Traducteur : Ych
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La marquise garda son sang-froid malgré les menaces de Lith et lui fit entendre raison.
‘Comment est-elle au courant de notre conversation avec la reine ? N’est-elle pas qu’une simple marquise ?’ Alors que Lith sombrait dans la fureur, Solus cherchait le réconfort dans la froide logique.
Pourtant, elle ne s’en sortait pas mieux, car son cerveau refusait de trouver des réponses. Elle détestait sa propre incapacité à fermer les yeux sur l’horreur qui les entourait et ses sens qui captaient le moindre détail des blessures sur le corps de Lark.
Solus aurait voulu pleurer, mais elle n’avait pas de larmes. Solus aurait voulu crier, mais elle n’avait pas de bouche. Le seul moyen qu’elle avait d’exprimer ses sentiments était par l’intermédiaire de Lith, mais il était déjà accablé de plus qu’il ne pouvait en supporter.
« Je suis vraiment désolée, Lith, mais il n’y a qu’un nombre limité d’armures de la Forteresse royale et tu n’as aucune idée du nombre de ces cartes que nous avons reçues. » Mirim lui montra la sienne ainsi qu’une liste contenant plusieurs noms.
« Les détails étaient parfaits, les renforts sont arrivés à peine une minute après la percée des réseaux, et pourtant ce n’était pas suffisant. Si tu veux blâmer quelqu’un, blâme-moi, mais sache que j’ai fait tout ce que j’ai pu pour mettre Lark en sécurité, comme je l’ai toujours fait pour ta famille. »
Lith ne pouvait pas réfuter ses paroles. Pendant longtemps, une seule unité du corps de la reine avait été affectée à toute sa famille et il lui avait fallu des années pour fortifier sa maison avec des réseaux adéquats.
Pourtant, la logique ne soulageait pas une once de son chagrin.
« Si je peux faire quoi que ce soit pour toi, dis-le moi ». La marquise tenta de lui toucher l’épaule, mais Lith repoussa sa main.
« Je veux retrouver Lark ou au moins savoir qui je dois tuer ! Donne-moi un nom ! » Lith serra les poings tandis que ses yeux se transformaient en bûchers de mana bleu-violet dont les rafales d’énergie s’élevaient de plusieurs mètres dans les airs avant de s’éteindre.
Solus faisait de son mieux pour empêcher son aura de se manifester, mais il y avait des limites à ce qu’elle pouvait faire, même avec l’aide des deux anneaux d’occultation. Des étincelles d’éclairs l’entourèrent et des nuages commencèrent à se rassembler.
Un grondement sourd se répandit sur le sol, augmentant d’intensité de seconde en seconde et faisant croire aux gardes qu’une seconde attaque se préparait.
‘Calme-toi, Lith ! Si tu libères ton aura, tout le monde saura que tu es un Éveillé.’ dit Solus. ‘Nous devons rentrer chez nous avant que les anneaux d’occultation ne se brisent. Tu les pousses trop loin !’
‘Je demande une permission urgente.’ Kamila dit après que ses efforts pour l’apaiser aient également échoué. « L’archimage Verhen doit rentrer chez lui et ne peut pas rester seul dans un tel état. Il serait une menace pour lui-même et pour les autres. »
« D’accord. » Jirni a dit tout en organisant un portail d’urgence. « Pour aller où ? »
« Belius. » dit Kamila.
‘C’est quoi ce bordel?’ pense Solus. ‘Je voulais dire Lutia ! Lith a besoin de sa famille.’
Deux gardes royaux ont levé les mains, ressemblant à des griffons cabrés, et le portail est apparu entre eux. Kamila a rapidement traîné Lith à travers, ordonnant au greffier de l’autre côté d’ouvrir un autre Warp qui mènerait près de son appartement.
Solus était encore en train de maudire la prétendue stupidité de Kamila quand soudain la pression qu’elle et les anneaux subissaient chuta, permettant à leur capacité d’autoréparation de réparer les fissures avant qu’il ne soit trop tard.
‘ Merci mon Dieu’. Kamila pensa en regardant les flammes dans ses yeux disparaître. Lith dit toujours qu’être sous tant de réseaux de scellement élémentaires lui donne l’impression d’être sous une couverture mouillée. Une couverture humide alimentée par une ville entière.
Cela devrait suffire à supprimer ses pouvoirs avant qu’il n’en perde le contrôle ou qu’il ne perde ses forces vitales, comme cela s’est produit à Jiera.
‘Je n’aime pas l’admettre, mais c’était une décision très intelligente. ‘Solus pensa une fois qu’elle se fut suffisamment calmée pour comprendre ce qui s’était passé.
Kamila entraîna Lith dans leur appartement, verrouilla la porte à triple tour et activa tous les systèmes de sécurité pour que rien ne puisse entrer et qu’ils puissent se rendre n’importe où en cas d’urgence.
C’était suffisant pour calmer même la paranoïa de Lith et l’espace familier chassa de ses yeux les images des ruines du Manoir de Lark, lui permettant enfin de recommencer à respirer.
Kamila força Lith à s’asseoir sur son canapé préféré, puis elle resta à côté de lui, lui tenant la main pendant plusieurs minutes avant que le calme et les réseaux ne lui permettent de parler à nouveau.
« Merci, Kami. Si j’étais resté là une minute de plus, je serais devenu fou. » Il dit tout en luttant encore contre ses sentiments, pour les garder sous contrôle.
« Ne le mentionne pas. Est-ce que je peux te laisser seul ici une seconde et faire du thé ou veux-tu que je reste ? » Elle demande.
« Je ne vais pas m’effondrer. Plus maintenant. » dit Lith en lui lâchant la main.
« Je ne peux pas rester pour la nuit non plus, cependant. Je dois retourner à Lutia et m’assurer que ma famille va bien. » Il a ajouté à la suite de Solus, craignant qu’il ne leur arrive quelque chose à eux aussi.
« Ce n’est pas nécessaire. » Kamila secoua la tête. ” Jirni a envoyé des gardes royaux chez toi et j’ai déjà reçu leur rapport. Tout va bien. »
Elle lui tendit son amulette de l’armée où une nouvelle mise à jour du statut des gardes apparaissait toutes les cinq minutes et elles étaient toutes vertes.
« Cela dit, je ne te laisserai pas franchir cette porte à moins qu’il n’y ait une urgence. Ce soir, c’est ta maison. » dit Kamila.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Lith était encore sous le choc mais il savait que ça ne lui ressemblait pas d’être aussi insensible.
« Si tu vas à Lutia maintenant, tu seras obligé de réprimer tes sentiments et d’agir avec force pour rassurer ta famille, en t’inquiétant pour eux plutôt que pour toi. Je veux que tu restes ici, où tu pourras ouvertement faire le deuil de Lark sans t’inquiéter.
« Si tu gardes tes émotions enfermées trop longtemps, elles laisseront une cicatrice qui ne guérira jamais et tu en as déjà trop. » Kamila dépose devant lui une tasse de thé fumante ainsi que quelques biscuits avant de s’asseoir à nouveau à côté de Lith.
« Tout va bien et nous sommes en sécurité ici. » Elle dit en posant son amulette là où il pouvait voir la dernière notification verte. « Il n’y a plus que toi et moi maintenant. Tu peux crier et pleurer autant que tu veux. »
Kamila n’a jamais lâché sa main ni touché à sa tasse alors que les nouvelles notifications s’accumulaient. Elles sont restées assises en silence, sans même bouger tandis que le thé refroidissait.
Sa tendresse émut Solus, qui se mit à pleurer car elle pouvait enfin laisser libre cours à ses sentiments sans craindre qu’ils aient un impact négatif sur Lith. Elle sanglota, pleurant à la fois sa perte et la réalisation qu’elle était trop proche de Lith pour lui offrir l’aide dont il avait besoin dans des moments pareils.
Lorsque Lith prit soudain Kamila dans ses bras et se mit à pleurer lui aussi, elle fut stupéfaite. D’habitude, il lui fallait des jours pour manifester la moindre émotion aux autres.
Loin de la scène du massacre, loin du fardeau que représentait le fait de s’occuper du chagrin des autres, tous les bons souvenirs que Lith avait avec Lark inondèrent son esprit, lui faisant réaliser que le comte n’était plus là et qu’ils ne se parleraient plus jamais.
Non c’est trop triste… Tellement hâte que Lith détruise le meurtrier…