Traducteur: TheCounterspell
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Le lendemain, après le petit-déjeuner, Lith pu constater que les gens le regardaient avec des yeux étonnés. Il ne savait pas si cela dépendait de son nouveau jeu d’anneaux et de l’amulette en évidence, par-dessus la chemise. Après tout, seul l’utilisateur connaissait sa qualité, elles se ressemblaient toutes.
Une autre possibilité était que la nouvelle de la classe de Maître guérisseur avait commencé à se répandre. Quoi qu’il en soit, il s’en fichait. Lith se contenta de faire un signe de la main à ceux qui le fixaient trop longtemps, leur faisant un doigt d’honneur et les obligeant à se retourner.
La première leçon serait à nouveau avec le professeur Trasque, cette fois dans la salle d’entraînement de Théorie de la Magie de Combat. Alors que tous les autres étaient à pied, vérifiant la carte de temps en temps, Lith s’envola directement à destination, arrivant plusieurs minutes en avance.
Il a passé ce temps avec Solus, revoyant tous les plans d’urgence qu’ils avaient préparés contre l’effet abrutissant du professeur Nalear.
Grâce à Soluspedia, il n’avait plus besoin de lire et d’apprendre par cœur ce qui était requis pour chaque leçon, mais il devait encore pratiquer les accents et les signes de la main.
Savoir n’est pas faire. Pourtant, Soluspedia lui avait donné beaucoup de temps libre, comparé à ses pairs, et il avait utilisé ce temps pour se préparer au pire.
Lith n’avait aucune idée si son nouveau corps était tellement pire que l’ancien au niveau des hormones, ou si son problème était psychologique.
Peut-être était-il si peu habitué à des sentiments positifs forts, que le premier coup de foudre inattendu avait pu le prendre au dépourvu. Toutes les bonnes choses qui lui étaient arrivées dans sa vie, il les avait obtenues par des efforts et un travail acharné.
Il n’était pas habitué à ce que les choses aillent bien juste à cause de la chance. Lith a eu besoin d’années de soins constants et d’affection, avant d’accepter que sa nouvelle famille soit composée de bonnes personnes.
Et maintenant, sans crier gare, il avait des sentiments si forts pour une parfaite inconnue, que le simple fait de penser à elle le faisait se sentir tout chaud à l’intérieur.
– « Si la seule idée de regarder dans ces yeux, d’un vert vif comme une forêt luxuriante au printemps, sous le soleil de midi, me fait défaillir les genoux et m’assèche la bouche, je suis effrayé par ce que la vraie chose pourrait faire. »pensa Lith.
« Complètement d’accord. » Ricana Solus. « Ça ne fait qu’empirer, il ne te reste plus que quelques mauvaises rimes pour lui écrire un poème. »
« Oui. » Soupira Lith intérieurement. « L’avantage, c’est que si je ne pense pas à elle, je suis capable d’être moi-même. Je dois éviter de devenir un fou furieux si elle s’approche de moi. Solus, je compte sur toi au cas où les choses se gâteraient. Fais de ton mieux. » –
La salle d’entraînement était encore plus grande que la cantine. L’espace à l’intérieur était complètement vide, à l’exception d’anneaux circulaires d’un diamètre de dix mètres, régulièrement espacés entre eux et répartis dans toute la pièce.
Le train de pensées de Lith ne fut interrompu que lorsqu’il vit arriver le professeur Trasque, suivi du directeur Linjos. Après l’arrivée de tous les élèves, Linjos les fit s’asseoir par terre. Il avait quelque chose à dire.
« Si l’un d’entre vous se demande pourquoi Dame Hestia, Dame Vark et Dame Carn n’ont assisté à aucune des leçons d’hier, la réponse est qu’elles étaient occupées à faire leurs bagages. En fait, elles ont été expulsées de cette académie de façon déshonorante.
Les terribles événements qui se sont déroulés hier, ont été ajoutés à leurs dossiers personnels. Ils peuvent postuler dans d’autres académies, mais je doute que quiconque leur accorde ne serait-ce qu’une admission probatoire.
Je ne vous dis pas ça parce que je veux vous menacer. Je veux juste que vous réalisiez que vos actions ont des conséquences. La vie n’est pas un jeu, il n’y a pas de retour en arrière. Plus important encore, je veux que vous réfléchissiez à la société dans laquelle vous voulez vivre.
Est-ce que l’un d’entre vous sait que, bien qu’au début de chaque année, six étudiants sur dix appartiennent à de grandes familles nobles, sept sur dix de ceux qui réussissent à obtenir leur diplôme ne sont que des roturiers, des marchands et des petits nobles ?
Et pourquoi cela ? Parce que pendant que les nobles perdent leur temps à harceler les autres, pensant que leur nom de famille résoudra toujours tous les problèmes, les autres travaillent dur, sachant combien la magie est importante. Ils n’ont pas le luxe d’une seconde chance.
Si un noble échoue, il retourne simplement dans son beau manoir, sa vie entière est encore planifiée pour lui. Ceux qui réussissent, au contraire, ont trop à perdre, et leur motivation les maintient concentrés. La plupart du temps, une grande partie de cette motivation est la vengeance.
Réalisez-vous combien de mages ont détruit des familles nobles entières à cause de rancunes passées ? Voulez-vous vraiment vivre dans un monde où les roturiers tremblent de peur devant les nobles, tandis que les nobles craignent à leur tour les mages ?
C’est à cause de cette moralité défectueuse que notre royaume sombre lentement dans le chaos. Les règles de l’académie ne protègent pas seulement les roturiers de vous, elles vous protègent aussi des mages de demain.
La loi du plus fort est un jeu amusant, jusqu’à ce que vous trouviez quelqu’un de plus fort que vous. Alors, ça devient un cauchemar, où vous pouvez tout perdre sur un caprice de votre supérieur. La loi est un bouclier pour défendre les faibles, pas une épée pour menacer la vie des autres.
J’espère que vous prendrez tous mes mots à cœur. Merci pour votre temps. »
Dès que le directeur a quitté la pièce, l’air s’est rempli de commentaires sur la nouvelle. Cela faisait des années que quelqu’un n’avait pas réussi à se faire expulser, et cela n’était arrivé que parce qu’un professeur avait été témoin des événements.
Il était facile de prédire où la discussion allait se diriger, aussi Lith sortit le bulletin de vote et se plaça près du professeur Trasque. Il avait rejoint l’académie il y a un peu plus de 24 heures, et toute cette routine de regards méchants l’avait déjà ennuyé à mourir.
Trasque n’en manquait pas une miette.
« Toujours à blâmer la victime, hein ? Notre directeur est vraiment un bon gars. Il croit vraiment en vous tous. Quant à moi, je crois que les humains sont trop arrogants et égocentriques pour avoir un concept de la douleur en dehors de la leur.
Les gens ne sont capables d’empathie que pour les choses qu’ils ont vécues assez durement pour être blessés eux-mêmes. C’est pourquoi j’ai accepté ce travail. »
Le contraste entre le beau visage du professeur Trasque et son sourire cruel parvenait à le rendre encore plus effrayant.
– ‘Entre ses menaces voilées et ses sourires, le professeur semble vraiment être un psychopathe à part entière. Je doute qu’il reçoive beaucoup de lettres d’amour de la part des étudiantes.’
« Harrumph. » Objecta Solus. « C’est l’hôpital qui se moque de la charité. C’est la même tête que tu fais presque chaque minute de la journée. »
« J’ai vraiment une expression aussi troublante ?! » Lith était sidéré.
« Bien vu, Sherlock ! »-
« Maintenant, laissez-moi vous expliquer la leçon d’aujourd’hui. » Le professeur Trasque a continué.
« Ces anneaux sont spéciaux. Une fois activés, ils deviennent une cage fermée, rien ne peut y entrer ou en sortir. Je peux aussi modifier leur structure interne comme bon me semble. »
En quelques gestes de ses doigts, le pavé s’éleva dans différentes sections de l’anneau le plus proche, formant d’abord un petit couloir, puis un escalier, et enfin un chemin en forme de L.
« Vous allez entrer dans cet anneau, par paires. Je vais vous préparer différents scénarios, et dans chacun d’eux, il y aura un assaillant et une victime. L’agresseur peut soit utiliser la magie primaire, soit un couteau comme celui-ci. »
Trasque leur montra un morceau de métal émoussé qui pouvait à peine passer pour un couteau.
« La victime ne peut utiliser la magie primaire qu’en cas de légitime défense. Le scénario se termine dès que l’un ou l’autre reçoit un coup direct. »
Voyant un peu trop d’enthousiasme chez certains élèves, il décida de rendre les choses plus claires.
« Je sais ce que vous pensez, mais ce n’est pas ce que vous croyez. Cette pièce est destinée à l’entraînement, pas au combat. Cela signifie que même en gagnant tous les scénarios, que ce soit en tant que victime ou en tant qu’assaillant, vous ne gagnerez pas forcément de points.
Vous êtes ici pour apprendre à gérer les situations difficiles. Ce qui compte vraiment, ce n’est pas le résultat, mais ce que vous apprenez de l’expérience. Vous êtes nombreux, nous utiliserons donc deux anneaux simultanément. Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas long.
Il s’agit d’une simulation réelle, pas d’un conte de barde. Chaque essai durera environ cinq secondes, dix si vous y allez vraiment doucement. Nous avons tout notre temps. Pour suivre les souhaits du directeur, je vous ai divisés en paires composées d’un roturier et d’un noble.
Faisons quelques rounds d’échauffement, pour vous donner une idée. Monsieur “le plus recherché” ici présent, vient de se porter volontaire. Qui d’autre ? »
Ne voyant aucune main levée, il choisit un élève au hasard.
– « Solus, comme j’ai des problèmes de contrôle d’impulsions, limite ma puissance au premier niveau de magie de Nana. »
« Bien reçu. » –
Au premier round, Lith était la victime, tandis que l’agresseur était une jeune fille de quinze ans aux cheveux roux bouclés longueur épaule. Bien qu’elle soit au moins cinq centimètres plus grande que Lith, elle n’avait pas confiance en ses capacités physiques, alors elle a décidé d’utiliser la magie.
Quand Lith a vu qu’elle faisait des signes de la main pour la magie primaire, il a tissé ensemble deux sorts. Le premier fit apparaître une épaisse couche de glace sous ses pieds, tandis que le second était un souffle de vent, l’équivalent d’une poussée.
Lorsqu’elle a essayé de déplacer son poids pour résister à la poussée, elle a glissé, tombant la tête la première. Trasque s’est mis à rire à gorge déployée. Le combat avait duré à peine deux secondes.
« Je suis désolé, vraiment. » Il a dit en l’aidant à se relever, en soignant son nez cassé.
« J’avais complètement oublié qu’il était un parfait hexacaster silencieux, qui vivait de la chasse depuis l’âge de quatre ans, tandis que vous meniez une vie choyée, en composant des poèmes. Il n’y avait aucune malice de mon côté, les dieux sont mes témoins. »
Personne ne croyait un seul mot de ce qu’il disait.
« Blagues à part, c’était terrible de votre part. » Il a dit à Lith.
« Voyons voir si le problème c’est vous ou votre adversaire. Qui est capable d’au moins un triple lancer silencieux ? » Peu de mains se sont levées.
« Bon, parmi vous, qui a reçu un entraînement militaire ? » Parmi ceux qui restaient, Trasque choisit le plus grand qu’il put trouver. Il s’agissait d’un garçon de quinze ans, mesurant déjà 1,77 mètre de haut, pesant au moins 80 kilogrammes.
Son corps musclé ressemblait à celui d’un marine.
Dès que Trasque les a laissé commencer, Lith a lancé le couteau sur sa victime, le guidant et l’accélérant avec un éclat de magie aérienne.
L’élève l’esquiva facilement, mais n’ayant pas de réelle expérience du combat, il garda les yeux sur le couteau jusqu’à ce qu’il se heurte à la barrière jaune translucide qui enveloppait le ring. Quand il s’est retourné vers Lith, il était déjà en face de lui.
La main droite de Lith dégageait une lumière aveuglante de la même intensité que plusieurs caméras qui clignotent ensemble, tandis que la gauche tenait un petit couteau de glace, dirigé vers la gorge de la victime.
« Ok, stop. » Trasque est apparu entre eux, attrapant Lith par le poignet.
Une fois de plus, le combat s’est terminé une seconde après son début.
« Petit, je ne me souviens pas avoir bégayé. Ta performance est un parfait exemple de ce que tu n’as pas à faire. Descends du ring. Moins vingt points pour toi, et c’est parce que ce n’était qu’un échauffement. La prochaine fois que vous ferez ça, ce sera bien pire. »