cela non plus. En ce moment, tous les élèves de l’école sont en train de l’installer. Dorénavant, cette application sera un outil très utile pour vous autres élèves du Lycée Public d’Excellence. Bien, voir c’est croire comme on dit. Donc allez-y et commencez à la lancer.

J’appuyai sur l’icône qui était sur ma page d’accueil pour lancer l’application, mais la caméra de mon téléphone s’alluma à la place.

Mlle. Chabashira — Il vous suffit juste de prendre une photo de l’ID de votre carte étudiant et elle s’occupera du processus de configuration initial.

Suivant ses instructions, je pris une photo de l’ID de ma carte. L’application numérisa ensuite la carte à la recherche de diverses informations telle que mon

numéro d’identification et mon portrait, tout en continuant le processus de connexion.

Mlle. Chabashira — À ce stade, chacun d’entre vous devrait avoir créé son compte. À l’avenir, vous n’aurez plus besoin de vous connecter, étant donné que votre compte est directement lié à votre téléphone. Veillez donc à ne pas le perdre.

Après m’être finalement connecté à l’application, plusieurs menus me sont apparus.

Mlle. Chabashira — Cette application contient les données personnelles de tous les élèves de chaque année scolaire. Par exemple, si vous appuyez sur le menu puis sur « 1èreD », vos noms seront affichés par ordre alphabétique. Allez-y et essayez.

Les photos et les noms complets de toute la classe étaient classés par ordre alphabétique, juste comme elle l’avait dit.

Mlle. Chabashira — Sentez-vous libre de consulter le profil de votre choix, mais vous devriez probablement jeter un œil au vôtre en premier.

J’avais tapoté mon propre nom comme le suggérait Chabashira. Je m’attendais à voir des informations basiques comme ma date de naissance, mais ce n’était pas du tout le cas. Au lieu de cela, figuraient des données que je n’avais jamais vues auparavant.

Classe de 1ère D – Ayanokôji Kiyotaka Évaluation de 2nde

Capacité Académique : C (51) Capacité Physique : C (60) Adaptabilité : D+ (37) Contribution Sociale : C+ (60) Capacité Globale : C (51)

Ike — S-sensei, mes résultats ont l’air d’avoir été convertis en statistiques de jeux vidéo !?

Mlle. Chabashira — C’est ça. L’école vous a attribué des lettres en se basant sur vos divers résultats de l’année écoulée. Bien sûr, vous n’êtes pas les seuls à pouvoir accéder à ces informations. Chaque étudiant de n’importe quelle classe ou année scolaire le peut aussi. Ce système a été adopté car nous estimons qu’il sera un outil important pour le futur de votre éducation.

En d’autres termes, le but de cette application OAA était de fournir une évaluation numérique des capacités de chacun. Parallèlement, elle semblait également pouvoir être utilisée pour envoyer des messages à tous les élèves de l’école Il y avait une icône en forme de point d’interrogation dans le coin supérieur droit de mon écran qui, après avoir été pressée, m’avait présenté une description détaillée de chacune des différentes catégories de mon profil.

Capacité Académique : Principalement calculée sur la base de vos résultats aux examens écrits effectués tout au long de l’année scolaire.

Capacité Physique Calculée en fonction de vos performances en cours d’éducation physique, activités de club, examens spéciaux, et autres efforts physiques.

Adaptabilité : Calculée en fonction de votre capacité à vous adapter à un environnement. Cela inclut, de manière non exhaustive, votre réactivité, vos capacités à agir rapidement, vos compétences en communication, la portée de votre cercle social et si vous agissez ou non d’une manière qui correspond à votre position sociale parmi lesdits cercles.

Contribution Sociale : Calculée selon divers facteurs, tels que votre attitude générale en classe, votre taux de présence, l’existence de tout comportement potentiellement problématique ou votre contribution à l’école par le biais de programmes comme le Conseil des élèves.

Capacité globale : La capacité globale d’un élève résulte de chacune des quatre valeurs calculées ci-dessus. Cependant, l’effet de la contribution

sociale sur le score global est réduit de moitié par rapport aux trois autres valeurs.

Mode de calcul de la Capacité Globale : [Capacité Académique + Capacité Physique + Adaptabilité + (Contribution Sociale * 0.5)] ÷ 350*100 (arrondi).

Je vois. Avec des critères d’évaluation de ce genre, je pouvais comprendre pourquoi ma note d’Adaptabilité était inférieure aux autres. Après tout, la taille de mon cercle social et mes compétences en communication n’étaient élevées selon aucun standard. Mes notes dans les autres catégories étaient raisonnables, étant donné qu’elles étaient calculées en fonction de diverses choses que je faisais quotidiennement.

En marge des notes de 2nde, il y avait des pages supplémentaires pour mes informations de deuxième et troisième année, mais celles-ci étaient actuellement vierges.

Mlle. Chabashira — Pour le moment, seuls vos résultats de 2nde sont affichés. Mais à partir d’aujourd’hui, les nouvelles notes seront affichées sur la page de 1ère dès qu’elles seront disponibles. Elles seront mises à jour lors du premier jour de chaque mois, le jour même de la distribution des points privés. Par exemple, Sudou, ton indice actuel de Capacité Académique est un E, mais à supposer que tu obtiennes un score parfait au prochain examen écrit, tu recevras un A+ pour la Capacité Académique sur la page de 1ère.

Cela signifiait que nos notes de 1ère allaient être évaluées séparément de nos notes de 2nde. En outre, l’indice qui allait s’afficher au fur et à mesure allait changer continuellement. Si par exemple Sudou obtenait tous les points au premier examen écrit d’avril et en récoltait un A+, s’il devait prendre un zéro à l’examen suivant ce A+ allait devenir un C, ou quelque chose du genre. Et après une année complète de cela, notre indice final allait être celui qui restait.

L’une des caractéristiques les plus remarquables de cette application était qu’elle nous permettait de consulter non seulement pour notre propre classe, mais également pour toutes les autres classes. Avant cela, je ne pouvais pas déterminer le profil des étudiants avec lesquels je n’avais jamais interagi sans

sortir personnellement et collecter des informations, mais désormais, juste en jetant un coup d’œil à l’application, je pouvais découvrir le nom, le visage et le type de notes de n’importe qui, indépendamment du fait qu’ils étaient de mon année scolaire ou non. Par ailleurs, les données concernant les étudiants de 2nde semblaient être basées sur les retours de leur dernière année de collège ainsi que sur les résultats de leur examen d’entrée. Cela signifiait que, mis à part les notes de Capacité Académique, de Capacité Physique et de Contribution Sociale, il était possible que leurs notes d’Adaptabilité ne soient pas très fiables.

C’était un outil assez pratique de vérification de notes. Enfin, je supposais que ce n’était pas là le seul objectif de l’application.

Mlle. Chabashira — Il y a probablement des élèves ici qui ne sont pas satisfaits de leurs évaluations et qui se sentent frustrés par la façon dont ils seront catégorisés dans un tel dossier. Mais à ces derniers, je peux seulement dire que votre indice d’évaluation correspond à ni plus ni moins aux différents choix de vie que vous avez faits l’an passé.

Plus les indices importants comme la Capacité Académique et la Capacité Physique étaient proches d’un E, plus on se sentait déshonoré.

Mlle. Chabashira — Cependant, vos notes de 2nde appartiennent au passé et elles n’auront aucune influence sur les évaluations que vous obtiendrez en 1ère. En d’autres termes, il est important que ceux d’entre vous qui ont reçu des résultats insatisfaisants profitent de cette opportunité pour s’améliorer. L’école espère que le fait de pouvoir visualiser vos progrès contribuera à favoriser une telle croissance.

Étant donné que l’application contenait un registre des évaluations personnelles que tout le monde pouvait consulter, de nombreux étudiants allait probablement commencer à faire des efforts pour au moins garder la face. Cela pouvait en effet avoir des effets sur la motivation à obtenir de meilleures notes, comme l’a dit Chabashira, mais…

— Sensei, pourquoi la Contribution Sociale est-elle la seule à être prise en compte différemment des trois autres catégories ?

Cette question venait d’Hirata Yôsuke, qui se demandait pourquoi la catégorie Contribution Sociale avait son influence divisée par deux sur la Capacité Globale par rapport aux trois autres.

Mlle. Chabashira — Capacité Académique, Capacité Physique et Adaptabilité… L’école considère ces trois catégories comme extrêmement importantes. La contribution sociale, en revanche, est un peu différente. La contribution sociale est basée sur la morale et les manières. C’est une évaluation de ce à quoi vous ressemblez en tant qu’étudiant dans un sens général, en tenant compte de choses comme le ton et l’attitude que vous adoptez avec vos enseignants, la présence d’absences ou de retards, que vous soyez ou non disposé à respecter diverses règles, et même l’influence de votre voix et l’exactitude de vos mots. Il couvre le type de capacités de bon sens que vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas avoir, de sorte que leur impact sur la capacité globale est moindre.

Contrairement aux trois premières catégories, où vous ne pouviez pas simplement vous améliorer considérablement du jour au lendemain, vous aviez la possibilité d’améliorer considérablement les compétences liées à la Contribution Sociale à tout moment en changeant simplement votre état d’esprit et votre façon de faire les choses. C’était ça la différence.

Mlle. Chabashira — Cette application considère tout le monde de manière uniforme. Peu importe la classe dans laquelle vous êtes ou où vous êtes parmi vos pairs, l’application vous évalue de la même façon. Comme elle est pour l’instant, vous pourriez dire que ceux d’entre vous qui ont obtenu des notes élevées dans la catégorie des  capacités globales ont fait quelque chose qui mérite des éloges en tant qu’individus.

Dans l’application, les étudiants étaient classés par ordre alphabétique, mais elle semblait également équipée d’une fonctionnalité de tri. Et grâce à cela, il n’était pas nécessaire pour moi de parcourir chaque élève de la classe 1ère D un par un pour savoir qui avait la note de capacité global la plus élevée.

En testant la fonction de classement, je pus découvrir que Yôsuke était celui qui occupait cette place.

Classe de 1ère D – Hirata Yôsuke Évaluation de 2nde

Capacité Académique: B + (76)

Capacité Physique: B + (79) Adaptabilité: B (75) Contribution Sociale: A- (85) Capacité Globale: B + (78)

L’excellence de Yôsuke était évidente après un seul regard sur ses chiffres. Ses notes étaient objectivement de haut niveau dans tous les domaines. S’il n’avait pas montré de faiblesse lors de la fin de la 2nde, ses scores auraient pu être encore plus élevés.

En revanche, une fois trié par ordre décroissant, Ike était celui qui avait pris la première place avec un score de Capacité Globale de 37. Juste en dessous d’Ike se trouvait le nom de Sakura Airi, avec le même score de Capacité Globale de

  1. Sudou, quelqu’un dont de nombreux étudiants s’attendaient à ce qu’il occupe la dernière place du classement, était en fait placé plusieurs places au- dessus.

Classe de 1ère D – Sudou Ken – Évaluation de 2nde

Capacité académique: E + (20) Capacité physique: A+ (96) Adaptabilité: D + (40) Contribution sociale: E + (19) Capacité globale: C (47)

Ses notes de capacité académique et de contribution sociale étaient toutes deux profondément faibles, étant donné son mauvais comportement l’année précédente. Cependant, sa note en Capacité Physique était plus que suffisante pour compenser cela, le sauvant du fond de la liste. Après une inspection plus

approfondie, j’avais remarqué que, sur chaque élève de 1ère, il était le seul à avoir obtenu A+ dans la catégorie Capacité Physique.

Sudou avait grandi à la fois sur le plan scolaire et mental comparé à ses débuts dans l’école, et ses notes n’allaient probablement faire que s’améliorer avec le temps.

Mlle. Chabashira — Sinon dans un autre registre, bien que cela n’ait rien à voir directement avec la classe D, il existe des exceptions spéciales pour les élèves de 1ère. Ainsi, par exemple, l’indice d’aptitude physique de Sakayanagi Arisu de la 1ère A prendra la même valeur que l’élève ayant la cote d’aptitude physique la plus basse de l’année scolaire.

Sakayanagi Arisu était physiquement handicapée  depuis  sa  naissance. Elle devait utiliser une canne pour se déplacer, même pour marcher. En d’autres termes, l’activité physique n’était pas quelque chose dont elle était capable, même si elle le voulait. Cela dit, la catégorie Capacité physique ne

pouvait pas simplement être supprimée du calcul de son score global. Donc, en ce sens, lui faire prendre le même score que l’élève le moins bien placé semblait être un compromis raisonnable.

En tout cas, cet outil de visualisation des capacités faisait probablement partie intégrante de la méritocratie individualiste suggérée par Nagumo.

Mlle. Chabashira — Je suis sûre que cette application se distinguera comme un outil des plus importants, non seulement pour changer vos états d’esprit et vous améliorer, mais aussi pour interagir avec les autres puisque vous aurez maintenant un moyen de vous familiariser rapidement avec les noms et les visages des étudiants quelle que soit l’année scolaire dans laquelle ils se trouvent. Cependant… Je pense aussi qu’il y a plus que cela. Ce n’est que ma propre hypothèse personnelle, mais… Peut-être que d’ici un an, les étudiants qui ne parviennent pas à maintenir leur note de capacité globale au-dessus d’un certain seuil se verront infliger des sortes de pénalités.

Ike — Pénalité… Comme une exclusion… Sensei…?

Mlle. Chabashira — C’est possible. Mais, comme je l’ai dit, ce n’est qu’hypothèse. Mais plus votre note de compétence globale est proche d’un E, plus la position dans laquelle vous vous trouvez est dangereuse. Il vaut mieux pour vous de garder cela à l’esprit.

Pour le moment, Ike et Airi étaient classés en bas, avec leurs deux notes de capacité globale proches de E. Passer l’année prochaine à faire les mêmes choses que l’année dernière n’était donc pas une bonne idée.

Mlle. Chabashira — Certains pensent peut-être que l’école les a mal évalués, mais gardez à l’esprit que c’est ainsi qu’elle vous perçoit actuellement. Si vous en êtes mécontents, alors vous avez cette année pour nous prouver le contraire. Après tout, l’école n’est pas infaillible.

Ike — M-mais Sensei, comment on est censés faire ça !?

Ike leva frénétiquement la main alors qu’il demandait, ayant réalisé qu’il était au bas des échelons.

Mlle. Chabashira — Eh bien, à titre d’exemple, l’exactitude de l’évaluation de la capacité physique dépend du fait qu’un élève participe ou non aux activités du club. Si vous avez confiance en l’une de vos capacités, il peut être judicieux de rejoindre un club.

Chabashira disait que les élèves qui allaient montrer leurs capacités à l’école finiraient généralement par obtenir de meilleurs résultats. Cela étant dit, cela dépendait toujours de l’individu. Si un élève agissait mais de la mauvaise manière, cela pouvait se retourner contre lui.

Horikita — On dirait bien que le combat est devenu individuel, désormais.

Les marmonnements silencieux d’Horikita ne passèrent pas inaperçus dans les oreilles de Chabashira. Pour Horikita, c’était probablement comme si l’introduction de cette application avait éteint la notion de compétition axée sur la classe à laquelle elle s’était habituée l’année passée. Et elle n’était probablement pas la seule à le sentir de la sorte.

Mlle. Chabashira — C’est à la fois vrai et faux, Horikita. L’école a approuvé et mis en œuvre une proposition du président actuel du Conseil des élèves, Nagumo Miyabi, et c’est ce même système que nous introduisons cette année.

Ainsi, le rêve de Nagumo de créer un système où les individus étaient évalués en fonction de leurs propres mérites se réalisait enfin. La raison pour laquelle il n’était pas très actif l’année dernière avait dû être parce qu’il était occupé à consacrer son temps et ses ressources à la création de cette application.

Mlle. Chabashira — Mais le fait que l’école mette l’accent sur le travail en groupe en tant que classe n’a toujours pas changé. Gardez cela à l’esprit en travaillant dur pour vous améliorer chaque jour.

Avec l’application installée et l’explication qui avait suivi terminée, la première heure prit fin. Dès le début de la pause, les yeux de chacun s’étaient immédiatement collés à l’écran de leur téléphone portable. Non seulement ils voulaient voir leurs propres évaluations, mais ils voulaient également savoir comment leurs camarades de classe et le reste de l’école s’en sortait.

Sudou — Pas vraiment juste la façon dont on me traite, comme si j’avais moins de bon sens que Kôenji sérieux !

Sudou se plaignit bruyamment alors qu’il blâmait Kôenji, complètement obsédé par les notes de l’application. J’écoutais discrètement ses plaintes (bien qu’il parlât si fort que c’était difficile de ne pas l’entendre) tout en essayant de confirmer ses dires via l’application.

Classe 1ère D- Kôenji Rokusuke Évaluation de 2nde

Capacité Académique: B (71)

Capacité Physique: B + (78) Adaptabilité: D- (24) Contribution Sociale: D- (25) Capacité Globale: C (53)

Kôenji avait reçu des notes élevées à la fois en capacité académique et en capacité physique, ce qui était logique étant donné qu’il avait démontré un certain degré de compétence lors de nos cours et tests classiques.

Ike — De quoi tu parles ? Ta note de Capacité Physique est genre, bien plus élevée que la sienne de toute façon.

Ike, qui n’avait pas de notes particulièrement remarquables, se plaignit envieusement directement à Sudou.

Sudou — C’est parce que Kôenji ne prend pas cette merde au sérieux. C’est difficile à accepter.

Les capacités physiques de Kôenji étaient extraordinairement élevées, tout comme Sudou le disait. Son potentiel était au même niveau que celui de Sudou ou peut-être même supérieur, mais il n’était membre d’aucun club et sa participation aux cours d’éducation physique dépendait en grande partie de son humeur, il n’y avait donc aucun moyen de le dire avec certitude. À moins qu’il ne soit personnellement investi, et vu qu’il était du genre à abandonner soudainement quelque chose ou à ne pas le faire complètement… Ce n’était même pas si rare qu’il ne lève même pas le petit doigt en premier lieu non plus. Sudou, de son côté, était impliqué et avait toujours obtenu des résultats de premier ordre, quelle que soit la tâche à laquelle il était confronté. Même si leurs capacités physiques peuvent être similaires, la raison pour laquelle il y avait une si grande différence dans les notes qui leur avaient été attribuées était évidente.

Cela étant dit, la catégorie dont Sudou se plaignait était la Contribution Sociale. Autrement dit, la catégorie qui traitait de la morale et ses manières. À cet égard, Kôenji, celui qui était pointé du doigt et critiqué, était tout autant un enfant à problèmes que Sudou. Il semblait que Sudou ne pouvait pas supporter le fait que sa cote de contribution sociale était la plus basse des deux, même si c’était à peine le cas. Ce n’est pas comme si je ne comprenais pas pourquoi Sudou voulait se plaindre, mais… La raison pour laquelle la note de contribution sociale de Kôenji était plus élevée que celle de Sudou était probablement parce qu’il n’avait pas eu autant d’occasions de causer des

problèmes à la classe ou à l’école. Compte tenu des suspensions et du comportement violent de Sudou l’année dernière, le fait qu’il soit en dessous de Kôenji n’était pas si surprenant.

Même si Kôenji lui-même pouvait entendre tout ce que Sudou disait, il ne prêta aucune attention à tout cela. Il n’avait pas non plus pris la peine d’utiliser l’application OAA plus que nécessaire, contrairement à ceux qui l’entouraient qui en étaient complètement absorbés.

Au cours de l’année précédente, Kôenji était probablement celui qui avait le moins changé.

Dans tous les cas, grâce à cette application, on pouvait désormais quantifier les résultats de notre 2nde dans cette école. Et il y avait bien sûr des avantages et des inconvénients pour nous en conséquence.

Par exemple, l’existence de la catégorie Capacité Globale avait créé une sorte de classement provisoire des compétences entre élèves. Ainsi, si un examen spécial gênant devait avoir lieu à nouveau, la classe n’allait probablement pas discuter longtemps de qui allaient être les candidats à l’expulsion.

Airi, classée tout en bas avec Ike, n’était probablement pas très sereine à ce niveau.

2

Avec l’introduction de l’application OAA toujours dans l’esprit de tout le monde, les cours reprirent.

Toutefois, la classe semblait très attentive à ce que Chabashira allait dire. Et, sans surprise, les craintes s’étaient révélées exactes.

Mlle. Chabashira — Maintenant, je vais vous donner un aperçu du prochain examen spécial.

Sur ce, Chabashira avait abordé le sujet, presque comme s’il s’agissait d’un sujet tout à fait normal.

Mlle. Chabashira — Le premier examen spécial que vous passerez cette année intégrera de nouvelles expériences inédites, tout comme l’introduction de l’application.

Était-ce dû aux actions de Tsukishiro ? Ou était-ce Nagumo derrière cela ? Quoi qu’il en soit, l’école semblait traverser des changements majeurs.

Mlle. Chabashira — Les grandes lignes sont que l’examen prendra la forme d’un examen écrit dans lequel vous serez en collaboration avec les 2nde nouvellement débarqués.

Ike — En collaboration avec….les 2nde …?

Nous n’avions que rarement fait des examens inter-années. Le camp d’entraînement était la grande exception. La barrière entre les années scolaires avait-elle été cassée avec l’introduction de l’application OAA ?

Mlle. Chabashira — Cet examen spécial se concentrera principalement sur vos compétences académiques et de communication.

Compétences académiques et de communication… Deux concepts qui, à première vue, ne semblaient rien avoir à faire l’un avec l’autre.

Mlle. Chabashira — L’importance des compétences académiques pour les examens n’a pas besoin d’être expliquée davantage. Cependant, auparavant, cette école n’avait jamais eu d’interaction approfondie entre les élèves de différentes années scolaires, sauf lors de festivals sportifs ou de camps d’entraînement. Par conséquent, l’école a déterminé que vos compétences en communication avaient été délaissées.

Ike — M-mais nous serons toujours en compétition avec d’autres dans notre propre année scolaire, non ? Quelque chose me paraît bizarre à ce sujet.

L’idée de s’impliquer fortement avec les 2nde       semblait rendre Ike un peu dubitatif.

Mlle. Chabashira — Je vois où tu veux en venir. Mais penses-y objectivement. Une fois diplômés, après votre entrée sur le marché du travail, les personnes avec lesquelles vous aurez à entrer en contact ne seront pas que de nouveaux diplômés comme vous. Certains en seront à leur premier poste, certes, tandis que d’autres seront des vétérans de 20 ou 30 ans, et vous serez tout de même en concurrence avec eux. Malgré l’énorme fossé d’expérience, ils pourraient très bien devenir des rivaux pour vous.

Ike — C’est.. Eh bien, je suppose que je peux concevoir ça.

Mlle. Chabashira — Alors que le monde dans son ensemble évolue lentement vers une méritocratie, de nombreuses entreprises japonaises sont toujours liées aux concepts d’ancienneté et d’emploi à vie. Pour ceux d’entre vous qui pensaient qu’il serait inconfortable d’interagir avec vos supérieurs ou subalternes lorsque vous avez entendu parler de cet examen spécial, je vous suggère d’y réfléchir autrement.

Par exemple, considérons le concept de saut de classe. Le saut de classe est un phénomène assez courant dans d’autres pays comme aux États- Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Dans ces pays, il n’est pas si rare que de petits et jeunes enfants étudient avec des lycéens ou des étudiants. L’un de vous peut-il imaginer ou même accepter l’idée d’un élève de primaire qui étudie avec vous ici, dans cette classe ?

De par les mots de Chabashira, la classe commença à visualiser le scénario. Un scénario qu’ils n’avaient presque certainement pas été en mesure de comprendre. Ils avaient dû penser que c’était étrange, voire impossible.

Il est vrai qu’il n’y avait pratiquement aucun cas d’élèves sautant des niveaux scolaires au Japon. Bien que des conditions spécifiques devaient être remplies, la plupart des gens ignorait probablement que c’était même possible. Au Japon, le concept ne correspond pas vraiment au statu quo où le système éducatif est relativement linéaire. Mais cela ne signifiait pas nécessairement que le Japon n’était pas disposé à considérer le concept en lui-même. Par exemple, la White Room n’était pas  conforme à la  conception japonaise traditionnelle de l’éducation, donc je pouvais assez bien comprendre cela.

Cependant, j’étais certain que ce n’était pas tout ce que disait Chabashira. Il ne s’agissait pas simplement d’imiter ce que faisaient les autres pays. Mais il était également essentiel que le Japon adopte un style d’enseignement adapté au climat japonais. Chabashira était probablement consciente de cela elle- même, mais n’avait pas d’autre choix que de nous donner cette explication selon les instructions des supérieurs.

Mlle. Chabashira — À l’avenir, il y aura probablement plus de cas où vous serez mis en compétition avec les élèves de 2nde et de terminale. Cependant, cet examen particulier vise à vous aider à établir des relations de coopération, alors gardez bien cela à l’esprit.

Je me demandais si c’était la raison pour laquelle l’examen spécial exigeait à la fois des compétences académiques et des compétences en communication. Certains élèves semblaient incapables de comprendre à quoi les règles pouvaient ressembler, semblant visiblement confus pour l’instant.

Mlle. Chabashira — Le moyen le plus simple de vous faire comprendre à tous serait de vous rappeler l’un des examens spéciaux que vous avez passés l’année dernière. Vous pouvez considérer cet examen comme une version améliorée de l’examen des duos, dans lequel vous étiez en groupe avec vos camarades de classe.

C’était un examen spécial où nous étions associés avec un camarade de classe et avions abordé un examen écrit ensemble. Essentiellement, cela voulait dire que nous allions faire équipe un 2nde cette fois-ci. Même si cela semblait être la seule différence, c’en était une assez importante.

Mlle. Chabashira — Vous êtes libres de vous mettre avec qui vous voulez parmi les élèves de 2nde. La période de l’examen durera jusqu’à la fin du mois, soit environ deux semaines à partir de maintenant. Vous aurez tout le temps nécessaire pour choisir soigneusement votre partenaire et vous concentrer sur vos révisions.

Avec un examen spécial de ce genre, il était logique qu’ils nous fassent installer l’application OAA. Après tout, les 2nde n’étaient pas familiers avec les noms et les visages des classes supérieures, et inversement, personne ne connaissait les 2nde. Lors de l’examen des duos, l’année dernière, on pouvait choisir librement nos partenaires après avoir trouvé comment ça fonctionnait. Pour rappel, les élèves qui n’étaient pas très bons pour étudier pouvaient simplement compter sur quelqu’un d’autre pour survivre à l’examen.

Cependant, l’examen cette fois-ci allait être différent. Les partenariats allaient être établis en  partant du  principe que les deux  parties rechercheraient d’excellents étudiants avec qui s’associer. De plus, au lieu de nous mettre avec nos camarades, on allait devoir se mettre en paire avec des 2nde avec lesquelles nous avions peu ou pas de relations. Les circonstances auxquelles nous étions confrontées maintenant au cours de notre 1ère étaient différentes de l’an dernier.

Par-dessus tout, il faut pas mal de temps pour construire une relation de confiance à partir de zéro.

Sans l’application, il aurait été presque certainement impossible d’établir une relation significative en seulement deux semaines. Mais avec l’OAA, certains raccourcis pouvaient être pris car on pouvait simplement faire correspondre le visage de quelqu’un à son nom dans l’application. De plus, puisque l’application donnait également une idée approximative des capacités académiques d’un élève, il allait alors être facile de l’utiliser comme référence pour se décider quand et avec qui se mettre.

Mlle. Chabashira — Vous serez testés sur cinq sujets le jour de l’examen. Chaque  sujet  vaudra  100  points,  pour  un  total  de  500  points. Maintenant, pour la partie la plus importante… Cette fois, vous serez évalués en fonction de deux critères différents. Le premier étant vos résultats en tant que classe et le second étant vos résultats en individuel.

Chabashira appuya sur l’écran du tableau noir, apportant les détails de l’examen spécial dont elle venait de parler.

Récompenses de classe (réparties en fonction de l’année scolaire)

Le concours interclasse sera basé sur le score moyen de chaque classe de votre année scolaire. Ceci sera dérivé des scores combinés de chaque personne de la classe additionnés avec leurs partenaires respectifs.

Chaque classe sera récompensée par 50, 30, 10 ou 0 points de classe, en fonction de la façon dont leur score moyen global se situe par rapport aux autres classes de leur année scolaire.

Récompenses individuelles

Vous  serez  notés  en  fonction  du  score  combiné  de  vous  et  de  votre partenaire.

Les cinq meilleurs duos recevront chacun une récompense spéciale de 100 000 points privés.

Les 30% des meilleurs paires recevront chacun 10 000 points privés.

Si le score combiné d’une équipe ne dépasse pas 500 points, l’élève de 1ère sera expulsé de l’école et l’élève de 2nde ne recevra aucun point privé pendant les trois prochains mois.

De plus, tout élève étant jugé comme ayant délibérément mal répondu à des questions ou ayant manipulé ou abaissé ses notes sera expulsé quelle que soit son année scolaire. De même, dans le cas où un tiers aurait forcé un élève à baisser son score, ledit tiers sera également expulsé de l’école.

Mlle. Chabashira — Vous devriez déjà en être un peu conscient, mais dans cet examen, les étudiants ayant des capacités académiques élevées seront très convoités.

Si l’OAA n’existait pas, personne n’aurait pu découvrir les véritables capacités des autres. Mais maintenant, avec l’avènement de l’application, ces informations étaient exposées à la vue de tous. Et plus notre note de capacité académique était basse, plus il allait être difficile de trouver un partenaire.

Selon toute  vraisemblance, ceux qui semblaient plus faibles sur le plan académique allaient être laissés pour compte. En effet, les élèves intelligents se joindraient naturellement à un partenaire intelligent pour viser les meilleures récompenses. Ceux en insécurité académique allaient également chercher des partenaires intelligents pour survivre. Les élèves ayant de faibles capacités académiques allaient inévitablement devoir s’associer et, à la fin, tomber en dessous des 500 points. Dans ce cas, la dure réalité était que les élèves de 1ère concernés allaient être expulsés.

Les élèves de 1ère comprenaient le fonctionnement de l’école et avaient développé des amitiés durables avec de nombreuses personnes de leur classe. Même s’ils n’allaient pas vers les meilleures récompenses, la priorité allait être d’aider un camarade.

Cependant, les élèves de 2nde n’avaient pas encore eu la chance de se rapprocher. En conséquence, que quelqu’un ne reçoive plus de points privés dans leur classe n’allait pas les déranger plus que ça. Un peu comme nous l’an

dernier quand on pensait à abandonner Sudou, au début… Non, en fait ça allait probablement être encore pire que ça.
————————————

Mlle. Chabashira — Les partenariats seront formés une fois que les deux parties auront accepté, et vous pourrez finaliser le processus en le confirmant sur l’application. Vous êtes autorisés à former vos partenariats quand vous le souhaitez après cela, mais une fois que vous avez confirmé avec qui vous allez vous associer, vous ne serez pas autorisés à changer pour quelqu’un d’autre.

Cela étant dit, il semblait difficile de prendre une décision immédiate à moins que les capacités académiques de son partenaire ne soient incroyablement élevées. Une décision imprudente pouvait conduire à des regrets plus tard.

Le moniteur sur le tableau noir mis à jour nous présentait des informations sur le choix des partenaires.

Règles pour choisir un partenaire

Une fois par jour, vous êtes autorisés à envoyer une demande de partenariat via l’OAA. Si l’autre partie n’accepte pas, l’application sera réinitialisée après 24 heures.

Si l’autre partie accepte votre demande, le partenariat sera finalisé et vous ne serez pas autorisés à l’annuler par la suite.

Une fois le partenariat finalisé, les informations affichées sur l’application OAA seront mises à jour à 8h00 le lendemain matin et aucune nouvelle candidature à l’un ou l’autre des élèves ne sera acceptée.

Avec ces restrictions, on ne pouvait pas simplement envoyer un grand nombre de demandes au hasard. Et, même en envoyant une candidature à quel- qu’un, on ne savait pas s’il avait trouvé un partenaire avant le lendemain à 8H, ce qui signifiait qu’on pouvait purement et simplement gaspillé notre demande du jour.

Enfin, en y réfléchissant bien, je n’étais pas sûr que quelqu’un accepte la candidature d’un inconnu comme ça, de toute façon.

Il était possible que ces règles aient été mises en place pour ne pas que les duos soient connus trop aisément. Après tout, si les informations étaient mises à jour dès qu’une paire était formée, il allait être plutôt facile d’analyser la force globale de chaque classe.

Ike — Sensei ! Il n’y a aucune chance qu’un des 2nde veuille se mettre avec moi ! Est-ce qu’un idiot comme moi est vraiment supposé s’appuyer sur des compétences en communication pour réussir ?

La complainte d’Ike était compréhensible. À moins que toutes les bonnes options de partenaire n’aient déjà été prises, la probabilité que quelqu’un veuille réellement s’associer à quelqu’un avec un mauvais indice de capacité académique était très faible. Ou du moins, en temps normal.

Mlle. Chabashira — Ne t’inquiète pas. Tout a été fait de telle sorte que, peu importe le nombre d’entre vous qui ne peuvent trouver de partenaires, personne ne sera laissé pour compte. En effet, si vous ne vous associez pas à quelqu’un, un partenaire sera sélectionné au hasard pour vous à 8h00 le jour de l’examen.

En apprenant qu’il y avait des mesures de protection en place, Ike poussa un soupir de soulagement.

Mlle. Chabashira — Cela étant dit, ceux qui ne parviennent pas à se trouver un partenaire avant la date limite ne devraient pas s’attendre au même niveau de traitement que ceux qui le font. Par conséquent, les paires formées après la date limite seront soumises à une pénalité de 5% sur leur score global.

Ce court sursis n’aura duré qu’une seconde, alors que la classe gémissait collectivement au moment où Chabashira mentionnait la pénalité. Bien qu’on ait toujours le droit de passer l’examen, on était mis dans une situation de désavantage assez douloureuse.

Hirata — Sensei, il y a eu jusqu’à présent trois expulsions parmi les élèves de 1ère. Les 2nde n’auront-ils pas trois personnes sans duo ?

En entendant la question triviale de Yôsuke, elle répondit avec indifférence.

Mlle. Chabashira — Ces trois-là verront leurs notes d’examen doublées pour compenser leur partenaire manquant. Cependant, ils seront également soumis à la même pénalité de 5%, donc il n’y aura probablement pas beaucoup d’entre eux qui voudraient faire face à l’examen seuls.

En fin de compte, certains allaient passer l’examen pour deux. Il semblait que les trois étudiants de 2nde restant à la fin n’allaient rien avoir à craindre tant que leurs capacités académiques étaient bonnes.

Quoi qu’il en soit, je ne pouvais pas me permettre de m’inquiéter pour Ike et Sudou pendant cet examen spécial. Après tout, cela allait être un examen spécial extrêmement difficile pour moi aussi en raison de l’expulsion. Autrement dit, cela signifiait que mon partenaire devait absolument marquer au moins 1 point pour passer l’examen spécial. Même si j’obtenais tous les points dans chacun des cinq sujets, si mon partenaire obtenait un 0, mon expulsion était actée.

Dans des circonstances normales, cette règle était extrêmement pointue et dangereuse. Car les élèves de 2nde ne risquaient pas l’expulsion. En obtenant délibérément un faible score, cette règle signifiait que l’élève de 1ère serait déraisonnablement contraint de quitter l’école… Cependant, afin d’éviter que cela se produise, l’école avait mis en place une autre règle.

Tout étudiant jugé avoir délibérément répondu aux questions ou avoir manipulé ou abaissé ses notes sera expulsé quelle que soit son année scolaire.

De même, s’il s’avère qu’un tiers a forcé un élève à baisser son score, ledit tiers sera également expulsé de l’école.

Cette règle était probablement un facteur extrêmement indispensable à la légitimation de cet examen spécial. Elle a été conçue pour se protéger contre les comportements déloyaux tels que menacer l’autre partie ou éviter les pots de vins. Il était donc impossible de mal se comporter de manière flagrante pendant l’examen. En un sens, cela signifiait que l’étudiant moyen était plus robustement protégé par les règles.

Cependant, même si la règle était normalement plus que suffisante, elle n’assurait toujours pas grand-chose. Surtout pour l’élève de la White Room. En effet, ce dernier n’avait pas vocation à s’attarder dans cette école de toute façon, donc cette règle n’était pas du tout dissuasive pour lui. Si l’on formait une paire, il finirait sûrement par obtenir un zéro sans la moindre hésitation. En d’autres termes, si je choisissais l’élève de la White Room comme partenaire, c’était fini. Même si l’examen spécial ne faisait que commencer, j’avais déjà au moins 1 chance sur 160 d’être expulsé.

En règle générale, il y avait au moins une règle énonçant quelque chose comme

« si un élève est expulsé de l’école en raison d’un comportement inapproprié, l’autre sera considéré comme ayant réussi l’examen ». Cependant, sur la base de tout ce que j’avais entendu jusqu’à présent, il n’y avait aucun moyen de le garantir.

La raison pour laquelle personne n’avait pris la peine de poser des questions à ce sujet était que tout le monde s’auto persuadait que personne n’allait oser faire quelque chose qui lui faisait risquer l’expulsion. Non, ce n’était pas la seule raison. En fait tout le monde se disait qu’en cas de sabotage, l’école allait s’en charger et que l’autre élève lésé n’aurait rien. Après tout, l’école allait probablement estimer qu’il serait beaucoup trop dur d’expulser un élève qui s’étant simplement laissé prendre par le comportement injuste de son partenaire. Enfin, tant que l’élève victime n’était pas moi… Dans ce cas précis, j’allais probablement devoir quitter l’école sans délai, le directeur me disant que j’aurais été responsable de m’être associé à quelqu’un qui ne prenait pas l’examen au sérieux.

Ce dernier avait mis en place une petite faille dans les règles afin de pouvoir réagir avec souplesse en fonction de l’élève en question. L’image de cet homme, Tsukishiro, me revenait à l’esprit. Je n’avais aucun doute que c’était lui qui avait concocté ces règles. Il n’y avait aucun moyen qu’il ne profite pas de cette opportunité. Si j’étais trop lent à trouver un partenaire, les étudiants réguliers commenceraient à être choisis les uns après les autres et mes chances de finir avec l’élève de la White Room ne pouvaient qu’augmenter.

Il aurait été bon que je puisse agir rapidement et me mettre avec quelqu’un qui ne semble pas venir de la White Room, mais selon l’application OAA, ma note de capacité académique était un C. Je n’avais pas le luxe de pouvoir choisir qui je voulais. Cela dit, même si je voulais choisir quelqu’un avec une note de capacité académique extrêmement faible, ma note C n’allait pas être suffisante pour dissiper leurs inquiétudes concernant l’examen, donc ils ne seraient probablement pas disposés à s’associer avec moi.

Dans ce cas, la conclusion logique était de trouver un partenaire avec une note similaire à la mienne avec lequel je n’aurais aucun problème à faire équipe, mais il était possible que mon adversaire attende déjà à cette position en prévision de cela. Même si nous venions tout juste de connaître les règles, il était déjà clair que cet examen allait être plus difficile que tous les autres examens spéciaux que nous avions passés auparavant.

Horikita — Sensei. Dans quelle mesure les questions d’examen vont- elles être difficiles ?

En levant la main, Horikita posa à Chabashira une question cruciale que la plupart de la classe se posait.

Mlle. Chabashira — Pour vous dire la vérité, l’examen comporte de nombreuses questions extrêmement difficiles. Ce sera certainement l’un des examens les plus difficiles que vous ayez passés jusqu’à présent. Mais… ce n’est le cas que si vous cherchez à obtenir un score élevé. L’examen a été conçu de manière à ce que même les élèves ayant une note de E en aptitudes académiques puissent obtenir au moins 150 points sans aucune préparation préalable. Avec quelques jours de révisions à votre actif, 200 points devraient être plus que faisables. Ce n’est qu’une estimation approximative, mais–

Chabashira interrompit sa phrase en affichant un tableau des scores estimés pour l’examen divisé par note de capacité académique.

Rang E – Entre 150 et 200 points
Rang D – Entre 200 et 250 points
Rang C – Entre 250 et 300 points
Rang B – autour des 350 points
Rang A – autour des 400 points

Mme Chabashira — Si vous étudiez correctement, vous devriez être en mesure d’obtenir un score proche de ceux indiqués ici. Cependant, n’oubliez pas que si vous êtes vaniteux et négligez vos études, vous risquez de vous retrouver avec un score inférieur à celui-ci.

Chabashira disait que nous ne devions pas nous fier aveuglément aux scores montrés sur l’écran.

Mme Chabashira — De plus, comme vous pouvez le voir dans la partie du tableau qui indique que les élèves de catégorie A devraient obtenir environ 400 points au total, il est peu probable que quiconque obtienne plus de 90 points dans chaque matière, et encore moins un score parfait.

C’était probablement ce dont elle parlait quand elle disait que cela allait être l’un des examens les plus ardus que nous ayons passés jusqu’à présent.

Dans tous les cas, cela signifiait simplement que, si deux élèves de catégorie E devaient s’associer, l’élève de 1ère risquait de faire face à une expulsion.

Mme Chabashira — Cela devrait être tout pour la vue d’ensemble de l’examen spécial que vous passerez à la fin du mois. Préparez-vous à vous accrocher et à faire de votre mieux.

À ce stade, Chabashira commença à expliquer la portée des sujets couverts pour chaque matière. Selon elle, revoir les bases de l’année dernière était suffisant.

3

À la pause, de nombreux élèves allèrent inévitablement se rassembler autour de Yôsuke. En voyant cela, Horikita se leva rapidement de son siège et les rejoignit.

Je décidai d’écouter leur conversation également, pour le moment.

Ike — Que dois-je faire, Hirata ? Ma note d’aptitude scolaire est un E ! Je suis foutu !

La tête dans les mains, Ike supplia Yôsuke de l’aider. Ce dernier regarda toute la classe pendant qu’il essayait de calmer Ike.

Hirata — Calmons-nous d’abord, et ensuite nous déciderons de quoi faire.

Horikita — Oui, il n’y a pas besoin de paniquer, pas le moins du monde. Ike — Mais ! !!

Horikita — Pour sûr, ça ne sera pas un examen facile, un élève de rang E en capacité académique devra se mettre avec un 2nde de rang B au minimum. Mais, une fois ça fait, l’examen ne devrait pas être plus compliqué qu’un autre.

Elle fit croire que la condition requise pour surmonter l’examen n’était pas très compliquée, peut-être pour le calmer.

Horikita — De plus, nous avons passé des examens similaires en tant au cours de notre dernière année ici. Si nous coordonnons et étudions du mieux que nous pouvons comme nous l’avons fait dans le passé, les 250 ou 300 points ne seraient absolument pas impossibles pour toi.

Hirata — Oui, c’est exactement comme le dit Horikita-san. Si nous travaillons ensemble, nous devrions tous pouvoir réussir l’examen en toute sécurité.

Yôsuke fit écho au point de vue d’Horikita ainsi les gens autour d’eux commencèrent progressivement à se calmer.

Horikita — L’important dans tout ça c’est qu’on ne s’associe pas avec quelqu’un sans y avoir réfléchi au préalable. Même si vous pensez que c’est urgent, vous ne devez pas précipiter le processus, à moins qu’un élève de 2nde  de rang B ne soit prêt à s’associer avec vous.

Il était vrai qu’en prenant les devants et en s’associant rapidement avec quelqu’un, la décision allait être gravée dans le marbre pour le reste de l’examen. Et ainsi faire tout son possible pour que cette union fasse au moins 500 points.

Horikita — Quant à ceux d’entre vous qui sont rang B+ ou supérieur, j’aimerais que vous examiniez la situation de manière  objective. Il pourrait être important pour nous de réserver un certain nombre de nos élèves les plus qualifiés afin de sauver tout le monde. En tout cas, que vous soyez doué ou non pour les études, si quelque chose se présente, veuillez consulter Hirata-kun ou moi-même.

Horikita ne leur demanda que le strict minimum : éviter de prendre une décision hâtive. Les bons élèves comme Keisei et Mii-chan acquiescèrent sans hésitation, indiquant leur volonté de coopérer. Horikita aurait pu prendre la responsabilité de régler les négociations pour tous les élèves de la classe, mais cela aurait rendu plus difficile le bon déroulement du processus de partenariat. Il y aurait eu beaucoup de concurrence pour chaque partenaire potentiel.

Hirata — Pour l’instant, je vais essayer de négocier avec les élèves de 2nde qui ont rejoint le club de football. Il semble que certains d’entre eux soit bons scolairement, donc je pense que nous pourrions les amener à s’associer avec nous.

Après que Horikita ait fini de parler, Yôsuke lui proposa sa propre idée. C’était une bonne stratégie pour aborder le problème dans un premier temps.

Horikita — Je peux compter sur toi pour ça ? Ce serait rassurant d’avoir ton soutien.

Les activités du club étaient en dehors de la zone d’influence de Horikita. Yôsuke sourit aimablement et hocha la tête.

Horikita — En outre, je pense que nous devrions envisager d’organiser une réunion pour les élèves dont les notes d’aptitude académique sont inférieures à un C-, juste au cas où.

Hirata — C’est une bonne décision. Travaillons ensemble pour aider tout le monde à trouver des partenaires.

Expliquer le plan d’action à l’ensemble de la classe à un stade aussi précoce allait probablement faire toute la différence. Non seulement les élèves les plus faibles allaient recevoir un retour d’informations utile, mais ils allaient également être assurés que personne ne les abandonnerait.

Hirata — Horikita-san, juste une dernière chose. Certains…

Horikita — …Des élèves qui ont des notes supérieures à C ne sont pas très bons en communication. Je suivrai également ceux d’entre nous qui ont du mal à trouver des partenaires pour des raisons autres que des mauvaises notes.

Leurs pensées étaient tellement en phase qu’ils se comprenaient sans même avoir besoin d’en discuter en détail. Il suffisait de quelques mots pour qu’ils soient en parfaite synchronisation l’un avec l’autre.

Hirata — Merci. Ce serait très utile.

Horikita et Yôsuke poursuivirent leur conversation sans le moindre accroc, gérant la situation sous une forme qui les satisfaisait tous deux.

À un moment donné, ils avaient l’habitude de se prendre la tête, mais maintenant ils travaillaient incroyablement bien ensemble. Ce n’était pas seulement que Horikita était devenu plus aimable, la souplesse de pensée de Yôsuke y avait aussi joué un rôle.

Horikita — Au fait, Sudou-kun, qu’en est-il du club de basket ? Quelques élèves de 2nde  ont dû le rejoindre aussi, non ?

Horikita s’enquit de Sudou, qui était totalement dévoué à son club. Cependant, Sudou semblait quelque peu mal à l’aise en détournant le regard.

Sudou — O-oui. Mais… Horikita — Mais… ?

Sudou — Le club a commencé il y a quelques jours et tout, mais, eh bien, on a mis en place un entraînement spartiate… Ou comment dire ? On a été assez durs avec eux, quoi.

Horikita — Tu veux dire que vous les avez intimidés ?

Sudou — Eh bien, je suppose qu’on peut dire ça comme. Le basket peut être assez hardcore hein ?

Le fait est qu’il s’était peut-être déjà mis dans une position où ses élèves de 2nde ne l’aiment pas. Bien sûr, tout cela était dû au fait qu’il prenait le basket très au sérieux. Les élèves de 2nde ont tendance à être très divisés sur les aînés qui sont stricts pendant l’entraînement.

Horikita — Très bien. Concentre-toi sur tes études et ne t’inquiète pas trop pour l’examen spécial.

Sudou — O-ok.

Cela aurait été contre-productif que Sudou fasse n’importe quoi, aussi Horikita l’avait-elle fermement averti de se concentrer plutôt sur autre chose.

4

Plus tard, pendant la pause déjeuner, Horikita m’appela dans le couloir après avoir fini de manger.

Horikita — Je veux te parler de quelque chose, mais notre salle de classe n’était pas un lieu propice. En parlant ici, nous saurons si quelqu’un nous écoute.

Moi — Alors ? Ça a un rapport avec le nouvel examen spécial ?

Horikita — Oui. Chabashira-sensei a dit que ce nouvel examen spécial sera considérablement difficile. Il sera problématique pour les élèves les plus faibles scolairement, mais c’est un cadre idéal pour notre compétition.

Elle devait avoir l’intention de régler d’abord nos affaires personnelles, alors elle commença par ça.

Pendant les vacances de printemps, Horikita et moi nous étions promis quelque chose. À savoir, nous affronter pour voir qui allait avoir la meilleure note dans une matière d’un examen écrit. Si je gagnais, Horikita rejoignait le Conseil des élèves, et si elle gagnait, je devais utiliser sans réserve les capacités que j’avais cachées l’année dernière pour le bien de notre classe. Ils avaient annoncé que même les élèves ayant un A en capacité académique auraient du mal à obtenir plus de 90 points. Avec un examen aussi difficile, nous n’allions vraisemblablement pas finir sur un match-nul.

Horikita — Je suppose que tu es d’accord ?

Elle voulait confirmer que je n’avais pas d’objection à régler ça avec le prochain examen écrit.

Moi — Bien sûr.

Comme il ne servait à rien de faire traîner les choses plus longtemps, j’étais naturellement d’accord avec elle.

Horikita — C’est très bien. Alors, passons au sujet suivant.

Satisfaite de la réaffirmation de notre accord, elle sortit son téléphone. Puis, elle lança l’application OAA que nous avions installée juste ce matin.

Horikita — J’ai regardé le nombre d’élèves de 2nde ayant une note d’aptitude académique égale ou supérieure à B. Il y en a 17 en classe A, 13 en B, 13 en C, et 11 en D.

54 au total. Un pourcentage raisonnable, pouvait-on dire.

Horikita — Il y a 4 élèves dans notre classe qui sont de rang E en capacité académique. Cela fait 12 si tu inclus ceux qui sont de rang D. Il devrait y avoir plus qu’assez de puissance de feu disponible parmi tous les étudiants de 2nde pour les couvrir.

Moi — La question est alors de savoir combien de top étudiants de 2nde nous pouvons attirer de notre côté ?

Même s’ils étaient 54, ils étaient sûrement très convoités. La moindre ouverture pouvait conduire à ce qu’ils nous soient tous arrachés.

Oui. La classe qui se retrouverait avec le plus grand nombre de ces 54 élèves allait naturellement avoir un avantage. Et inversement pour la classe ayant une majorité d’élèves de 2nde de rang D+ ou moins.

L’application qu’ils venaient de nous présenter était bourrée de fonctionnalités extrêmement utiles. La classe qui allait le mieux l’utiliser allait probablement avoir les meilleures chances de l’emporter.

Sakayanagi-san, Ryuuen-kun, et même Ichinose-san. Il y avait des chances qu’ils fassent tous leur premier pas aujourd’hui…De tous les leaders, Sakayanagi, de la classe A, allait probablement ne pas perdre une seconde.

Grâce au fait que sa classe détienne peu d’étudiants qui n’ont pas confiance en leurs capacités académiques, la seule chose qu’elle avait à faire était d’attirer les étudiants de 2nde les plus intelligents de son côté. La stabilité globale de la classe A était facile à voir d’un simple coup d’œil à l’application, même pour les nouveaux élèves. S’ils travaillaient ensemble, ils pouvaient récolter toutes les récompenses des meilleurs élèves.

En attendant, ce n’était tout simplement pas une option que nous avions à notre disposition.

Moi — D’abord et avant tout, nous devons aider en priorité nos camarades étant de rang D ou E à être jumelés avec des étudiants de rang supérieur.

Horikita hocha légèrement la tête en signe d’accord.

Horikita — Je ne dirais pas que c’est parfait ou quoi que ce soit, mais j’ai essayé de faire une liste de ceux pour qui nous devrions trouver des partenaires en priorité. Quoi qu’il en soit, je pense que nous devons commencer par nous occuper de Sudou-kun.

Moi — Attends.  Il  est  vrai  que  Sudou  est  de  rang  E  en  capaci- té académique, mais est-ce vraiment le cas ?

Les notes de Sudou étaient si épouvantables lorsqu’il s’était inscrit ici qu’il avait reçu un E en conséquence. Cependant, dans la seconde moitié de sa 2nde , ses performances académiques ont lentement commencé à s’améliorer. En d’autres termes, ses capacités actuelles étaient probablement meilleures que celles que l’école lui avait attribuées.

Horikita — C’est vrai… Il a certainement grandi à pas de géant par rapport à ce qu’il était avant. Même pendant les vacances de printemps, il avait passé son temps à étudier afin de rattraper ce qu’il avait manqué plus tôt dans l’année.

Moi — Tu lui a donné des cours particuliers pendant tout ce temps ?

Horikita — Bien sûr que non. Je n’ai pas le temps de lui tenir compagnie tous les jours. Il a déjà appris à étudier tout seul dans une certaine mesure. J’ai juste vérifié ses progrès de temps en temps et je lui ai donné un retour sur ce qu’il faisait.

Moi — Ho… ?

Je pensais que Sudou n’étudiait que pour Horikita, mais c’était un développement honnêtement admirable.

Horikita — Pour être honnête, Sudou-kun se situe à un niveau légèrement supérieur… Quand je le compare aux autres étudiants, j’ai l’impression qu’il se situe entre un D et un D+.

Bien sûr, ce n’était rien de plus qu’une spéculation optimiste. Cependant, pour quelqu’un qui savait à quel point Sudou était il y a un an, il avait effectivement beaucoup mûri.

Moi — Si je ne me trompe pas, Sudou avait l’habitude de paniquer beaucoup plus lorsqu’il entendait parler d’un nouvel examen spécial. Je m’attendais à ce qu’il soit bouleversé cette fois-ci, mais il était plutôt posé.

Mais là encore, il avait fait tout un plat de sa défaite contre Kôenji dans la catégorie Contribution sociale.

Moi — Tu penses que ses notes d’aptitude académique sont supérieures à un D, et pourtant tu l’as placé au-dessus d’Ike en priorité sur ta liste ?

Horikita — Sa personnalité et son apparence extérieure ont eu un grand rôle à jouer à cet égard. Ce qu’il a dit ce matin sur la façon dont il est autoritaire avec les nouveaux dans le club de basket y est aussi pour quelque chose.

Apparemment, il semblait qu’elle n’était pas partiale envers Sudou après tout. Elle était parvenue à cette conclusion après avoir analysé correctement tous les facteurs.

Horikita — Si tu étais un étudiant de 2nde qui ne connaissait rien des étudiants de 1ère… Avec qui trouverais-tu plus facile de faire équipe, Ike- kun ou Sudou-kun ? Considérant qu’en apparence, ils ont tous deux la même note.

Moi — Eh bien, je dirais Ike.

La combinaison de la grande stature de Sudou, de ses cheveux roux et du ton dur de sa voix dégageait une impression terrifiante. Si je devais me mettre en duo avec quelqu’un de son niveau académique, je préférerais aller avec Ike, qui a l’air tout de même plus accessible.

Horikita — Sans parler de trouver un partenaire qui compenserait son manque de compétences académiques, il serait probablement difficile de lui trouver un partenaire volontaire en premier lieu.

C’était la raison exacte pour laquelle elle l’avait choisi comme l’élève pour lequel elle voulait tout régler en premier.

Moi — J’ai compris. Si possible, nous voulons qu’il soit jumelé avec un étudiant de 2nde étant de rang B- en capacité académique, non ?

Horikita — Oui. Je pense qu’il va s’en sortir comme ça. J’aimerais qu’on s’y mette dès que possible, alors tu veux bien m’aider ?

Moi — Aider ? Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit que je puisse faire.

Horikita — Reste juste à mes côtés et dis-moi ce que tu penses. Avoir quelqu’un en qui je peux avoir confiance près de moi serait génial.

Moi — Donc, tu dis que tu me fais confiance ?

Horikita — J’ai plus confiance en toi qu’en nos camarades qui agissent bizarrement.

De la façon dont elle le formula, je ne pouvais pas dire si elle me faisait confiance ou pas…

Horikita — Ou peut-être qu’en perdant ne serait-ce qu’une minute à tes études, tu as peur de perdre ton match contre moi ?

Sa provocation était plutôt contre-productive. C’était comme si elle m’avait donné une excuse parfaite pour éviter de l’aider. Tout ce que j’avais à faire était de dire que j’étais inquiet et d’étudier dans ma chambre.

Moi — Je suis très inquiet-…

Au moment où j’allais profiter avec reconnaissance de cette excuse, mon téléphone portable vibra. C’était parce que Ichinose Honami, le leader de la 1ère B, avait posté un message dans le chat global que l’école avait mis à notre disposition dans l’application. Le message était le suivant─

Ichinose : J’ai reçu la permission d’organiser une rencontre avec les élèves de 2nde et de 1ère dans le gymnase aujourd’hui, de 16h00 à 17h00. Si vous avez le temps, n’hésitez pas à vous joindre à nous !

Ce message était sans aucun doute une bouée de sauvetage pour les étudiants qui s’étaient creusé la tête pour savoir comment entrer en contact avec les 2nde.

Horikita — Comme on l’attendait d’Ichinose-san. Elle agit en tenant compte de tout le monde, pas seulement de sa propre classe.

Bien que l’on ne sache pas exactement combien d’étudiants allaient être présents, on pouvait supposer que la participation allait être bonne. Il était plus que possible que certaines personnes forment même leur équipe sur place. Cependant, au lieu de la joie, un soupçon de frustration se lisait sur le visage de Horikita. Peut-être avait-elle prévu une stratégie similaire.

Moi — Qu’est-ce qui  ne va pas ? L’examen spécial vient juste  de commencer, tu sais.

Horikita — Oui, tu as raison. Il semblerait que notre premier objectif du jour a été décidé à notre insu.

Elle parlait de notre participation à la réunion après les cours. Et avant même de le savoir, j’ai été enrôlé afin de l’aider. Enfin, à la limite pourquoi ne pas l’accompagner ? On aurait dit qu’Horikita savait exactement ce que je pensais, car elle me regarda dans les yeux comme si elle me testait.

Moi — D’accord, j’y vais.

Horikita — Oh ? Tu vas vraiment me donner un coup de main ? Je pensais que tu m’évitais ces derniers temps, mais… tu es devenu terriblement coopératif, n’est-ce pas ?

S’imposer ainsi effrontément à moi alors qu’elle savait que je l’évitais, c’était vraiment un exploit.

Moi — Je pensais juste regarder de plus près et voir quel genre de stratégie tu avais trouvé.

Horikita — Je vois. C’était prématuré de ma part de dire que tu étais coopératif.

Malgré tout, Horikita semblait vouloir accepter cela, relativement satisfaite de ma venue comme compromis. Mais tout cela n’était que façade, puisqu’il s’agissait d’un examen où je n’avais d’autre choix que d’agir moi-même pour survivre. Agir ensemble avec Horikita rendait simplement un tas de choses plus faciles.

Horikita — Dans ce cas, tu peux considérer ce que je vais dire comme si je me parlais à moi-même. S’il est vrai que notre objectif premier ici est de faire passer la ligne d’arrivée à des élèves comme Sudou-kun et Ike- kun, la compétition entre élèves exceptionnels est l’un des principes fondamentaux de cet examen spécial. Donc, naturellement, nous devons faire très attention aux mouvements de Ryuuen-kun et de Sakayanagi- san… C’est-à-dire que nous devons faire très attention à leurs stratégies.

Bien que ce qu’elle disait soit évident, la Horikita du passé n’aurait pas réfléchi jusqu’à ce point. Elle se serait uniquement concentrée pour aider Sudou et le reste de sa classe à survivre, négligeant les stratégies de ses ennemis. Cette fois, cependant, elle se montrait très prudente dès le départ.

Horikita — Bien sûr, à ce stade, il n’y a aucun moyen de savoir quel genre de tours ces deux-là vont jouer. Cela dit, je pense que les points privés joueront un rôle clé dans leurs stratégies.

Des points privés, ou en d’autres termes, de l’argent. Horikita pensait que, dans cette école, le pouvoir des points privés parlait de lui-même. Pour l’instant, il n’y avait pas d’affinités entre les étudiants de 2nde et 1ère. Cela signifiait que l’utilisation des points privés allait être le meilleur moyen de régler rapidement les discussions avec eux.

Horikita — Je ne sais pas quel est le pouvoir financier des classes A et C en ce moment, mais si cela se transforme en une compétition pour les excellents élèves, ils pourraient très bien adopter la stratégie de les acheter purement et simplement.

Moi — Exact. Les points privés seront la chose la plus facile à comprendre pour les 2nde.

N’importe qui pouvait comprendre le processus consistant à prendre des points privés et à les échanger contre l’aide d’étudiants ayant des compétences scolaires. Cependant, utiliser de manière irresponsable un tas d’argent pour mener cette bataille risquait de vider les caisses assez vite. C’était particulièrement vrai pour nous, la classe D, dont la situation financière était morose depuis un an. Il était incroyablement évident que la quantité de points privés que nous avions, notre puissance financière, était significativement inférieure à celle des autres classes.

Moi — Dans des circonstances normales, nous devrions investir nos fonds pour assurer un nombre fixe d’étudiants pour nous aussi.

Si j’avais dit cela, c’était parce que, fondamentalement, la seule façon de combattre l’argent, c’est avec plus d’argent. Nous devions jouer le jeu de l’argent, en nous demandant qui pouvait investir le plus.

Cependant, Horikita semblait frustrée par le message posté par Ichinose dans le chat global plus tôt. Ce qui signifiait…

Horikita — Commençons par repérer le lieu de la rencontre. Je peux agir si l’occasion se présente, mais je n’ai pas l’intention de précipiter les choses. Tu es d’accord avec ça ?

Il semblait qu’elle n’avait pas encore décidé de la marche à suivre elle-même, car elle n’avait rien dit de plus.

Horikita — Au fait, Ayanokôji-kun. Puis-je supposer sans risque que tu te trouveras un partenaire tout seul ?

Moi — M’en trouverais-tu un si je te le demandais ?

Horikita — Objectivement parlant, ton rang d’aptitude académique est un C, donc la personne avec laquelle tu devras t’associer n’a pratiquement aucune importance. Cela devrait être assez facile pour moi de m’en occuper pendant que j’y suis, cependant.

Moi — Eh bien, je te contacterai si j’ai des problèmes.

Si un élève de 2nde décidait de se mettre en duo avec Horikita ou Yôsuke, je pouvais exclure la possibilité qu’ils soient de la White Room. Il ne me serait pas impossible de les joindre juste avant que le jumelage ne soit finalisé et d’échanger ma place avec eux. Cependant, si mon adversaire était au courant de tout cela à l’avance, il était également possible qu’il prédise que je choisirais de faire cela en cas de difficulté. Étant donné que je devais faire attention à ce qu’ils ne me déjouent pas, je n’étais donc jamais à l’abri. De plus, l’étudiant de 2nde qui a décidé de se mettre en duo avec Horikita ou Yôsuke ne serait pas très heureux de me voir les remplacer, donc il n’accepterait probablement pas non plus ce changement très facilement.

Horikita — Il vaudrait mieux que tu ne prennes pas trop ton temps avec ça. Ce n’est pas comme s’il n’y avait rien à craindre. La pénalité de 5% pour avoir manqué de temps sera cher payé.

Moi — C’est vrai.

Bien que je n’eusse pas l’intention de m’éterniser dans la phase de recherche, je m’inquiétais surtout de la personne qui venait de la White Room. Il ne faisait aucun doute pour moi qu’elle s’était fondue dans la masse des élèves de 2nde.

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