« Comment ça, les tribulations de Lith affectent aussi Solus ? » demanda Faluel.
« C’est encore une théorie sans fondement, alors je ne veux pas te donner de faux espoirs. De plus, pour la partager avec toi, je serais obligé de violer son intimité et de révéler certains des secrets que Lith garde pour lui. » dit Leegaain.
« Alors je ne veux pas savoir. » La curiosité de Faluel était forte, mais pas assez pour trahir la confiance de ses disciples. ” Tu rentres directement chez toi ou tu restes pour le thé ? “.
« Ni l’un ni l’autre. Nous allons au centre de villégiature du Griffon volant pour récupérer mes échantillons de sang. Je jure que si je reçois encore un fichu cigare ou un ruban bleu, je mènerai une guerre si sanglante que les morts-vivants seront obligés de migrer à nouveau ! »
« Je suis désolé, mais je ne peux pas quitter Lutia. » Faluel secoua la tête. « J’ai promis à Lith de protéger le village et je ne le laisserai pas tomber une nouvelle fois ».
« C’est absurde ! Personne de sa famille n’est ici pour le moment, il n’y a donc personne à protéger. Au contraire, si tu me suis au Griffon volant, tu pourras garder un œil sur Elina, Raaz et Rena tout en profitant de belles vacances. C’est moi qui offre. »
Leegaain avait besoin que Faluel le présente, sinon il ne pourrait jamais approcher les parents de Lith sans que le Corps de la Reine ne lui botte le c*l écailleux en prison, et encore moins leur demander un échantillon de leur sang.
Il pourrait facilement repousser le service de sécurité et prendre ce qu’il veut par la force, mais cela reviendrait à fâcher à nouveau Lith et peut-être à déclencher encore plus Tyris. Elle était déjà en colère contre Leegaain et attaquer son peuple sur son propre territoire aurait fait passer la transgression de Fenagar pour une plaisanterie entre amis.
« Je suis désolée mais non. Selia est encore ici avec ma filleule Fenrir et je ne risquerai pas leurs vies ni la sécurité de Lutia pour toi. Tout ce que possèdent les parents de Lith est ici. Si le village est réduit à un cratère, tous mes disciples et leurs familles en pâtiront. »
” Très bien, je vais te fournir une excellente doublure pour apaiser tes inquiétudes. ” Leegaain soupira tout en activant son lien mental. « Je ne t’ai jamais pris pour une telle mère poule. Vous, les Hydres, vous avez trop pris à mon côté de la famille. »
« Je prendrai ça comme un compliment. » Faluel dit avec un hochement de tête reconnaissant.
« Qu’est-ce que tu fais sur le territoire de Tyris, vieux lézard ? J’espère que tous les deux, vous ne vous amusez pas sans moi.” Salaark détourna le regard de la montagne de paperasse devant elle et se tourna vers le Royaume, où le lien épinglait Leegaain.
C’était encore l’aube dans le Désert et elle passait généralement le temps jusqu’à midi à s’occuper de ses devoirs de suzeraine, pourtant Salaark les repousserait volontiers pour une fête des Gardiens.
« Nous n’oserions pas. Je m’efforce simplement de faire taire ces rumeurs selon lesquelles Lith serait un dragon. J’ai besoin de quelqu’un pour garder un œil sur Lutia pendant l’absence de ma petite-fille, sinon elle ne quittera pas son repaire. Sans son aide, je n’ai aucune chance de réussir ». Il répondit.
« Tu as des centaines d’enfants puissants et la plupart d’entre eux t’aiment. Pourquoi as-tu besoin du mien ? »
« Parce que j’essaie de dissiper les rumeurs, pas de les confirmer. Si quelques Dragons se mettent à assurer la sécurité de la famille de Lith, même Résonance du Sang ne parviendra jamais à convaincre le Conseil que nous ne sommes pas liés. » dit Leegaain.
« C’est vrai, mais qu’est-ce que j’y gagne ? » dit-elle, espérant obtenir quelque chose de juteux en retour.
« Je ne sais pas, peut-être que je pourrais te donner les informations sur ce temple perdu dont tu m’as parlé au lieu qu’elles se perdent négligemment dans le courrier. Ou alors, si tu ne m’aides pas, la prochaine fois que tu me demanderas de créer un sort pour toi, je pourrais mettre ta demande en bas de ma liste de choses à faire par erreur. » Leegaain grogna.
Même pour un Gardien, une journée ne compterait toujours que 24 heures. Salaark passait ses matinées à nourrir son peuple, ses après-midi à faire des recherches sur les techniques de Forgemastering et à pratiquer les arts martiaux, et ses nuits à traîner avec ses amis, sa progéniture ou ses amants.
Voir son empire prospérer, fournir à des gens talentueux les connaissances et l’équipement dont ils ont besoin tout en ne perdant jamais le contact avec ceux qu’elle aimait, tout cela n’avait pas de prix pour Salaark.
Pour tout le reste, il y avait Leegaain.
Le père de tous les dragons n’avait besoin que d’être orienté vers une piste de recherche intéressante pour disparaître pendant des jours dans son laboratoire jusqu’à ce qu’il obtienne la réponse. Il était devenu le Seigneur de la Sagesse grâce à sa nature renfermée, tout comme Salaark était le Seigneur de la Guerre en raison du temps qu’elle avait passé dans de véritables combats.
Les gardiens avaient une relation symbiotique qui leur permettait de s’occuper de tout dans le temps dont ils disposaient. Leegaain était l’homme de la situation lorsque vous aviez besoin de connaissances, tout comme Salaark était chargé des grands coups de pied au c*l.
« Très bien, j’enverrai l’un des membres de mon nid, mais si cela déclenche de nouvelles rumeurs qui prétendent que je suis la mère, alors tu devras expliquer à Tyris pourquoi j’ai arraché Lith pour mon Désert. » Salaark dit avec un sourire en coin opportuniste qui fit frissonner Leegaain.
Pourtant, elle savait déjà qu’elle n’avait aucun lien de sang avec Lith. Aucun de ses enfants n’avait jamais renoncé à sa nature de Phénix et ses parents étaient des humains normaux.
Quelques minutes après la fin de l’appel, quelqu’un frappa à la porte de Faluel.
« Désolé d’être en retard mais se déplacer sans Warp rend tout lent ». L’homme qui se trouvait devant Faluel avait l’air d’avoir une trentaine d’années, il mesurait environ 1,9 mètre et avait des cheveux noirs et une courte barbe.
Il avait des yeux vert émeraude et la peau bronze clair typique du désert de sang. Il portait une ample robe blanche, un manteau rouge et un petit turban blanc avec un rubis en forme de phénix au milieu.
En plus de cela, depuis son arrivée, le soleil semblait s’être réchauffé tandis que les ombres des bois semblaient s’être refroidies.
« Qui es-tu censé être ? » Demanda-t-elle.
« On dirait que j’ai laissé mes manières à la maison dans la précipitation. Je m’appelle Crevan Gershal, à votre service. » Il lui fit une profonde révérence, faisant passer son statut de seigneur de la région et d’hôte avant son ancienneté.
« Désolé, grand-père. Je ne peux pas partir comme ça. Il est bon, mais pas assez. » Faluel secoua la tête.
« Je te demande pardon ? » Crevan se sentit insulté par ces mots. « Je suis un membre à part entière du nid. Cela signifie que j’ai un noyau violet brillant, plus de mille ans d’expérience au combat, et un équipement forgé par ma mère. Comment pourrais-je ne pas être assez bon ? »
« Peux-tu affronter un cavalier tout seul ? »
« Bien sûr que je peux. Je- »
« Tout en protégeant un village entier, ses habitants et les familles de mes apprentis ? Si Nuit revient avec une autre armée, comment les arrêter tous en même temps ?” Faluel lui coupa la parole.
